Écoutez l’article

Le Liban semble sur le point d’entrer dans la dernière ligne droite d’un déblocage de la présidentielle, grâce à une dynamique menée à trois niveaux: local, régional et occidental. Le but premier de cette dynamique est de défaire le nœud gordien que représentent les consultations censées déboucher sur une forme de consensus pour l’élection d’un nouveau chef de l’État.

Un de ses éléments clés est le retour de l’émissaire personnel du président français, Emmanuel Macron, pour le Liban, Jean-Yves Le Drian. Selon des informations obtenues, l’envoyé du président français serait attendu à Beyrouth prochainement, porteur d’une proposition qui consiste à ce qu’il assume lui-même le rôle de médiateur dans le cadre de consultations limitées dans le temps et qui devraient déboucher sur une entente, soit autour d’un candidat à la présidentielle, soit autour d’une liste composée d’un certain nombre de candidats. L’un d’eux serait élu lors d’une réunion parlementaire électorale, dont le quorum sera assuré durant tous les tours qui se succèderont jusqu’à l’élection d’un chef de l’État.

Durant sa visite à Beyrouth, si elle se confirme, M. Le Drian devrait voir si les différentes parties libanaises sont disposées à ce qu’il assume ce rôle. On sait que celles-ci ne sont pas hostiles au principe des consultations parlementaires, mais l’opposition refuse que celles-ci soient présidées par le chef du législatif, Nabih Berry, qui insiste pour les diriger.

Jean-Yves Le Drian réussira-t-il à aplanir cet obstacle? Selon une source diplomatique française, la question de l’élection présidentielle avance comme il se doit sur les plans intérieur et extérieur. D’après cette source, l’initiative menée par le chef du Rassemblement démocratique (le bloc parlementaire du PSP), Teymour Joumblatt, est coordonnée avec M. Le Drian et est intervenue à sa demande.
"Pour la première fois, nous avons le sentiment que nous nous approchons d’une solution", s’est-on félicité de même source, en relevant que le désaccord se limite actuellement aux Forces libanaises et au président du Parlement sur le point de savoir qui va diriger les consultations. Un point dont le règlement n’est pas impossible, si les intentions sont sincères, selon la source.

Face à la France, la médiation qatarie tourne aussi à plein régime, comme le montre le défilé de personnalités politiques depuis quelques semaines, à Doha.

Ces personnalités révèlent que le Qatar, attaché au déblocage de la présidentielle, aspire à jouer un rôle central à ce niveau. Celui-ci ne sera entravé ni par les États-Unis, ni par l’Arabie saoudite, qui ne veulent pas assumer un rôle de premier plan dans les efforts visant à doter le Liban d’un président.

Au sein du groupe des Cinq, (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar), engagé depuis septembre 2022 dans une mission de bons offices pour régler la crise de la présidentielle au Liban, les États-Unis, tout comme l’Arabie saoudite, ont opté pour une position en retrait sur cette question. Parallèlement, il n’existe aucun désaccord sur la question entre Paris et Doha qui collaborent étroitement sur le dossier de la présidentielle libanaise. Si les Français réussissent à réaliser un progrès à ce niveau, il est certain que les Qataris ne s’y opposeront pas.

Reste l’Égypte. Le Caire pourrait ne pas souscrire au rôle joué par le Qatar, mais il a déjà assumé un rôle de premier plan au sein du quintette, sans parvenir à réaliser une percée. Il est peut-être temps de passer la main à quelqu’un d’autre.
Quoi qu’il en soit, à Doha, les responsables qataris se sont félicités devant leurs interlocuteurs libanais de l’action du quintette et de la cohésion entre ses membres, qu’ils jugent aujourd’hui meilleure que dans le passé. Ils ont assuré que la mission des Cinq se poursuivra jusqu’à ce qu’elle aboutisse.

Durant ces entretiens, ils n’ont pas avancé de noms de candidats, selon leurs hôtes libanais, mais ils ont cherché à savoir si ces derniers avaient des candidats favoris. Certains leur ont répondu par l’affirmative, d’autres n’ont pas voulu se prononcer.

Toujours selon les mêmes sources, les dirigeants qataris ont également demandé aux Libanais qu’ils ont accueillis de leur soumettre des documents écrits sur le mécanisme à suivre pour parvenir à un résultat, concernant la présidentielle, et sur leur vision du rôle que Doha peut assumer sur ce plan.