Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, n’y est pas allé par quatre chemins : " Nous ne nous soumettrons pas, nous ne faiblirons pas, nous ne ferons pas de compromis et nous n’aurons pas peur. Nous continuerons de nous battre. "

Lors de la messe annuelle à l’intention des martyrs de la Résistance libanaise organisée par les Forces libanaises (FL) le premier dimanche de septembre à Meerab, le leader des FL, Samir Geagea, a affirmé que la réalité que vivent les Libanais aujourd’hui est le résultat direct de la mainmise iranienne et du régime syrien sur le Liban. Toutefois, il a expliqué que cette réalité est factice et qu’elle ne ressemble en rien au Liban, qui est pris en otage par l’axe de la Moumanaa. "Les Libanais sont las des discours creux, de la crise politique, de la guerre, de leur situation, et ils ont raison. D’ailleurs, la communauté internationale ne cesse de revendiquer la stabilité interne et externe du pays".

"Notre slogan est “l’avenir est à nous” parce que nous sommes l’essence même du Liban, bien que nous refuserons toujours de contrôler le pays et de prioriser nos intérêts comme le fait le camp adverse. Nous voulons un État fonctionnel et souverain", a ajouté le leader de Meerab. "Le jour de l’après-guerre nous appartient parce qu’il ne doit être basé que sur l’application de la Constitution et des lois sur l’intégralité du territoire libanais. Cela dit, tout peut être remis en question, sauf les frontières et l’unité du pays. Le pacte social et le vivre-ensemble peuvent être repensés, mais une fois qu’un président de la République sera élu et pas avant."

Dans une attaque à peine voilée dirigée contre le Premier ministre sortant, Najib Mikati, M. Geagea a tenu à mettre les points sur les i concernant le déclin du nombre de chrétiens au Liban. "À ceux qui proclament que le nombre de chrétiens est réduit, nous répliquons que nous pouvons être faibles en nombre, mais pas en efficacité ou productivité. Tous les pourcentages sur lesquels ils se basent ne sont pas précis et servent à faire pression sur les chrétiens pour amender la Constitution. Soit, amender la Constitution est faisable et possible, mais pas avant l’élection d’un président", a-t-il lancé.

Les FL et la cause palestinienne

"Nous soutenons cette cause et sommes solidaires avec le peuple palestinien autant que possible et raisonnable. Cependant, nous refusons les actions et les propos de ceux qui utilisent cette cause au détriment des intérêts du Liban et pour servir leurs intérêts personnels et régionaux", a-t-il souligné. "La guerre a été imposée aux Libanais et elle doit se terminer urgemment avant qu’elle ne se propage davantage".

Et M. Geagea de s’interroger: "Qui a mandaté le Hezbollah pour prendre la décision de guerre et de paix au nom des Libanais? Comment se fait-il que le Liban soit le seul pays arabe à avoir ouvert un front et à payer le prix exorbitant de la guerre? Quid de la Syrie?" Et d’ajouter: "Cette guerre ne sert ni le Liban ni Gaza. Le fait même que nous ne soyons pas d’accord avec le Hezbollah et que nous ne soutenions pas sa position fait de nous des traîtres et des collaborateurs à leurs yeux. Alors que ce sont eux les traîtres et les collaborateurs, puisqu’ils servent un projet non-Libanais et des intérêts qui ne sont pas ceux du pays! C’est pourquoi nous demandons au gouvernement libanais de mettre un terme à la guerre en imposant cette décision au Hezbollah. Si le cabinet ne le fait pas, alors il devra assumer toutes les conséquences de cette guerre sur le pays. Si le Hezbollah pense qu’il pourra changer l’identité du Liban, il se trompe! Le Liban reste et restera un pays libre, souverain et indépendant. C’est pourquoi je demande aujourd’hui au Hezbollah de revoir ses calculs, de repenser sa stratégie et de se retirer. Faute avouée est à moitié-pardonnée.  Si le Hezbollah a fait une erreur dans ses calculs en entrant en guerre, "il n’y a pas de honte à revenir sur ses erreurs. Mais il est encore plus important qu’il ne se trompe pas dans ses calculs après la guerre, quels qu’en soient le dénouement et les résultats, en revenant dans le giron de l’État et en essayant d’imposer des équations spécifiques, de récolter des gains et de compenser ses pertes ou de traduire ce qu’il prétend et imagine être une victoire".

