Le Conseil des ministres, qui a réussi à tenir une séance jeudi, n’a cependant pas avancé dans le dossier du risque de vacance à la tête de l’armée, qui résulterait du départ à la retraire du commandant de la Troupe, le général Joseph Aoun, prévu le 10 janvier prochain.

"Pas un mot n’a été dit sur ce dossier", selon des sources ministérielles, ce qui montre que la solution "consensuelle" recherchée par les responsables politiques n’a pas encore été trouvée, et qu’un accord à ce sujet n’a pas encore eu lieu entre les principaux partis politiques.

À en croire plusieurs sources ministérielles, "toutes les options restent possibles", que ce soit au gouvernement ou au Parlement. Il convient de noter que les ministres n’ont toujours pas pris connaissance de l’étude juridique et constitutionnelle, portant sur les options les plus adéquates pour éviter une vacance à la tête de l’armée, élaborée par le secrétariat général du Conseil des ministres. Cette étude avait été évoquée par M. Mikati lors de la réunion consultative qui s’était tenue mardi au Sérail, au lieu du Conseil des ministres, lequel n’avait pas pu se tenir, à cause d’un défaut de quorum.

La séance de jeudi, qui s’est tenue en présence de 17 ministres, a examiné une série d’articles, d’ordre économique pour la plupart, figurant à l’ordre du jour de la séance de mardi dernier. Il en a approuvé plusieurs liés notamment au fonctionnement de l’État. Parmi les principales décisions du Conseil des ministres, un relèvement des indemnités familiales. Les ministres proches du Courant patriotique libre étaient absents, comme d’habitude.

Mikati: politique de blocage

Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a fait allusion aux tentatives du chef du CPL, Gebran Bassil, sans le nommer, de "bloquer" certaines échéances. Dans l’allocution qu’il a prononcée au début de la réunion, il a déclaré: "Certains tentent d’entraîner le gouvernement dans des discussions constitutionnelles et politiques en apparence, mais dont l’objectif réel est de mener une politique de blocage et de monopole".

M. Mikati a ajouté: "Mais nous sommes déterminés à poursuivre notre travail, en nous éloignant des débats stériles dont les Libanais sont las et en soulignant que le gouvernement travaille selon ce qu’il juge approprié et non selon les agendas que certains tentent d’imposer concernant des échéances fondamentales en cette étape cruciale".

À cet égard, il a souligné: "Toute décision que nous prendrons par rapport à toute échéance urgente sera fondée en premier lieu sur l’intérêt national et la priorité de consolider les institutions en cette période délicate. Le gouvernement ne sera pas une arène pour ceux qui cherchent à régler des comptes personnels et des querelles individuelles au détriment de l’intérêt général".

M. Mikati répondait ainsi indirectement au CPL et à son chef, qui sont la seule partie opposée au maintien de Joseph Aoun à son poste pour une période supplémentaire afin d’éviter une vacance à la tête de l’armée.

Dans une nouvelle prise de position à cet égard, le bureau politique du CPL avait fustigé mercredi les propositions de loi des Forces libanaises et d’autres blocs parlementaires visant à retarder le départ à la retraite du commandant de l’armée. Il avait accusé ces derniers de recourir à des solutions "inconstitutionnelles et illégales".

On rappelle qu’une délégation de l’opposition s’était rendue dimanche chez M. Mikati, l’appelant à agir "rapidement" pour retarder la date du départ à la retraite du général Joseph Aoun.

De son côté, le ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, a déclaré à l’issue du Conseil des ministres: "Le report du départ à la retraite des chefs militaires nécessite des discussions plus approfondies afin que la question ne constitue pas un défi contre une quelconque partie. Le commandement de l’armée ne doit pas faire l’objet d’une vacance et la mission du commandant en chef doit continuer."

Élire un président

Par ailleurs, M. Mikati a évoqué dans son allocution le danger régional qui menace le Liban dans le contexte de la guerre à Gaza, estimant qu’il devrait inciter à "une réflexion plus profonde sur la situation intérieure". Il a alors réitéré "la nécessité d’élire un président de la République dans les plus brefs délais, afin de reconstituer les institutions et d’œuvrer ensemble pour rendre le Liban plus fort et plus résilient".

Le Premier ministre a également indiqué avoir conclu, lors de ses rencontres internationales, que tous les États "tiennent à préserver le Liban". Avant de poursuivre: " Notre Liban est une nécessité arabe et une exigence civilisationnelle. Il est de notre devoir de protéger notre patrie par l’unité, en évitant la fragmentation".

Il a dans ce sens appelé l’ensemble des Libanais "à s’unir pour épargner au Liban des effondrements fatals et à collaborer de tout cœur, main dans la main, pour protéger notre unité et défendre la dignité humaine".

Enfin, M. Mikati a évoqué le sommet arabo-islamique qui s’est tenu à Riyad le 11 novembre, déclarant: "La guerre à Gaza et les attaques israéliennes au Liban-Sud ont été au centre de mon discours. Tous les rois et les présidents se sont montrés coopératifs, étant conscients des risques de la situation ".

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