Les Libanais de Paris rentrent-ils au pays pour les fêtes?

Ici Beyrouth a recueilli les paroles de plusieurs Libanais vivant à Paris sur leur projet de se rendre, ou non, au pays du Cèdre pour les fêtes de fin d’année. Une question qui fait sens dans le contexte actuel, tant au Liban que dans la région: entre les crises que traverse le Liban et la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Partiront? Partiront pas? Tout comme les vacances d’été, les fêtes de fin d’année sont l’occasion pour les Libanais de la diaspora de revenir au pays, auprès de leurs familles et/ou de leurs amis.
Mais en cette fin d’année 2023, le Liban doit non seulement faire face aux multiples crises (politique, économique, sociale…) qui le rongent– lui et ses habitants –, mais aussi subir les répercussions de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, surtout dans le Sud. Les bombardements dans cette zone sont quotidiens depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier – date de l’attaque meurtrière du Hamas en territoire israélien — même si une pause a été enregistrée lors de la trêve entre les deux parties au mois de novembre. Les combats ont été, et sont toujours limités au Liban-Sud.
Ce contexte n’empêche pas plusieurs Libanais résidant à Paris de se rendre au Liban pour les fêtes de fin d’année. Comme Chloé*, 29 ans, qui s’y rend avec son frère, même si, confie-t-elle, ce dernier n’a pas l’habitude d’y aller depuis qu’il réside à Paris. Sa motivation: être auprès de sa famille, notamment ses parents et ses grands-parents. «J’y vais cette année, car mon grand-père fête probablement l’un de ses derniers noëls, et parce que mes deux parents y sont récemment retournés à cause de la crise, Paris étant devenu trop cher pour eux.»
Jennifer, 25 ans, se rend également au Liban pour les fêtes. Elle ne rate, dit-elle, «aucune occasion» de revenir au pays depuis qu’elle habite à Paris (plus de deux ans). «Je ne m’imagine pas fêter Noël et le Nouvel An sans ma famille et mes proches. Les fêtes se doivent d'être célébrées à la maison. C’est un moment de joie, qu’on attend impatiemment quand on vit à l’étranger», explique-t-elle.
Même son de cloche du côté de Rana, 47 ans, qui a passé les fêtes à Paris ces deux dernières années, et qui, cette année, a décidé d’aller au Liban. «J’en ai pris la décision l’année dernière», confie-t-elle. «L’ambiance de Noël au Liban me manque, ainsi que la famille et les amis.» Âgé de 21 ans, Élie a, de son côté, pris la décision de ne pas rentrer pour les fêtes. Il évoque notamment «l’instabilité» locale et régionale et «la peur de ne pas pouvoir revenir» en France, lui qui a tout fait pour venir y vivre après sa scolarité au Liban.
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«L’habitude» de prendre des risques «en tant que Libanais»
Concernant le contexte régional et local – de guerre et de crise(s) –, «ça fait peur», affirme Chloé*. Mais, ajoute-t-elle, «aussi triste que ce soit, nous avons l’habitude de prendre ce risque en tant que Libanais».
«Ça fait quand même depuis octobre (soit le début de la guerre entre Israël et le Hamas, NDLR) que ça (le contexte et la guerre, NDLR) m’effraie, et je peux dire que je ne suis pas la seule», explique Jennifer. Elle estime par ailleurs que «lorsqu’on est loin, la perception des choses est très différente que lorsque l’on est sur place».
Pour la jeune femme, «ce qui fait peur», c’est l’annulation de certains vols pour le Liban et le fait de ne plus pouvoir y aller, «qu’on le veuille ou pas» et «quelles que soient les circonstances régionales». Jennifer met également en avant le fait que, curieusement et malgré le contexte tendu dans le pays et la région, «les vols (pour le Liban, NDLR) sont pleins» pour les fêtes, cette année, et que «de nouveaux vols ont même été ajoutés en raison de la demande excessive.»
Quant à Rana, elle confie avoir eu «des inquiétudes au début de la guerre, notamment qu’elle s’étende au Liban. Et qu’on soit bloqué à Beyrouth et qu'on ne puisse pas revenir». Elle ajoute: «Aujourd’hui, la situation est toujours précaire, mais il semblerait que la guerre ne s’étendra pas plus que ça. La famille et les amis au Liban nous ont encouragés à venir malgré tout.»
Rana garde également espoir que la situation s'améliorera dans les mois à venir. «Nous espérons que nous aurons bientôt un président de la République, un nouveau gouvernement et que les bombardements dans le sud du Liban s’arrêteront», conclut-elle. La magie de Noël opérera peut-être, qui sait…
*Le prénom a été modifié
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