La prévention d’une escalade entre Israël et le Hezbollah est au cœur des entretiens de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, lundi, à Beyrouth, au lendemain de sa visite en Israël et en Cisjordanie occupée.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza le 7 octobre, le Hezbollah a ouvert le front du Liban-Sud pour soutenir son allié palestinien et Israël riposte par des bombardements. Les violences, limitées pour le moment aux zones frontalières, ont fait plus de 130 morts parmi lesquels près d’une centaine de combattants du Hezbollah au Liban et au moins onze tués côté israélien. Mais les bombardements israéliens ont récemment gagné en intensité et en profondeur, observent les diplomates français cités par l’AFP, qui redoutent une escalade conduisant à un embrasement régional.

Dimanche à Tel-Aviv, Catherine Colonna a souligné que la France passait des messages "aux uns et aux autres parce que les risques d’engrenages demeurent". "Et s’il y avait un embrasement (…) personne n’en bénéficierait", à commencer par le Liban enlisé dans un chaos politique et plongé dans un marasme économique, a-t-elle souligné.

Lors d’une conférence de presse commune avec Catherine Colonna dimanche, le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen, a assuré qu’Israël "n’avait pas l’intention d’ouvrir un nouveau front" à sa frontière nord avec le Liban.

"Mais nous ferons tout ce qu’il faut pour protéger nos citoyens", a-t-il insisté, estimant que la seule façon de le faire était "d’obliger le Hezbollah à se retirer au nord du fleuve Litani", plus loin de la frontière, soit par la voie diplomatique, soit "par la force".

"Je pense que la France pourrait jouer un rôle positif et important pour éviter une guerre au Liban", a-t-il poursuivi.

Paris, qui maintient des contacts réguliers avec le Hezbollah, contrairement à d’autres pays occidentaux, s’est dit disposé à endosser ce rôle face au risque d’embrasement jugé "réel".

Lors de son précédent déplacement à Beyrouth, le 16 octobre, Catherine Colonna avait encouragé les responsables libanais à tout faire "pour éviter que le pays ne soit entraîné dans un engrenage dont il ne se relèverait pas".

Mais dimanche, la cheffe de la diplomatie a pris le soin de signaler que les appels à la désescalade étaient valables pour toutes les parties, y compris Israël.

Lundi, elle doit appeler à la retenue et à la responsabilité lors de ses entretiens avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le chef du Parlement, Nabih Berry.

Car le risque est qu’à Beyrouth, on sous-estime la détermination d’Israël à protéger ses frontières après le traumatisme causé par les attaques sanglantes du 7 octobre, selon une source diplomatique française.

Israël insiste sur la nécessité d’appliquer pleinement la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Adoptée pour mettre fin à la guerre qui a opposé Israël et le Hezbollah en 2006, celle-ci stipule que seule l’armée libanaise et la Force Intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont déployés dans le sud du Liban.

Catherine Colonna prendra aussi le pouls de la situation sur le terrain lors d’un entretien avec le commandant de la Finul, le général Aroldo Lazaro Saenz, qui se déroulera dans la capitale libanaise pour des questions sécuritaires. La France, qui fournit le principal contingent avec 700 hommes, a condamné les tirs israéliens récents essuyés par les Casques bleus.

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