Depuis 2005, le parcours du chef du courant du Futur et ancien Premier ministre, qui a annoncé lundi son retrait de la vie politique, est loin d’avoir été de tout repos.

 

La politique est une science dynamique par excellence, où rien n’est jamais définitif ou immuable. Surtout pas un retrait de scène d’un leader, qui plus est dans une région et un pays turbulents par nature, où la science n’a pas grand-chose de scientifique – et la politique échappe à toutes les définitions classiques. Le seul véritable rideau sur une carrière politique, dans nos contrées, est généralement dû à un ultime empêchement catégorique – assassinat, maladie ou décès.

Cela dit, même prévisible et attendue, l’annonce par l’ancien Premier ministre Saad Hariri de la “suspension” de son activité politique et de celle de son parti, le courant du Futur, n’en constitue pas moins un séisme politique sur la scène libanaise.

L’homme que le général Michel Aoun, à l’époque chef du Courant patriotique libre et ennemi juré, avait menacé d’un one way ticket en novembre 2011, a eu beau tenter, depuis, de prendre le taureau – en l’occurrence le Hezbollah et ses alliés – tantôt par les cornes, et tantôt en brandissant toutes sortes de muleta multicolores pour esquiver ce dernier, le caresser dans le sens du poil, et même parfois mettre son corps en travers pour le défendre contre toutes sortes de picadors, la corrida s’est mal terminée pour lui. Il faut dire que ce taureau-là est particulièrement coriace, têtu, méthodique et, surtout, dangereux.

Prélude dans un champ de ruines

C’est dans les ruines d’un centre-ville dévasté le 14 février 2005 par l’assassinat de son père, l’incontournable Rafic Hariri, que le grand public libanais découvrait, le lendemain, son fils Saad, lors d’une tournée sur la scène du crime durant laquelle il pointe immédiatement un doigt accusateur contre le régime syrien: un homme d’apparence timide, réservé, aux allures de prince arabe moderne, le visage marqué par la douleur tranquille de l’inéluctable, mais aussi par une petite barbiche qui lui vaudra du succès auprès de la gent féminine, et une dégaine cool, à la fois dégingandée, élégante, moderne, signe caractéristique de sa non-appartenance au microcosme politique libanais.

Si c’est de prime abord son frère aîné Bahaa qui crève l’écran le jour des funérailles, le 16 février, en tentant d’appeler une foule déchaînée à faire preuve de discipline, Saad Hariri, détenteur de la nationalité saoudienne, licencié en économie de l’université américaine de Georgetown et cuisinier à ses heures perdues, s’impose rapidement, au sein de la famille, comme l’héritier naturel de Rafic Hariri, en pleine bataille pour bouter l’occupant syrien hors du Liban.

Très peu politique au sens classique du terme et très peu politisé, il compense par une impression de proximité, de sincérité et de bonté. Pince sans rire, il dépasse sa timidité et ce mal-être d’être soudainement catapulté à la tête d’un énorme empire politique et financier qu’il n’a pas construit – il n’est pas donné à n’importe qui de se mettre dans les chaussures de L’Homme aux semelles d’or, Rafic Hariri. Il vient également à bout, à force de travail sur soi, d’un handicap certain au niveau de son image de marque, de son débit de parole et de sa manière de s’exprimer. Il développe enfin un sens certain de la répartie, souvent franc, direct, léger et badin, sourire aux lèvres, pour mettre à l’aise ses interlocuteurs.

