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Au Liban, un camp s’efforce de banaliser l’absence d’un président de la République pour démoraliser les Libanais et les "convaincre" de l’inutilité d’avoir un chef de l’État.

À la question de savoir où "nous en sommes par rapport à la présidentielle et/ou qui a le plus de chance d’accéder au palais de Baabda", un de ceux qui suivent de très près ce dossier et qui en connaissent tous les secrets, répond: "Malheureusement, le mariage est devenu plus important que le marié".

Que signifient exactement ces propos? La réponse est qu’ils reflètent un état de fait, selon lequel un camp cherche à banaliser la vacance présidentielle, probablement dans le but de démoraliser les Libanais en général, les chrétiens en particulier, et plus spécifiquement les maronites, en vue de les "convaincre" de l’inutilité de la présence d’un président de la République. Ce camp cherche à démontrer que le pays peut être géré avec ou sans président, et cela constitue en soi l’atteinte la plus grave à la Constitution, au Pacte national et à la formule libanaise, unique dans les mondes arabe et occidental. Pire encore, un certain nombre de maronites s’associent à cette manœuvre perfide.

Si le patriarche maronite se plaint dans ses homélies du vide qui persiste à la tête de l’État, il est aussitôt la cible des armées électroniques des "gardiens de la frontière avec Israël". Ces derniers lancent alors leur machine à débiter les accusations de traitrise et les commentaires irrespectueux, dans le cadre d’une véritable campagne de diabolisation. Comme si ce camp voulait en fait dire à l’autorité fondatrice de l’État du Grand Liban: Bienvenue en Iranistan, là où il n’y a pas de place pour un opposant ou pour tout avis contraire, aussi important soit son auteur. À ces mercenaires, il faut juste dire: Vous rêvez, agents des pasdaran.

Si la formation pro-iranienne a réussi à imposer ce fait accompli au Liban, ce n’est pas à cause de sa force, du moment que son vrai visage et sa fragilité ont été révélés à la faveur de la guerre de Gaza, mais plutôt parce que ceux qui contestent ses agissements n’ont pas réussi à lui faire face comme un seul homme. Un tel bloc l’aurait laissée sans couverture et aurait permis de la traiter, pour ce qu’elle est, sans aucune complaisance ni fioriture verbale.

Mais le plus grave aujourd’hui, au Liban, reste ce retournement généralisé contre l’éthique, les usages, les concepts, et surtout contre la Constitution. Certains ont décidé de prendre les clés du palais présidentiel, du Parlement et du gouvernement et de les mettre dans leur poche pour aller ensuite combattre en Syrie, en Irak et au Yémen, tout en envoyant leurs cellules et leurs "cadeaux empoisonnés" aux pays arabes et en Occident. Il n’oublient évidemment pas au passage, de brandir le slogan mensonger de la "libération de la Palestine", une fois qu’ils auront "jeté Israël à la mer", en plus d’autres absurdités. Le tout, bien entendu, sans jamais "courir le danger" d’accepter un président capable de lancer un "non" tonitruant à tout projet de jeter le Liban dans les bras des axes et d’utiliser son territoire comme un champ de bataille et un terrain pour conclure des compromis ou des marchés au détriment de la Constitution et des intérêts libanais.

Qui ne connaît pas ce dicton libanais, "l’enterrement est grandiose, mais le défunt est un chien", qui signifie "beaucoup de bruit pour rien", lancé lorsqu’un sujet est insignifiant, mais qu’il suscite quand même un tapage? À cause de ce que nous endurons aujourd’hui du fait cette bande putschiste qui décapite l’État, sans scrupules et sans opposition convenablement unifiée, nous pouvons clamer haut et fort, avec le patriarche maronite et de tous ceux qui élèvent leur voix pour réclamer un rétablissement de l’ordre public: "L’enterrement est médiocre, alors que le défunt, c’est tout un peuple".

Et si nous concédons que "le mariage" est devenu plus important que "le marié", comme l’a relevé plus haut notre "ami", nous devons au moins insister pour que le "marié requis" soit "libanais, de par son identité et son appartenance" à son pays; quelqu’un qui sait quand et comment dire "oui" ou "non" face à tous ceux qui portent atteinte à la souveraineté libanaise ou risquent de le faire.