C’est l’air dépité et la mine sombre que le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé dimanche, au 100ᵉ jour de la guerre entre le Hamas et Israël, un discours en commémoration de l’assassinat, lundi dernier, de Wissam Tawil. Haut responsable militaire du Hezbollah, Wissam Tawil, alias Jawad, jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations militaires au Liban-Sud.

Après plusieurs minutes d’éloge funèbre en hommage à Wissam Tawil et aux familles des combattants "qui se sont sacrifiés pour la Résistance", le chef de la milice pro-iranienne s’est penché une heure durant sur les derniers développements à Gaza, au Yémen et le long de la frontière sud libanaise. Il a dit ne pas savoir combien de temps durera la période de tension avec Israël dans le Sud ni quand s’achèvera la guerre à Gaza. "Les buts principaux, déclarés et non déclarés, de cette guerre menée par Israël sont le contrôle total de Gaza, l’invasion du territoire palestinien, le déplacement forcé des Palestiniens et l’installation des colons dans toute la bande gazaouie", a-t-il indiqué.

"L’armée israélienne est l’une des plus puissantes et des mieux armées du monde, et, malgré cela, après 100 jours de combats, elle est toujours incapable d’envahir Gaza et de crier victoire. D’ailleurs, selon les informations que nous avons pu obtenir, elle se serait retirée du nord de l’enclave", a déclaré le chef chiite. "Plus de 30.000 soldats israéliens ont été plus ou moins gravement blessés, mais le vrai bilan humain n’a pas été communiqué par l’État hébreu, ce qui démontre sa confusion et son refus d’admettre le nombre des pertes subies", a-t-il ajouté. "Une fois la guerre terminée, la vérité éclatera et les chiffres dissimulés seront révélés, et cela sera catastrophique pour Israël".

"L’économie israélienne a été sévèrement touchée par la guerre, puisqu’elle est à l’arrêt depuis 100 jours, notamment à cause des multiples attaques houthies en mer Rouge contre des navires liés à Israël, depuis le 7 octobre, en solidarité avec les Palestiniens. Les ripostes américaines et britanniques des dernières 48 heures sont d’une idiotie pure, car ces pays pensent qu’en faisant pression sur les autres fronts, notamment au Liban, au Yémen et en Irak, ils allègent celles que subit l’État hébreu", a-t-il souligné. Avant de poursuivre: "Les États-Unis proclament ne pas vouloir que la guerre se propage, mais ce sont eux qui œuvrent à élargir les fronts. Toutefois, s’ils pensent que les Houthis arrêteront d’attaquer les navires occidentaux pro-Israël, ils se trompent lourdement. Ce ne sont que des ignorants et ils ne font que nuire au trafic maritime".

Nasrallah a également déclaré que Washington a cherché à intimider le Liban en déployant des porte-avions en Méditerranée afin d’arrêter les combats et éviter qu’Israël ne mène une guerre contre le Liban, mais en vain. "Nous continuerons à nous battre sur notre front. La Résistance refusera tout cessez-le-feu et toute reprise des négociations sur la libération des otages avant l’arrêt total des hostilités. Tant que nos fronts tiennent bon, le gouvernement hébreu sera obligé d’accepter les conditions de la Résistance, d’autant que le front sud fait pression sur les déplacés du nord d’Israël. Nous sommes prêts à faire la guerre depuis 99 jours, nous ne craignons rien et nous combattrons sans limites et sans frontières", a-t-il lancé.

Par ailleurs, Hassan Nasrallah a abordé l’attaque menée par sa formation contre la base de surveillance aérienne israélienne de Meron, samedi dernier, avec 62 roquettes, en réponse à l’assassinat, le 2 janvier, du numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth. "20 des 62 des roquettes qui ont été lancées sur la base de Meron étaient du type Katioucha et 22 étaient des missiles Kornet. 18 d’entre eux ont atteint leur cible et tué des soldats israéliens. L’armée israélienne a reconnu que l’attaque contre la base de Meron avait causé des "dégâts considérables", information qu’elle avait démentie avant notre publication d’une vidéo prouvant les faits". Le secrétaire général du Hezb s’est aussi félicité de l’attaque, qu’il a jugée réussie, contre le centre de commandement de la région nord de l’armée israélienne à Safed, ainsi que d’une frappe d’une cible importante à Haïfa, qu’Israël n’a toujours pas officialisée.