Il cultive surtout son look moderne, qui s’inscrit parfaitement dans la logique du legs de son père, de la coalition transcommunautaire du 14 Mars et de la fonction que le courant du Futur s’est assignée depuis sa création: représenter un sunnisme libaniste rallié à l’option du “Liban d’abord” tout en étant en osmose avec l’arabité et le Golfe, libéral, modéré, promoteur des valeurs du vivre-ensemble et surtout attaché au consensus national et à l’impératif de la culture de paix. Contrairement à la grande majorité de ses alliés et de ses adversaires, il n’a pas fondé sa légitimité sur la guerre civile. Il est jeune et porté par l’engouement populaire, et sunnite en particulier, pour la dynamique inclusive et nationale du 14 Mars. Son amitié avec Pierre Amine Gemayel, assassiné le 21 novembre 2006, est très significative à cet égard d’une jeunesse animée par une volonté commune de transcender les clivages de la guerre et rebâtir un nouveau Liban souverain, libre, indépendant, pluriel, libéral et havre de diversité culturelle.

“Daesh en cravate "

Au plan politique, Saad Hariri ne tombe pas dans le piège tendu par le feu des projecteurs et s’en remet, durant sa période d’apprentissage et d’apprivoisement des réalités politiques du pays, à ceux qui ont plus d’expérience que lui, en particulier Fouad Siniora. Laissant au jeune Hariri le soin de mener la bataille politique de l’arène parlementaire, l’ancien ministre des Finances assume ainsi les fonctions de président du Conseil au lendemain des élections législatives de 2005 durant une période particulièrement difficile, trouble et violente, marquée par la bataille pour la mise en place du Tribunal spécial pour le Liban envers et contre le Hezbollah et ses alliés, l’alliance de Mar Mikhaël entre Michel Aoun et le parti chiite dans une perspective insurrectionnelle, les assassinats politiques qui emportent l’un après l’autres des symboles du 14 Mars, la guerre de juillet 2006 et un siège du Sérail par les forces du 8 Mars qui se termine par le coup de force milicien et l’invasion de Beyrouth par le Hezbollah, le 7 mai 2008.

Durant cette période, et bien après, Saad Hariri doit subir nombre d’attaques de la part de ses adversaires. Le Hezbollah le diabolise et l’accuse d’être un “agent des Américains et des sionistes”, allant jusqu’à le représenter sous les traits d’un rabbin dans la banlieue sud. Michel Aoun, lui, se fait un malin plaisir à l’affubler de son prénom complet “Saadeddine”, pour rappeler ses rapports avec les monarchies du Golfe et jouer sur la fibre antisunnite. Au cours de la décennie suivante, le courant aouniste accusera Saad Hariri et ses partisans d’être rien moins que “Daesh en cravate”, soit exactement le contraire de ce qu’il aspire à représenter ! Inévitablement, l’homme et son équipe seront sans cesse attaqués sur la gestion politique, économique et financière de Rafic Hariri durant la période 1992-2004.

À la barre dans la tempête

En 2009, le 14 Mars remporte des élections législatives âprement disputées, que le Hezbollah pensait pourtant gagner haut la main. C’est l’occasion pour Saad Hariri d’accéder enfin aux fonctions de la présidence du Conseil. L’apprentissage politique est fini. Mais la période qui s’annonce est loin d’être de tout repos. Le nouveau Premier ministre doit composer avec un Hezbollah de plus en plus puissant et tentaculaire, et un Michel Aoun plus que jamais obsédé par la présidence de la République qui lui a filé, avec l’accord des alliés, entre les mains lors de l’accord de Doha, en 2008, au profit du général Michel Sleiman.

De plus, le Liban ne bénéficie plus de l’ombrelle assurée par les président américain George W. Bush et français Jacques Chirac. Aux États-Unis, Barack Obama est à l’orée d’un vaste rapprochement avec l’Iran, le parrain du Hezbollah, laissant les coudées franches à sa politique expansionniste, dont les premiers effets se sont déjà manifestés avec un désengagement américain de l’Irak. En France, Nicolas Sarkozy s’efforce depuis 2007 de réintégrer le président syrien Bachar el-Assad, pourtant pointé du doigt dans l’assassinat de Rafic Hariri, dans le giron international, allant même jusqu’à l’inviter aux cérémonies du 14 juillet 2008 à Paris. L’Arabie saoudite opère aussi un revirement vis-à-vis du régime de Damas, qui débouche en juillet 2010 sur l’initiative syro-saoudienne, conclue lors d’une rencontre à Beyrouth entre le roi Abdallah et le président Assad.