Samir Geagea a également insisté sur un partenariat réel et total, avec une structure étatique qui réalise ce partenariat, loin de la domination d’une quelconque composante libanaise par le biais d’une force armée extérieure à l’État, sous quelque prétexte que ce soit. "L’armement du Hezbollah touche le cœur de la coexistence libanaise et la notion même d’État. Il n’y a aucune logique qui justifie l’existence d’un État parallèle à l’État et la coexistence des deux est impossible. Laissons à l’État le monopole des armes en accord avec les lois et la Constitution, et n’entravons pas l’avenir de notre patrie pour servir des projets régionaux sans fondement. Au Hezbollah, nous disons que son armement ne protège pas la communauté chiite, de même qu’aucun armement ne protège aucune communauté spécifique. Toute protection se trouve assurément sous la responsabilité de l’État, juste et efficace. Les garanties relèvent de la responsabilité de l’État. Nous rassurer mutuellement est notre responsabilité à nous tous."

L’élection présidentielle et le dialogue

Le chef des Forces libanaises a aussi insisté sur l’élection d’un président de la République qui "ne doit pas faire l’objet de marchandages et doit être fondée sur des règles constitutionnelles claires, sans ambiguïté ou rien qui donne matière à interprétation". "Le président du Parlement, Nabih Berry, doit convoquer une session parlementaire de vote ouverte avec des sessions successives jusqu’à l’élection d’un président de la République, conformément à ce que prescrit la Constitution. Que celui qui doit gagner l’emporte et reçoive les félicitations et les encouragements de tous, plutôt que de rester dans une spirale de blocages et d’appels inutiles à de vains dialogues. M. Berry doit réfléchir et agir en tant que chef du Législatif, et non pas en tant que partie prenante et allié d’un parti ayant des calculs dépassant la présidence de la République et le Liban même. Nous n’accepterons en aucun cas qu’un groupe impose sa position et son candidat à tous les autres, qu’il mette la main sur la présidence de la République et persiste dans le blocage et la manipulation. Le chemin vers le palais de Baabda ne passe pas par Haret Hreik, et l’accès au palais de Baabda ne se fait pas par la porte de Ain el-Tiné, ni selon ses conditions. Le chemin vers le palais de Baabda passe uniquement par la place de l’Étoile, siège du Parlement, et à travers le scrutin. Aucun groupe, aussi puissant soit-il, n’a le droit de monopoliser, de contrôler, de détruire les équilibres et le partenariat national, et d’inventer des précédents et des conventions plus fortes que la Constitution en créant des principes devenant la norme", a-t-il déclaré.

Et M. Geagea de conclure: "Ils exigent un dialogue pour l’élection du président de la République, mais refusent un dialogue pour sauver la patrie des griffes de la guerre et la sortir du tunnel. Lorsqu’ils ne parviennent pas à imposer leur candidat et le président qu’ils souhaitent, ils proposent un dialogue pour contourner la réalité et obtenir ce qu’ils n’ont pas pu atteindre par les voies constitutionnelles et démocratiques. Et lorsqu’ils veulent se réserver le pouvoir de décision sur la guerre et entraîner le Liban et les Libanais dans un conflit qui les dépasse, ils refusent le dialogue et ignorent les appels urgents et justes des parlementaires pour discuter de la guerre avec le gouvernement, ce qui est la base du travail parlementaire."

Public souverainiste

L’office religieux a débuté à 17h30, au siège du parti, à Meerab, devant un parterre de partisans FL constitué d’un grand nombre de jeunes, dont plus d’une centaine de scouts FL, ainsi que de personnalités politiques, notamment de l’opposition souverainiste.

Etaient présents: le député Marwan Hamadé représentant le bloc parlementaire du Parti socialiste progressiste, le député Sajih Attié représentant le bloc de "la Modération Nationale", le député Elias Hankache représentant le chef du parti Kataëb, Sami Gemayel, le député Nadim Gemayel, les députés du bloc "Renouveau" Achraf Rifi et Michel Moawad, le président du Parti national libéral, le député Camille Chamoun, le député Neemat Frem, les anciens ministres Ziad Baroud et May Chidiac, ainsi que tous les députés du bloc parlementaire des FL.

La cérémonie a été en outre marquée par un important déploiement de force.