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Les Libanais se souviennent encore du lourd tribut payé pendant la guerre des 34 jours, déclenchée par le Hezbollah contre Israël le 12 juillet 2006. Ils craignent maintenant que la formation pro-iranienne ne les entraîne dans le conflit à Gaza, opposant le Hamas à Israël depuis le 7 octobre.

Sur le front sud du pays, les tensions entre le Hezbollah et Israël sont constamment exacerbées, alors que l’échange des tirs d’artillerie entre les deux parties s’intensifie tout le long de la Ligne bleue, contraignant plus de 19.000 personnes à fuir les villages frontaliers.

Alors que rien ne laisse présager une accalmie sur le front de Gaza, le risque d’une nouvelle guerre entre le Hezbollah et Israël n’a jamais été aussi élevé depuis la guerre de 2006. De fait, l’État hébreu a menacé le Hezbollah de détruire le Liban si la formation venait à soutenir le Hamas, son allié palestinien, en ouvrant un front supplémentaire.

La question qui se pose donc est celle de savoir si le Liban, pays en faillite, dépourvu d’un chef d’État et d’un gouvernement opérationnel et dont les institutions sont vacillantes, peut se permettre une nouvelle guerre avec Israël.

Le coût exorbitant de la guerre de 2006  

La prétendue "victoire divine" clamée par le Hezbollah en 2006 a coûté au Liban un lourd tribut.

– Quelque 1.200 personnes sont mortes et 4.400 autres ont été blessées, des civils pour la plupart. Au nombre des morts, près de 270 combattants du Hezbollah et 50 policiers et militaires.

– Près de 974.000 Libanais, soit le tiers de la population qui ne dépasse pas les 4,5 millions d’habitants, ont été déplacés.

– Les bombardements israéliens ont endommagé et détruit des ponts, des routes, des pistes de l’aéroport, des ports, des usines, des réseaux d’eau et d’électricité, des installations militaires, ainsi que la banlieue sud, fief du Hezbollah, et plusieurs villes et villages du Liban-Sud et de la Békaa-Est.

– Le gouvernement libanais estime à 2,8 milliards de dollars, le coût des dommages directs infligés par la guerre.

– Selon les Nations unies, Israël a tiré au moins 929 bombes à fragmentation, contaminant une surface évaluée à 37 millions de mètres carrés. Après la guerre, les bombes à sous-munitions, ainsi que les mines et munitions non explosées, ont tué 30 personnes et blessé 209 autres.

La facture d’une nouvelle guerre

Les caisses de l’État étant vides et les pays du Golfe – qui avaient financé la reconstruction du pays en 2006 – ayant perdu tout intérêt à soutenir un État dominé par le Hezbollah, la question qui se pose est celle de savoir qui se chargera de cette facture au cas où le Liban est entraîné dans la guerre.

Walid Joumblatt, leader druze et ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), a mis en garde contre une telle guerre, soulignant que "dans ce cas, il ne restera plus rien" du pays. Il a, à cet égard, appelé le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à "la retenue" pour éviter une guerre avec l’État hébreu.

Hassan Nasrallah entendra-t-il les appels lancés par les hommes politiques libanais et prendra-t-il en considération les pressions internationales pour garder le Liban à l’abri des tensions régionales?

Après la guerre de 2006, que le Hezbollah avait provoquée en enlevant deux soldats israéliens et en tuant plusieurs autres lors d’une attaque transfrontalière, Hassan Nasrallah avait déclaré qu’il ne s’attendait pas à des représailles aussi violentes de la part d’Israël. Plus encore, il avait confié qu’il n’aurait pas mené une telle opération s’il savait qu’elle allait provoquer une guerre aussi destructrice.

Cette fois-ci, en cas de guerre, Israël a promis d’infliger des destructions massives au Hezbollah et au Liban, anéantissant tout espoir d’une reprise économique et financière. Contrairement à la guerre de 2006, le Hezbollah devrait s’attendre à une réponse israélienne dévastatrice.

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