Cet ensemble de facteurs déterminants constituent le début d’un long chemin de croix politique, professionnel et personnel pour Saad Hariri. Les législatives 2009 ont lieu le 7 juin. Le 27 juin, le chef du courant du Futur est désigné Premier ministre… il devra attendre jusqu’au 9 novembre pour que son cabinet soit formé, en raison essentiellement de l’insistance du général Aoun à ce que son gendre, Gebran Bassil, qui a pourtant échoué aux élections dans son fief de Batroun, dispose d’un portefeuille…

Mais c’est la pression saoudienne sur Saad Hariri et l’ensemble du 14 Mars, conjuguée au travail de sape de l’axe Damas-Téhéran-Aoun, qui va plomber les ailes du Premier ministre. Il est ainsi contraint de se rendre à Damas et de se rétracter sur toutes les accusations faites contre Bachar el-Assad concernant l’assassinat de Rafic Hariri. Il est aussi contraint de lâcher les faucons du 14 Mars, notamment au sein du courant du Futur, comme les députés Ahmad Fatfat ou Moustapha Allouche, sous la double pression de Riyad et Damas. Il doit aussi se rendre à Téhéran dans la foulée. C’est le début d’un long chemin de concessions au nom de la “paix civile” et de “l’unité nationale”, qui conduit in fine au renversement du cabinet le 13 janvier 2011 à partir du domicile du général Aoun à Rabieh – au moment où M. Hariri est reçu par Barack Obama à la Maison Blanche – grâce à un cheval de Troie chiite au gouvernement, de la quote part du président Michel Sleiman. Ce cheval de Troie assurera le tiers des ministres nécessaire à la chute du gouvernement. Najib Mikati succède à Saad Hariri, acceptant – ironie du sort, un 23-24 janvier – de devenir à l’époque le champion du Hezbollah.

Le chemin de l’exil

En dépit d’un discours musclé le 14 février 2011 durant lequel il enlève sa veste et retrousse ses manches dans le style d’Obama, une première traversée du désert commence pour l’ancien Premier ministre, qui s’installe à Paris, avec ce que Michel Aoun appellera un one way ticket. Pourtant, il est loin de délaisser l’action politique. D’autant que les équilibres sur la scène libanaise mutent de nouveau, à la faveur cette fois du 14 Mars, avec le début de la révolution syrienne contre Bachar el-Assad dans la foulée du printemps arabe, qui permet au Liban d’adopter pendant un moment la politique de distanciation initiée par le président Sleiman.

S’il mène activement les tractations qui aboutissent à la formation d’un cabinet d’union nationale dirigé par Tammam Salam le 15 février 2014 après la chute du cabinet Mikati le 22 mars 2013, et qu’il fait un discours jugé trop conciliant à l’égard du Hezbollah, pointé du doigt par l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, lors de la séance d’ouverture du TSL à La Haye, le 15 janvier 2014, l’exil de Saad Hariri à Paris durera jusqu’en août 2014. Il rentre à Beyrouth en plein vide présidentiel, après la fin du mandat Sleiman, dans un pays dont les séances parlementaires visant à élire un nouveau chef de l’État resteront bloquées deux ans et demi durant par le 8 Mars, qui tente de placer un de ses chevaux de course chrétien à ce poste, ou, à défaut, de préserver le vide.

