Appel à la résistance culturelle
En ce 22 novembre 2021, 78ème anniversaire de l’indépendance, la capitale libanaise lance un appel à tous les libanais au pays et de par le monde. Appel d’un pays meurtri, déchiqueté, démembré, pillé. Appel à un peuple humilié, broyé, appauvri, assassiné, pliant sous une occupation qui ne cherche plus à se déguiser derrière les masques dont elle a su se doter, le plus révoltant étant ces « droits des chrétiens » que brandissent ceux qui n’hésitent pas à proclamer leur sympathie vis-à-vis de l’hégémonie de la République Islamique d’Iran.

Le Liban d’aujourd’hui est parfaitement représenté par le monument aux martyrs. Statues démembrées, corps transformés en passoires par l’impact des balles que se sont échangés les belligérants durant la longue guerre civile qu’on a cru terminée en 1990 suite aux accords de Taëf et à l’intervention de l’armée syrienne le 13 octobre. La Syrie n’est pas intervenue pour rétablir la souveraineté de l’État libanais mais pour l’asservir au nom d’intérêts stratégiques qu’on percevait mal à l’époque mais qui, aujourd’hui, sont clairement affichés comme relevant de l’hégémonie d’un axe où l’Iran des Mollahs occupe un rôle central. Peut-on encore sauver ce qui reste du Liban ? Peut-on espérer préserver quelque chose de ce petit paradis de jadis, aujourd’hui devenu l’antichambre de l’enfer pour sa propre population.

« Houna Bayrout » ou « Ici-Beyrouth », c’est le cri sorti des gorges de ces martyrs du monument de la Place des Canons, pour dire au monde : « Je ne suis pas morte. Je demeure cette ville-monde, ce paquebot urbain balloté par la Méditerranée et nonchalamment accosté aux pieds du Mont-Liban ».

Ici-Beyrouth est un appel à la résistance et à la reconquête de la souveraineté. Les foules du 17 octobre n’ont pas réussi à renverser l’imposture politique. Ces masses humaines n’ont malheureusement pas réussi à se constituer en un peuple partageant une vision et une volonté politiques claires et cohérentes. Ici-Beyrouth est un appel à chacun et chacune pour résister en tant que peuple et non en tant que groupes divers d’un vaste réseau associatif de solidarités utiles et nécessaires.


L’agora est par définition ce lieu privilégié où les belligérants viennent régler leurs différends par la négociation, ayant renoncé à l’usage des armes. Tant que s’exercera la pression armée de l’une des parties, toute la vie publique s’en trouvera viciée ; tout respect de la règle du Droit défiguré ; toute référence à la force de la Loi bafouée. Toute vie démocratique sera réduite à néant. La tyrannie des autocrates résumera tout pouvoir et l’arbitraire des dictateurs sera l’unique ersatz de justice.

Déposons les armes et rassemblons-nous sur toute agora libanaise. L’hégémonie des armes est incompatible avec une stratégie de réformes et une vie démocratique saine. Chacun et chacune est invité(e) à reprendre possession du sol de la patrie spoliée.

En ce 78ème anniversaire de l’indépendance du Liban, l’heure de la reconquête du pays a sonné.
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