Vous pouvez rentrer chez vous


La petite phrase du secrétaire général du Hezbollah au lendemain de la «riposte» de son organisation à l’assassinat de Fouad Chokr, vient questionner. Comment a-t-il pu prononcer ces mots? Ce lundi, les bombardements israéliens ont fait près de 558 morts. Un bilan terrifiant, quasiment la moitié du nombre des victimes de toute la guerre de 2006 en une seule journée. Alors, deux possibilités. Soit monsieur Nasrallah est complètement coupé des réalités sur le terrain. Soit, il a une mauvaise lecture des évènements et des intentions israéliennes. Dans les deux cas, c’est grave, et ce sont les Libanais qui sont les victimes de la folie des hommes. D’autant que, côté israélien, des responsables affirment que la journée de lundi n’est qu’un avant-goût de ce qui attend le pays. Guerre psychologique peut-être, mais en tout cas, rien de très rassurant.


Walid Joumblatt, dans son interview chez Marcel Ghanem à la MTV, lundi soir, a raison sur 3 points:
Il est tout à fait possible que le Liban soit transformé en nouveau Gaza. Qui pourrait en empêcher Benjamin Netanyahou? Personne. Les «frères» arabes sont fiers de leurs communiqués de soutien. Ils enverront probablement, pour certains, quelques médicaments et ça s’arrêtera là. Les Européens n’ont aucune influence sur l’une ou l’autre partie. Les Américains sont en pleine campagne présidentielle. Trump et Harris ont autre chose à penser. Le président Biden est en préretraite et personne ne veut lui faire la fleur d’un cessez-le-feu.
Deuxième point soulevé par l’ancien chef du PSP, l’élection d’un président de toute urgence. Parce que là, le Liban officiel n’existe plus. Il n’est que l’appendice craintif de la milice chiite. Si un président est élu, le général Joseph Aoun serait, à notre sens, l’homme de la situation. On pourrait imaginer une application concertée et acceptée par un Hezbollah affaibli de la résolution 1701, qui permettrait de sauver la face et de déployer l’armée, même incomplètement équipée, sur la frontière. Sinon, qu’est-ce qui pourrait dissuader les Israéliens d’envahir le Liban jusqu’à l’Oronte, s’ils en ont envie? Rien, ni personne. Qui pourrait les forcer à se retirer ensuite? Toujours personne. Parce que la plaisanterie de l’équilibre de la terreur est éventée. Lundi, des centaines d’avions de chasse ont attaqué plus de 1.100 «cibles», sans qu’aucun missile n’ait été tiré pour les contrer. Ces missiles existent-ils seulement? On peut désormais en douter. À moins que l’interdiction de les utiliser vienne d’Iran.


Troisième point soulevé par Monsieur Joumblatt, et ce n’est pas la première fois: appliquons les clauses de l’accord d’armistice du 23 mars 1949. Tout y est, le tracé de la frontière, l’arrêt des combats… cet accord a l’avantage d’assurer une couverture internationale plus facile à mettre en place que la 1701.
En attendant, le retour à l’âge de pierre est promis aux Libanais. Sans eau, sans électricité, avec des infrastructures en lambeaux, une crise qui dure depuis cinq ans, l’Internet le plus cher et le moins performant du monde, l’âge de pierre est à portée de main. Mais attention aux Libanais et à leur volonté de survie, à cette période préhistorique, même les mammouths, qui terrorisaient les grottes, ont fini par disparaître.

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