Lors d’un point de presse, via l’application Zoom, axé sur les efforts diplomatiques en vue d’un règlement politique du conflit militaire entre Israël et le Hamas, la sous-secrétaire d’État américaine pour les affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, a mis en avant, jeudi, une solution fondée à terme sur l’établissement d’un État palestinien. Elle s’est également montrée plus ou moins rassurante quant à une solution diplomatique à la frontière libano-israélienne, où les échanges d’artillerie, entre le Hezbollah et l’armée israélienne, se poursuivent sans relâche depuis qu’Israël a lancé une guerre contre le Hamas, en représailles à l’attaque meurtrière du 7 octobre.

"Nous poursuivons nos efforts en vue d’une solution diplomatique. Rien ne dit qu’on ne va pas y arriver", a souligné Mme Leaf, au sujet des hostilités entre le Hezbollah et Israël, relevant que "les deux parties ne veulent pas d’une escalade. "Mais, a-t-elle prévenu, un malentendu peut toujours se produire". Elle a ainsi souligné que le risque d’escalade reste élevé, critiquant l’intensification des attaques du Hezbollah contre le nord israélien.

Selon les explications de Mme Leaf, Washington "travaille de près avec le gouvernement israélien" afin d’éviter une escalade à la frontière nord, tout en adressant des messages au Hezbollah pour l’avertir qu’il "s’engagerait sur une pente glissante s’il s’avisait d’attaquer les civils israéliens ou de s’infiltrer en territoire israélien".

Insistance sur un État Palestinien

La diplomate a souligné ensuite le rôle de premier plan que "le talentueux" Amos Hochstein, l’envoyé spécial du président américain, Joe Biden, assume pour rétablir le calme à la frontière sud.

Mme Leaf, qui se trouve actuellement en tournée dans la région, a mis l’accent d’emblée sur l’intensification des efforts diplomatiques pour rétablir le calme dans la région et éviter surtout que la guerre entre Israël et le Hamas s’élargisse. "Je me suis rendue six fois dans la région depuis le 7 octobre, dans le cadre d’une tournée en Israël, Cisjordanie et dans les pays arabes partenaires. Notre objectif est de trouver une solution au conflit en cours, laquelle pourrait déboucher, à long terme, sur la mise en place d’un processus qui pourrait favoriser l’établissement d’un État palestinien", a-t-elle dit, l’objectif étant, selon elle, d’assurer, toujours "à long terme, la sécurité et la paix pour les Israéliens et les Palestiniens". Mme Leaf a insisté à plusieurs reprises, dans son point de presse, sur l’établissement d’un État palestinien et sur l’engagement de Washington à cet effet, tout en admettant que le chemin pour y accéder ne sera pas facile.

Dans cet ordre d’idées, elle a affirmé qu’il n’est pas question d’un déplacement des Gazaouis dans le cadre d’une éventuelle solution, quelle qu’elle soit.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, continue de s’opposer fermement à une solution fondée sur l’établissement d’un État palestinien.

"Plus jamais un nouveau 7 octobre"

À court terme, un règlement porterait sur une libération rapide des otages et un accroissement de l’aide humanitaire à Gaza, au cas où le plan prévu pour une trêve et actuellement sous étude par le Hamas serait mis en place. Mme Leaf n’a pas voulu se prononcer sur l’évolution des efforts à cette fin, sachant que moins d’une heure après la conférence de presse, un porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères faisait état d’un accord de principe du Hamas et d’Israël pour un cessez-le-feu. "Cet accord est un point de départ essentiel pour un règlement politique, mais la solution finale reste l’établissement d’un État palestinien", s’est-elle contentée de commenter.

À long terme, il s’agit, pour elle, "de nous assurer qu’un nouveau 7 octobre ne se reproduira plus jamais", en allusion à l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël.

"Nous sommes plus que jamais attachés à la sécurité dans la région et à trouver les moyens de l’instaurer, en dépit des tentatives déstabilisatrices de l’Iran et de ses proxies", a insisté Mme Leaf, qui a vivement critiqué le rôle agitateur de l’Iran dans la région, à travers ses branches armées, disséminées dans plusieurs pays, dont le Liban.

Aussi, a-t-elle jugé "inacceptable" l’attaque de drone, dimanche, contre une base américaine en Jordanie, à la frontière avec la Syrie, lors de laquelle trois militaires américains ont été tués, et condamné "une atteinte flagrante à la souveraineté jordanienne".

Pas de substitut à l’Unrwa 

La diplomate a assuré que Washington compte riposter, précisant qu’il appartient au président Biden de "déterminer le timing et les moyens" d’une réponse, et soulignant qu’"il existe plusieurs moyens pour répondre à ces attaques".

Elle a tenu le même raisonnement en ce qui concerne les attaques des Houthis, au Yémen, contre les navires commerciaux en mer Rouge, dénonçant une atteinte à la souveraineté des États visés et expliquant que les États-Unis ne peuvent pas rester sans réaction face à cette atteinte à la sécurité de la région.

Interrogée au sujet de la suspension des contributions financières de l’Unrwa, à la suite des accusations israéliennes selon lesquelles des employés de cette agence de l’ONU étaient impliqués dans l’attaque du 7 octobre, elle a souligné la nécessité d’une enquête transparente. Pour elle, si les accusations israéliennes s’avèrent, il est nécessaire que "des comptes soient demandés aux employés mis en cause pour que ce genre de situation ne se reproduise plus". Dans le même temps, Mme Leaf a souligné l’importance de l’aide que l’Unrwa dispense aux réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil. "Il n’y a pas de substitut au travail que cette agence fournit", a-t-elle observé, ce qui permet de supposer que la suspension des contributions financières reste une mesure limitée dans le temps.