L’annonce d’abord: "Les chefs de la Résistance vont s’exprimer sur grand écran lors d’une cérémonie, ‘Le forum de Jérusalem’. (…) Leurs discours seront diffusés en direct dans tous les pays de l’axe de la résistance, le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et la Palestine". Fin de citation.

Une précision s’impose d’emblée: l’annonce comporte une erreur monumentale parce que le Liban et les Libanais ne font pas partie de cet axe dont les ficelles sont tirées par l’Iran, comme le montre le parterre des intervenants à cet événement qui s’est déroulé mercredi: le président iranien Ebrahim Raïssi et un groupe de chefs de milices irakiens, palestinien, yéménite et libanais, qui gravitent dans l’orbite de Téhéran.

C’est donc le Hezbollah, seul, et non le Liban, qui fait partie de cet axe et qui s’efforce d’entraîner le pays du Cèdre et ses habitants dans des équipées extraterritoriales, qui ne profitent qu’à son tuteur et qui sont préjudiciables, voire destructrices, pour le Liban et les Libanais. Si la nuance est importante, c’est parce qu’elle permet de mettre dans leur contexte bien limité, les discours tenus mercredi à l’occasion de la commémoration de la Journée de Jérusalem (Yawm el-Qods), un événement mis en place par l’ayatollah Khomeini, le fondateur de la République islamique d’Iran, en 1979, en signe d’appui aux Palestiniens.

Sans surprise, les intervenants ont tous chanté les louanges d’une "résistance déterminée à libérer la Palestine et à imposer une défaite cuisante à Israël". "C’est au cœur de notre idéologie", a rappelé le secrétaire général du mouvement des Noujaba, cheikh Akram el-Kaabi en promettant "un élargissement du conflit tant que l’opération militaire israélienne contre Gaza se poursuivra".

Des sept discours qui se sont succédé (Ebrahim Raïssi, le président iranien, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah au Liban, Ismaël Haniyé, chef du Hamas, cheikh Akram el-Kaabi, secrétaire général du mouvement des Noujaba en Irak, Hadi al-Amiri, chef de l’organisation paramilitaire irakienne et pro-iranienne, Badr, Ziad Nakhalé, chef du Jihad islamique en Palestine et Abdel Malek el-Houthi, commandant des Ansar Allah (Houthis), au Yémen), on retiendra surtout celui de Hassan Nasrallah qui, encore une fois, s’est efforcé de mettre en relief "l’importance stratégique" des opérations que sa formation et les autres groupes pro-iraniens mènent depuis le 7 octobre 2023, contre Israël, dans une tentative – ratée – de minimiser l’importance de la situation tragique dans laquelle les Palestiniens de Gaza et les Libanais de la partie sud du pays ont été plongés.

"Des réalisations stratégiques" 

Son discours était essentiellement justificatif. Celui d’un homme qui veut à tout prix faire croire, notamment à son opinion publique, que "les résultats à long terme" du Déluge d’Al-Aqsa (l’opération militaire menée par le Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023) sont de loin plus importants que "les sacrifices" (un terme général qu’il a employé pour évoquer les destructions énormes et les pertes humaines épouvantables) liés à la guerre qui a suivi cette opération. Des résultats, qui, à le croire, peuvent donc justifier le cauchemar que vivent les habitants de Gaza, à cause du Hamas, et ceux du Liban-Sud, à cause de sa formation qui a décidé de faire de leur région un front de soutien au groupe jihadiste palestinien, dans sa guerre contre Israël.

Il est même allé jusqu’à demander aux médias et aux plateformes proches du Hezbollah de "mettre en relief ces réalisations" qu’il a exposées comme suit: "Dans le passé, la libération du sud du Liban, en 2000, a mis fin au projet du Grand Israël, qui devait s’étendre du Nil jusqu’à l’Euphrate. La guerre de 2006 a anéanti le projet de Puissance israélienne et, aujourd’hui, le Déluge d’Al-Aqsa met en jeu la survie même de l’entité israélienne, ce qui va apparaître plus tard. L’opération Déluge d’Al-Aqsa a miné les fondements de l’entité israélienne, ce qui aura des répercussions graves auxquelles Israël ne pourra pas remédier."

Hassan Nasrallah a insisté sur la nécessité "pour tous ceux qui soutiennent la résistance de montrer ces résultats stratégiques et de mettre en relief les pertes israéliennes et américaines dans la région, par tous les moyens, sinon les réalisations sembleront être des défaites".

"Un échec et une déroute" 

Dernier à prendre la parole, le président iranien a promis une riposte au raid israélien meurtrier de lundi soir contre un bâtiment annexe du consulat iranien à Damas. Selon lui, cette attaque "est un signe de l’échec et de la déroute" d’Israël.

Entretemps, Akram el-Kaabi et Ziad Nakhalé ont vivement critiqué les pays arabes et islamiques, leur reprochant de ne pas soutenir les Palestiniens du Hamas dans leur guerre contre Israël.

Ismaël Haniyé en a aussi appelé à ces États, soulignant "la nécessité d’un front populaire arabe pour soutenir les Palestiniens qui essaient de libérer leurs territoires".

Selon lui, les attaques israéliennes contre Gaza "n’auraient pas été aussi violentes sans l’appui direct des États-Unis à Tel-Aviv à qui ils fournissent des armes et qui opposent leur veto à tout projet de résolution de l’ONU pour un cessez-le-feu".

Évoquant les négociations en cours entre le Hamas et Israël, il a accusé Tel-Aviv de "tergiverser pour ne pas mettre fin à ses agressions à Gaza". "Le plus important pour Netanyahou, c’est de rester au pouvoir le plus longtemps possible", a-t-il ajouté, avant d’affirmer que le Hamas reste attaché à ses revendications: un cessez-le-feu permanent, un retrait total de Gaza, le retour des habitants chez eux, l’entrée des aides dans l’enclave, la levée du blocus israélien et la conclusion d’un accord honorable pour l’échange d’otages et de prisonniers. Il a conclu en promettant "une victoire ou un martyre".

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