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Les auxiliaires de justice procèderont à une suspension de leur travail, les jeudi 1er et vendredi 2 février, quitte à reprendre leurs fonctions à partir de lundi, comme confié à Ici Beyrouth. Ils se rendront à leur lieu de travail, mais n’exerceront pas leur métier. C’est du moins ce qui a été décidé à l’issue d’une réunion tenue mercredi à cet effet.

Les auxiliaires contestent certaines dispositions du budget 2024, adopté vendredi dernier par le Parlement, notamment "l’imposition de taxes et de frais qui ne tiennent pas compte des salaires – non ajustés – du secteur public", comme souligné par le président du conseil d’administration de la caisse mutuelle des auxiliaires de justice, le juge Joseph Tamer.

En l’absence d’une entité officielle qui les représente, les auxiliaires de justice décident de leur propre chef de prendre part ou non à la suspension de travail. Selon le magistrat Tamer, il s’agit d’une "décision prise en conformité avec celle décrétée par la Ligue des fonctionnaires qui a annoncé mardi procéder à une grève totale jusqu’au 9 février". Tous les tribunaux et registres de commerce sont concernés par cette suspension qui n’est toutefois pas contraignante, mais qui risque de paralyser le fonctionnement de la justice.

"Lorsque l’on sait que le salaire d’un auxiliaire de justice varie entre 18 millions et 25 millions de livres libanaises, un fonctionnaire, même le plus intègre, se trouvera dans l’obligation de recourir à des moyens parallèles pour s’autosuffire sur le plan financier", explique le juge Tamer. Selon une source, "certains fonctionnaires vont même profiter des grèves et des suspensions de travail pour finaliser des formalités et profiter, par conséquent, en pots-de-vin".

C’est contre un "gouvernement qui ne respecte pas ses promesses et ses engagements et contre un budget qui ne prévoit pas d’augmentations salariales pour les fonctionnaires", que l’administration publique libanaise s’est engagée dans une telle démarche. Parmi les revendications de la Ligue, auxquelles adhèrent également les auxiliaires de justice, l’augmentation du salaire minimum mensuel, pour qu’il soit fixé à au moins 600 dollars.

Et les magistrats? Aujourd’hui, les juges semblent se contenter des réserves de la caisse mutuelle. Or, celles-ci sont limitées. "Arrivera donc un moment où elles ne permettront plus d’assurer aux magistrats des revenus dignes, ce qui engendrera davantage de problèmes au sein de la magistrature", se désole M. Tamer. Il convient de souligner, dans ce contexte, que le Palais de justice souffre, depuis le début de la crise économique déclenchée en 2019, des multiples ingérences politiques, de dissensions entre les magistrats et de grèves répétées qui ont entravé le bon déroulement du travail judiciaire. À quand une issue pour la justice libanaise?