Trêve du Ramadan à Gaza: quel impact sur le Liban?

 
La tenue d’une réunion au Caire, ce dimanche 3 mars, entre les représentants du Hamas, du Qatar et des États-Unis pour discuter de l'accord de trêve à Gaza semble indiquer que si Israël consent aux exigences du Hamas et obtient, selon ses propres conditions, une liste exhaustive des prisonniers israéliens encore en vie, alors l'accord paraît imminent. Ces développements interviennent à un moment crucial, en pleine pression pour le finaliser avant le début du Ramadan, prévu pour le 10 ou le 11 de ce mois. L'objectif est de mettre fin à une guerre de près de cinq mois qui a ravagé la bande de Gaza et menace sa population de famine en cas d'échec des efforts de pacification.
Les acteurs occidentaux impliqués militent en faveur de l'instauration d'un cessez-le-feu pendant le Ramadan, suivi d'un processus de pacification. Le but est de prévenir le déplacement des affrontements de Gaza à Jérusalem, notamment durant la prière de l'Aïd à la mosquée Al-Aqsa, ainsi qu'en Cisjordanie. En conséquence, des puissances internationales et régionales soutiennent les efforts de Washington pour parvenir à un cessez-le-feu pendant le Ramadan. Les discussions sur le plan politique pourront alors commencer, dans l'espoir que l'administration de Joe Biden puisse en tirer profit lors des élections.
Selon des sources diplomatiques arabes, le succès des efforts internationaux et régionaux pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza avant le mois de Ramadan, dans le cadre de ce qui est appelé le «l’accord du Ramadan», est notable. De même, les sources du Quintette laissent entendre qu'il est très probable qu'une série de solutions à la crise libanaise soient trouvées. Cela débuterait par l'élection d'un président de la République et la formation d'un gouvernement capable de mettre en œuvre les réformes conformément aux priorités définies par le Fonds monétaire international. Ces priorités comprennent la réforme du secteur bancaire pour protéger l'économie, ainsi que la relance de l'activité économique du pays afin de renforcer l'action politique, tout en évitant toute provocation d'Israël envers le Hezbollah.
Dans ce contexte, Israël a tenté, en ciblant des sites du Hezbollah à Baalbeck et dans d'autres régions, d'élargir le conflit et d'ouvrir un front au Liban-Sud. De plus, le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a émis des menaces à la suite d'une augmentation significative du pourcentage d'Israéliens préconisant la guerre dans le Liban-Sud. En effet, ils sont désormais 67 % à vouloir neutraliser le Hezbollah comme cela a été le cas avec le Hamas à Gaza.
Cependant, des sources diplomatiques occidentales ont indiqué que le Hezbollah «ne cherche pas la guerre et refuse d'ouvrir le front du Liban-Sud, car il s'agit d'un front de soutien et non de confrontation». Le Hezb rejette toute tentative d'Israël de l'entraîner dans un conflit et sa réponse aux opérations israéliennes ne dépasse pas le cadre des règles d'engagement.
En parallèle, la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité débute progressivement, en conformité avec l'initiative américaine et la proposition française, dans le but de contrer ceux qui cherchent à maintenir le conflit dans le Liban-Sud. Le Hezbollah a réaffirmé son engagement pour le cessez-le-feu et la trêve du Ramadan. Néanmoins, un député du Hezbollah a averti qu'en cas d'attaque israélienne contre le Liban, la réponse sera sévère et les pertes inattendues, ajoutant: «Nous les surprendrons par notre réaction».

La solution envisagée est issue d'un accord libanais, tant au niveau international que régional, qui stipule l'élection d'un président de la République conformément aux critères du Quintette, en évitant les affiliations partisanes. Cela signifie qu'un président hostile au Hezbollah, ou issu de la liste des candidats du tandem chiite (Amal-Hezbollah) et de l'axe de la résistance, est exclu.

