L’ancien président de la République, Michel Aoun, a reçu, jeudi, à Rabieh, une délégation du bloc parlementaire du Hezbollah, présidée par Mohammad Raad et comprenant Ali Ammar et Hassan Fadlallah.

Cette visite intervient alors que les relations entre les deux formations sont tendues, en raison de critiques formulées par Michel Aoun et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, au sujet de la décision du Hezbollah d’ouvrir le front du Liban-Sud, pour soutenir le Hamas dans sa guerre contre Israël à Gaza. Sans compter les positions divergentes portant sur la présidence de la République, le CPL refusant de soutenir le candidat de la formation pro-iranienne, Sleiman Frangié.

M. Raad a affirmé, à l’issue de la réunion, que "les canaux de communication" entre le Hezbollah et Michel Aoun "n’ont jamais été – et ne seront jamais – rompus". Il a souligné que cette visite était l’occasion de tenir M. Aoun informé des développements au Liban-Sud.

M. Raad a, dans ce cadre, insisté sur la nécessité de "mener un dialogue responsable entre les différentes parties et avec tous les responsables afin de parvenir à des solutions aux principaux problèmes dont souffre le pays". Reste à savoir quelle est la conception du Hezbollah du "dialogue responsable", d’autant que pour cette formation, cela équivaut à amener les autres à se soumettre à ses conditions.

Selon les informations de notre collaborateur, Bassam Abou Zeid, c’est le Hezb qui a demandé à prendre rendez-vous de l’ancien président. Un rendez-vous qui a été tout de suite accordé à la délégation de la formation pro-iranienne. L’objectif de la visite était de " briser la glace " entre les deux alliés chrétien et chiite, dont les relations se sont détériorées mais qui ne veulent pas briser leur alliance, pour des questions liées à leurs intérêts directs.

La délégation s’est ainsi employée à dissiper les appréhensions de Michel Aoun par rapport à ce qui se passe au Liban-sud et lui a expliqué les motifs de son engagement militaire en faveur du Hamas. Elle lui a ainsi fait part du souci du Hezbollah d’éviter un embrasement généralisé et indiqué qu’une trêve à Gaza s’étendrait au Liban-sud. Devant le fondateur du CPL, le Hezb s’est engagé à respecter cette trêve, une fois instaurée.

La présidentielle a été également discutée durant l’entretien. Il n’a pas été cependant question de noms de candidats. Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur la question, chacune exposant sa position. Michel Aoun et ses visiteurs étaient d’accord sur la nécessité de dissocier les deux dossiers de la présidentielle et du Liban-sud.

L’accord de Mar Mikhaël, conclu entre le CPL et le Hezb, le 6 février 2006 et sérieusement ébranlé par les dissensions entre le CPL et le Hezbollah a été également évoqué, sans qu’on sache sur quoi les deux parties se sont entendues, à part le fait de poursuivre les contacts.