L’ancien Premier ministre libanais, Fouad Siniora, est toujours persuadé que le gouvernement de Najib Mikati ne sera pas en mesure d’apporter au Koweït une " réponse concrète " aux points contenus dans l’initiative que l’émirat avait remis le week-end dernier aux autorités libanaises, au nom des pays du Golfe, en vue d’un rétablissement de relations normales avec Beyrouth. Une incapacité qui s’explique selon lui par le fait que le Hezbollah et son parrain " hypothèquent l’État libanais ", ce qui signifie concrètement que le pouvoir de décision du gouvernement est pratiquement nul.

La réponse libanaise est attendue samedi et devra être transmise par le chef de la diplomatie, Abdallah Bou Habib, aux représentants des monarchies du Golfe, durant la conférence ministérielle arabe qui se tiendra à Koweït city.

Dans une interview à la chaîne panarabe al-Hadath, Fouad Siniora a estimé que les autorités libanaises sont " également incapables d’apporter des solutions appropriées aux problèmes excessivement importants soulevés dans l’initiative koweïtienne ", jugeant que Beyrouth devrait " en principe s’engager à le faire, surtout que ces solutions répondent à un besoin libanais ". " L’hégémonie et l’influence locales du Hezbollah se sont manifestées clairement après la conclusion de l’accord de Doha en 2008 (qui a consacré le principe de la minorité de blocage au gouvernement) et se sont exacerbées avec l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République ", a-t-il ajouté, en schématisant de la sorte l’alliance entre la formation pro-iranienne et le président Aoun : " Les deux ont scellé en 2006 un accord (de Mar Mikhaël) qui garantissait à Michel Aoun la présidence de la République et au Hezbollah de gagner le gros lot : l’État libanais ".

Selon M. Siniora l’hégémonie du Hezbollah devait " empirer avec la nouvelle loi électorale (2017) qui a attisé la fibre confessionnelle et communautaire et qui a permis au au Hezbollah et aux partis gravitant dans l’orbite irano-syrienne d’avoir la majorité au Parlement ".

L’ancien Premier ministre a souligné par conséquent l’importance des points soulevés dans l’initiative koweitienne, rappelant qu’ils font écho à ceux que cinq anciens présidents et Premiers ministres (Michel Sleiman, Amine Gemayel, Tammam Salam, Fouad Siniora et Saad Hariri) avaient mis en relief dans le mémorandum qu’ils avaient présenté au secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, durant sa visite au Liban en décembre 2021.

L’initiative koweïtienne prévoit grosso modo que le Liban rétablisse sa propre souveraineté en mettant en application notamment les résolutions internationales prévoyant le désarmement de toutes les milices, en poursuivant l’application de l’accord de Taëf, en donnant à l’armée exclusivement le monopole du port d’armes et en lançant des réformes structurelles. Le document appelle également Beyrouth à mettre fin au trafic d’armes en direction des pays du Golfe.

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