La pente glissante du compromis

Saad Hariri soutient dans un premier temps la candidature de son allié Samir Geagea, président des Forces libanaises, puis, face à l’impasse, établit des négociations avec Michel Aoun en faveur d’un compromis présidentiel visant à débloquer la crise, et se rabat finalement sur la candidature du leader des Marada, Sleiman Frangié, en lui assurant un soutien arabe et international. La commotion est telle que Michel Aoun et Samir Geagea unissent leurs forces et concluent l’accord de Meerab, qui finit par imposer le chef du CPL comme seul candidat viable. Saad Hariri renonce à Sleiman Frangié et s’aligne sur le choix du camp chrétien, permettant ainsi à l’homme qui avait déclaré un jour vouloir transformer la sépulture de son père en “vespasienne”, de réaliser son fantasme présidentiel. Le 14 Mars vient de se tirer une balle dans la tête, et le Hezbollah se frotte les mains: pour lui, Aoun, Frangié ou le vide, c’était un jeu gagnant de toute façon. Mais, ce faisant, c’est le camp du 14 Mars lui-même qui a entériné le choix de Michel Aoun, en pensant qu’il pousserait ce dernier à prendre ses distances du Hezbollah et à se relibaniser. Qui plus est, la brisure est tellement grande entre les partis politiques du 14 Mars que le camp souverainiste ne se reformera jamais plus.

Certes, Saad Hariri retourne, ce faisant, à la tête du premier gouvernement du mandat, essentiellement mû, selon ses détracteurs, par une volonté de restaurer une situation financière personnelle de plus en compliquée, notamment depuis l’accord syro-saoudien.

Mais, une fois de plus, les événements tournent vite à son désavantage.

La chute

Désavoué à l’intérieur par certains de ses anciens alliés souverainistes, dont certains lui reprochent une attitude de compromis vis-à-vis de la mainmise du Hezbollah sur le pays, et d’autres sa politique de pactoles successifs avec Gebran Bassil, il n’en reste pas moins une cible facile pour ses nouveaux alliés, surtout le Hezbollah, qui s’en accommode volontiers comme facteur de légitimation sunnite de ses armes.

À la tête du géant de la construction Saudi Oger criblé de dettes, il est accusé d’avoir licencié ou cessé de payer des milliers d’employés, avec la baisse des cours du pétrole, principale recette de l’Arabie saoudite, qui a drastiquement réduit les grands projets de construction dans le royaume. Fin 2019, il annonce même la suspension de la Future TV, plus d’un quart de siècle après sa création par son père, laissant un grand nombre d’employés sans compensations financières. Sa fortune personnelle se réduit comme peau de chagrin.

Pire, il perd progressivement le soutien de son allié régional principal, l’Arabie saoudite, au point où il sera arrêté, placé en résidence surveillée et vraisemblablement malmené à Riyad sur ordre du prince héritier Mohammad ben Salmane en novembre 2017, pour des raisons économiques, financières et politique internes au Royaume, mais aussi liées à cette politique jugée trop consensuelle vis-à-vis du Hezbollah et de l’Iran, à l’heure où Téhéran menace désormais directement les pays du Golfe via les rebelles Houthis au Yémen. Il faudra l’intervention personnelle du président français Emmanuel Macron pour assurer son retour à Paris.

Enfin, avec la crise socio-économique galopante, déclenchée symboliquement contre l’un de ses proches, le ministre Mohammad Choucair et sa volonté de taxer l’application WhatsApp, Saad Hariri doit faire face le 17 octobre 2019 à une révolution populaire, qui le pousse à démissionner le 29 octobre.

La traversée du désert

La grande traversée du désert recommence. Après l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, et le début de l’initiative française pour le Liban lancée de Beyrouth par le président français Emmanuel Macron, Saad Hariri tente de nouveau de reprendre la balle au bond, en faisant sienne l’idée d’un “cabinet de mission” formée d’experts pour sauver le pays, loin des forces politiques. Il est de nouveau désigné pour former un gouvernement le 22 octobre 2020, mais, au terme de neuf mois de tractations et concertations, jette finalement l’éponge le 15 juillet 2021, s’étant heurté à une multitude d’obstacles internes et externes, notamment l’incapacité de Paris à assurer le succès d’une initiative Macron désubstantialisée par les protagonistes locaux, le Hezbollah, maître d’oeuvre du fiasco français, en tête.

