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Bien que la récente visite de l’envoyé américain, Amos Hochstein, au Liban n’ait pas abouti à des progrès significatifs, elle a toutefois contribué à maintenir l’escalade entre le Hezbollah et Israël dans les limites des règles d’engagement.

Selon certaines sources diplomatiques, les positions ambiguës des deux parties par rapport à l’issue de leur conflit militaire, alors qu’elles ne font que hausser le ton et multiplier les menaces, pourraient être attribuées au flou qui entoure les élections présidentielles américaines, en novembre prochain.

Les positions des acteurs libanais et dans la région devraient s’ajuster en fonction des résultats de ce scrutin.

Les deux candidats, Joe Biden et Donald Trump, avancent pour le moment sur le fil du rasoir. D’un côté, M. Trump peut faire l’objet d’une condamnation judiciaire. De l’autre, une demande d’évaluation médicale de M. Biden a été demandée pour vérifier son aptitude à exercer ses fonctions et à mener notamment des négociations sur le dossier nucléaire.

Dans le même temps, l’Iran est préoccupé par sa propre élection présidentielle, prévue le 28 juin, dans un contexte de rivalités intenses concernant les stratégies et les projets pour l’après-Raïssi.

Selon des sources concordantes, l’Iran préfère conclure un accord avec Joe Biden, perçu comme faible, avant les élections de novembre, afin de s’assurer certains gains. Cet empressement s’explique par la crainte d’un retour au pouvoir de Donald Trump, lequel chercherait à remodeler l’équilibre des forces et à reprendre sa campagne contre l’Iran, amorcée par le retrait de l’accord nucléaire en 2018. À cette époque, les États-Unis avaient exercé des pressions sur Téhéran en lui imposant des sanctions afin de l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, limitant ainsi son influence régionale.

De son côté, Israël, dirigé par Benjamin Netanyahou et mécontent de la politique de Joe Biden à son égard, espère le retour de M. Trump, "l’ami", avant de prendre une position et des décisions politiques définitives.

En attendant que le paysage politique américain se décante, l’Administration américaine continue de faire pression pour un retour au calme à la frontière libano-israélienne. Amos Hochstein, qui s’est entretenu lundi, à Washington, avec le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, s’efforce d’obtenir un rétablissement des règles d’engagement qui prévalaient avant le 7 octobre sur le front sud et qui étaient alors respectées à la fois par Israël et par le Hezbollah.

Selon des sources médiatiques israéliennes, le consensus israélien selon lequel il est primordial que le conflit militaire avec le Hezbollah soit réglé, diplomatiquement ou militairement, avant septembre prochain, afin d’assurer la sécurité et la stabilité nécessaires au retour des habitants des colonies du nord, complique la mission d’Amos Hochstein. D’autant que les divisions internes à Tel Aviv au sujet de la guerre à Gaza influencent la réponse du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à la proposition de trêve de Biden. Celle-ci, rappelle-t-on, fait toujours l’objet de pourparlers.

Israël craint cependant que le Hezbollah ne lance contre son territoire une attaque similaire à celle du 7 octobre à partir du Liban-Sud si un cessez-le-feu permanent à Gaza n’est pas conclu.

Selon un diplomate occidental, les États-Unis et l’Iran n’ont aucun intérêt à régler dans l’immédiat le dossier régional, pas plus qu’ils n’ont intérêt à l’éventualité d’une guerre.

Cet attentisme affecte également le dossier politique au Liban où l’élection d’un chef de l’État semble également tributaire des présidentielles américaines.

Si Washington ne parvient pas, dans le cadre de la mission du Quintette, à arracher aux différentes parties libanaises un accord sur un troisième candidat à la tête de l’État, le règlement de la crise serait reporté jusqu’après les élections américaines de novembre.