Lancée lundi, l’initiative du chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui s’aligne sur celle du tandem Amal-Hezbollah pour le déblocage de la présidentielle, suscite de fortes réserves dans les milieux de l’opposition. Elle bénéficie cependant de l’appui du PSP, engagé dans une mission de bons offices qui suit la même logique.

Ghassan Hasbani, député des Forces libanaises et ancien vice-Premier ministre, a mis en garde, jeudi, contre l’établissement de "nouvelles normes" dans le cadre du processus d’élection d’un nouveau président de la République.

Un tel acte serait, d’après lui, "contraire à la Constitution, quels que soient les prétextes avancés pour atténuer sa gravité", a relevé M. Hasbani, faisant allusion au forcing politique mené actuellement pour qu’un dialogue dirigé par le président de la Chambre, Nabih Berry, précède toute réunion électorale.

Les propos de M. Hasbani interviennent au lendemain de la tentative de Gebran Bassil d’adopter une position centriste, tout en plaidant pour un dialogue et en jetant la balle dans le camp de l’opposition. À l’instar du tandem, le chef du CPL a reproché à celle-ci d’entraver le processus d’élection d’un nouveau chef de l’État.

Sur son compte X, M. Hasbani a rappelé à "ceux qui tentent d’ignorer la Constitution" qu’un déblocage de la présidentielle "consiste à convoquer les députés à une réunion électorale avec des tours successifs jusqu’à l’élection d’un président, conformément aux textes de loi". Il a également précisé que "des consultations parlementaires sont possibles entre les tours, au cas où le processus électoral se ferait long". Le député a cependant mis en garde contre toute perturbation du scrutin durant ce processus. Cela signifie que "l’on chercherait à imposer des conditions préalables à la tenue des élections", a-t-il averti.

De son côté, Wael Abou Faour, député du Parti socialiste progressiste (PSP), dont le bloc a également lancé une initiative également fondée sur le dialogue prôné par Nabih Berry, a estimé que "Gebran Bassil essaie de se placer dans une position intermédiaire et de se présenter comme le pôle chrétien capable de rassembler les différentes parties prenantes".

Il a fait état d’une "logique commune" avec le chef du CPL, "selon laquelle le dialogue devrait se tenir sous la direction du président du Parlement, Nabih Berry". Ce dernier représente, selon M. Bou Faour, "la clé pour une sortie de crise". Dans une interview accordée à la chaîne locale LBCI, le député a indiqué que "la tournée du PSP a pris fin et que des réunions d’évaluation sont prévues la semaine prochaine, avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et M. Berry".

Il convient de rappeler, à cet égard, que celle du CPL s’est également achevée. M. Bassil qui s’est entretenu jeudi avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, doit dresser à 17h, jeudi, un bilan de sa tournée.

D’après M. Bou Faour, "lors du dialogue, plusieurs noms de candidats peuvent être proposés avant que les députés prennent la décision finale", surtout que "tout président non consensuel ne pourra pas gouverner".

Il a, de ce fait, mis l’accent sur "la flexibilité sous conditions", manifestée par le chef des Kataeb, Samy Gemayel. "Les forces politiques de l’opposition ont le droit d’exiger des garanties pour la tenue de tours successifs", a-t-il déclaré, avant de tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité de trouver rapidement une solution à la crise politique, au risque que "le Quintette (Arabie saoudite, États-Unis, France, Qatar et Égypte) ne fasse plus du Liban sa priorité et qu’il lui tourne le dos".