Dans un pays qui se vante d’être démocratique, la liberté d’expression n’a jamais été autant muselée. Jeudi, c’était au tour de Shaden Fakih, humoriste à Awk.word Comedy Club, d’être dans la ligne de mire des autorités religieuses, cette fois.

Sur instruction du mufti de la République, Abdelatif Deriane, Dar el-Fatwa a déposé une main courante contre l’humoriste pour "atteinte à l’islam", au "prophète Mahomet" et à "l’unité nationale", ainsi que pour "provocation de dissensions religieuses et communautaires".

En cause, un extrait vidéo largement partagé sur les réseaux sociaux, mercredi, dans lequel Shaden Fakih ironise au sujet de rites de prière dans l’islam, mais aussi chez les chrétiens. Cet extrait est tiré d’une représentation donnée par la comédienne à Awk.word Comedy Club et qui avait suscité une indignation populaire. Un sit-in avait ainsi été organisé à la place Al-Nour, au cours duquel des appels ont été lancés pour lui demander des comptes.

Le mouvement Karama (parti du député Fayçal Karamé) a également appelé les autorités compétentes à ne pas tolérer "cette insulte contre l’islam et le prophète" et à "infliger les peines les plus sévères" à l’encontre de l’humoriste.

Le cas de Shaden Fakih n’est pas isolé. En août dernier, Nour Hajjar, également humoriste à Awk.word Comedy Club, a été arrêté pendant quelques heures, en raison d’une vidéo qui remontait à 2018 et dans laquelle il évoque sur un ton humoristique l’attitude de sa mère lors d’une visite de condoléances.