Des noms ont été avancés, parmi lesquels certains n'avaient pas été initialement évoqués dans les discussions présidentielles, mais qui ont depuis été réintégrés dans la liste des candidats. Le Courant patriotique libre (CPL) persiste à opposer son veto au candidat du tandem chiite, Sleiman Frangié, ainsi qu'au commandant de l'armée, le général Joseph Aoun. Le CPL est disposé à accepter n'importe lequel des autres noms qui circulent, et continue de soutenir Jihad Azour, un candidat bénéficiant d'un consensus avec l'opposition.
Cette dernière soutient que le blocage présidentiel émane du tandem chiite, qui insiste pour que son candidat, Sleiman Frangié, soit élu afin de renforcer sa position de négociation sur la question présidentielle. Des sources françaises révèlent que l'initiative française initiale, lancée en faveur de l’élection de Frangié, provenait des forces du 8 mars. Nawaf Salam, du 14 mars, était pressenti comme Premier ministre, avant qu'il soit nommé président de la Cour internationale de justice. Cependant, cette équation a été écartée après la nomination de l'ancien ministre Jean-Yves Le Drian en tant qu'émissaire du président Macron au Liban.
Dans ce contexte, des sources arabes indiquent que la résolution envisagée implique une réunion du Quintette, probablement à Riyad, après la cessation des hostilités à Gaza. Si les conditions régionales permettent la mise en œuvre d'une résolution globale, cette réunion pourra être organisée au niveau des ministres des Affaires étrangères. Sinon, elle se tiendra au niveau des délégués et visera à encourager l'élection d'un président de la République. À la suite de cette réunion du Quintette, l'émissaire français, Jean-Yves Le Drian, se rendra au Liban, suivi par l'émissaire qatari, Abou Fahd Jassem al-Thani, pour promouvoir ce qui y aura été convenu.
Simultanément, le conseiller spécial du président américain, Joe Biden, pour les affaires énergétiques, Amos Hochstein, arrive au Liban pour poursuivre le travail entamé avec le président de la chambre, Nabih Berry, sur la question du tracé frontalier, notamment en ce qui concerne les 13 points litigieux entre le Liban et Israël ainsi que le point B1 à Naqoura. Il participera également aux efforts visant à mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité afin de garantir la stabilité, la paix et la sécurité le long des frontières. Cela facilitera le retour dans leurs foyers des habitants du Sud, ainsi que des résidents des colonies, lesquels ont été déplacés vers l'intérieur d'Israël à la suite des hostilités dans le Liban-Sud. Le gouvernement leur a assuré des logements temporaires jusqu'à juin prochain, selon les informations disponibles.
Après la trêve du Ramadan, l’effort se concentrera sur la stabilisation dans le Liban-Sud en trois étapes, conformément à l'initiative américaine et à la proposition française. Celles-ci prévoient «l'arrêt des opérations militaires dans les 48 heures suivant le cessez-le-feu, lequel sera suivi, trois jours plus tard, en guise de première étape, du retrait des groupes armés à une distance de 10 kilomètres au nord de la frontière».
Par la suite, le Liban entamera le déploiement de ses soldats dans le Sud, à la suite de l'engagement d'Israël de cesser ses survols du territoire libanais et à respecter la résolution 1701 en termes terrestres, maritimes et aériens. Dans les dix jours suivants, des pourparlers sur la question des frontières reprendront graduellement entre le Liban et Israël, avec le soutien de la Finul, à travers des réunions du Comité militaire libano-israélien sous l'égide des Nations unies à Naqoura. Parallèlement, des discussions auront lieu pour établir des zones démilitarisées entre la frontière et la rivière Litani, afin d'exclure tout armement illicite et toute présence de combattants. Des efforts internationaux arabes sont également en cours pour soutenir l'armée en matière de financement, d'équipement et de formation, conformément à la proposition française, et pour promouvoir le développement social et économique du Liban-Sud.
Dans l'ensemble, selon des sources diplomatiques occidentales, ces mesures contribueront à prévenir l'éclatement d'un conflit qui menace d'échapper à tout contrôle. Lors de sa visite au Liban, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré :«Nous avons présenté des propositions et nous sommes en contact avec les Américains. Il est important que toutes les initiatives se rejoignent pour construire la paix». En effet, un diplomate occidental estime que le retrait contribuerait à empêcher les missiles d'atteindre les villages du nord d'Israël et à déployer 15.000 soldats de l'armée et de la Finul dans la région frontalière.
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