L’ancien Premier ministre libanais Salim Hoss est décédé dimanche à l’âge de 94 ans, a annoncé le chef du gouvernement, Najib Mikati, qui l’a qualifié de "conscience du Liban".

"Il s’est éteint au moment, le plus difficile et le plus délicat, où le Liban a besoin de sa conscience, de son sens national (…) de sa sagesse (…) et de sa bonne gestion des affaires publiques", a affirmé M. Mikati dans un communiqué.

Salim Hoss a occupé le poste de Premier ministre à plusieurs reprises, de même qu’il a été ministre de l’Industrie, du Pétrole, de l’Économie et du Commerce, de l’Éducation, du Travail et des Affaires étrangères. Il a également été député.

Né le 20 décembre 1929 à Beyrouth, dans une famille de la bourgeoisie musulmane sunnite, il était titulaire d’un doctorat en économie et gestion de l’Université d’Indiana (USA).

Une longue carrière politique

Salim Hoss est nommé Premier ministre pour la première fois, en décembre 1976, par le président Elias Sarkis. Il démissionne de ce poste en 1980.

En 1984, il est nommé ministre de l’Éducation dans le gouvernement de Rachid Karamé, sous le mandat présidentiel d’Amine Gemayel, et devient Premier ministre par intérim après l’assassinat de Rachid Karamé en 1987.

En 1988, à la fin du mandat de Gemayel, Salim Hoss refuse de céder le pouvoir au Premier ministre par intérim, Michel Aoun, dont il considère la nomination comme anticonstitutionnelle, ce poste étant réservé aux sunnites alors qu’Aoun est chrétien. Il continue alors de diriger un gouvernement dont l’autorité s’étend principalement aux régions musulmanes du Liban.

Il est nommé de nouveau Premier ministre en 1989, après les accords de Taëf, d’abord par le président René Moawad, puis par Elias Hraoui. Il démissionne un an plus tard.

Élu député de Beyrouth en 1992, il est réélu en 1996.

En 1998, il est nommé Premier ministre par le président Émile Lahoud, mais démissionne en 2000, après avoir perdu aux élections législatives face à la liste de Rafic Hariri.

Opposant historique à Rafic Hariri

Salim Hoss a été un opposant historique à Rafic Hariri, défendant une politique beaucoup moins libérale et pro-occidentale. Économiste de formation, il fait carrière dans l’enseignement universitaire et dans le secteur bancaire jusqu’aux années 70 – il a été prsident de la commission de contrôle des banques. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages d’économie et de sciences politiques.

À partir de 2005, il gère le Forum de l’unité nationale, la troisième force, qui se dit "neutre" vis-à-vis des forces pro et antisyriennes.

"C’était un économiste éminent, un exemple de compétence, d’éthique et de savoir, plaçant l’intérêt de l’État et celui des citoyens au-dessus de toute autre considération. Il était exemplaire par son désintéressement, son objectivité et son respect de la Constitution", a décrit le Premier ministre sortant, Najib Mikati.