En exil à Abou Dhabi depuis, Saad Hariri était sollicité aussi bien par les cadres et les partisans de son courant que par certains de ses alliés – et même par le président de la Chambre Nabih Berry – pour prendre part aux prochaines élections, compte tenu du désenchantement actuel d’une grande partie de la rue sunnite, privée de son courant politique d’élection depuis 1990 et de son leader principal depuis 2005. L’absence de grandes réactions chrétiennes à l’annonce de son retrait de la vie politique est du reste assez significative – et quelque peu inquiétante, du reste – d’autant que Riyad a raffermi depuis quelques années ses liens avec Samir Geagea et d’autres composantes au sein de cette communauté.

Un séisme politique

La décision lundi du chef du courant du Futur de se retirer de la vie politique et de suspendre les activités de son courant constitue dans ce sens un tremblement de terre politique à l’échelle macro-politique, compte tenu aussi bien du poids politique de ce courant sur le terrain que des valeurs dont il s’est fait le porte-étendard sur la scène politique.

Certes, plusieurs fractions parmi les révolutionnaires du 17 octobre se féliciteront ainsi du départ d’un des symboles de l’establishment politique traditionnel, responsable, à leurs yeux, de la crise actuelle.

Une partie du camp souverainiste y verra la chronique d’une fin annoncée, en raison de concessions répétées en faveur du Hezbollah, voire même d’une certaine mollesse au cours des deux dernières décennies, et du compromis présidentiel qui a porté Michel Aoun au pouvoir. Une autre partie de ce camp estimera que le départ de M. Hariri fragilise davantage la scène politique libanaise et ouvre la voie à une nouvelle percée agressive du parti chiite pour phagocyter la communauté sunnite, notamment aux prochaines élections, comme Damas avait fait avec la rue chrétienne après 1990, en l’absence de ses leaders. Partant, elle renforcerait le Hezbollah plus qu’elle n’affaiblirait l’establishment politique qu’il contrôle, en dépit de la nature souvent conciliante de M. Hariri sur certains dossiers.

Enfin, la rue sunnite est elle-même en proie à un mélange de révolte, de colère, d’abattement, de frustration et d’apathie. Le geste de M. Hariri pourrait – voudrait ? – sans doute provoquer un électrochoc local, régional et international, surtout qu’il a utilisé les mêmes mots que son père, Rafic Hariri, dans son discours d’adieu aux Libanais, quelques semaines avant son assassinat. Il pourrait, partant, autant ouvrir la voie à un sursaut sunnite dans le sens de l’attachement à ses élites traditionnelles qui renoncent l’une après l’autre à la course électorale compte tenu des rapports de force en faveur du Hezbollah et de ses armes, qu’ouvrir la voie à l’émergence de nouveaux visages, loin des visées du Hezbollah – et même à des assises similaires à celle qui avaient été organisées à Kornet Chehwane sous l’égide de Bkerké par le biais de l’évêque Youssef Béchara en 2000, le Golfe jouant cette fois le rôle de rassembleur contre l’occupation iranienne.

Quoi qu’il en soit, il faudra au moins reconnaître à Saad Hariri d’avoir eu le mérite de reconnaître publiquement ses erreurs politiques et d’en tirer les conséquences, c’est-à-dire de quitter la scène, fait rare dans cette région du monde, et plus particulièrement dans ce pays, où la règle générale veut que les demi-dieux infaillibles et " autres leaders historiques inspirés garants de la survie de la communauté " n’aient jamais tort et ne fassent leurs adieux que dans la tombe.

Si la décision de l’ancien Premier de se retirer – et de suspendre les activités de son parti – est vraiment irrévocable, la gageure sera de combler le vide considérable qu’il laisse derrière lui, et qui, symboliquement, même près de vingt ans plus tard, garde toujours, dans bien des esprits, la forme de ce cratère hideux qui a déformé Beyrouth un 14 février 2005, sinistre préfiguration – y compris politique – de l’atomisation de la ville, quinze ans plus tard, le 4 août 2020, par la même énergie maléfique.