Dans le climat de sinistrose ambiant qui sévit tant au plan local que régional, les Libanais s’accrochent à la moindre petite lueur d’espoir qui pointe (très timidement) à l’horizon. Pris en otage depuis de longues années par les " forces de facto ", ils n’accordent plus beaucoup d’importance aux promesses de déblocage des crises en cascade auxquelles ils sont soumis, et a fortiori ils perçoivent avec scepticisme les cérémonies nationales organisées ça et là par le pouvoir en place. C’est dans cette optique que se sont déroulées lundi matin 22 novembre les cérémonies officielles de l’indépendance.
Il reste que le défilé militaire traditionnel organisé à Yarzé a été suivi malgré tout de l’amorce d’un dégel dans les rapports entre le président Michel Aoun, le chef du législatif Nabih Berry et le Premier ministre Negib Mikati, plus spécifiquement entre MM. Aoun et Berry qui ont mis une sourdine, pour la circonstance, à leur querelle chronique. Les trois pôles du pouvoir se sont ainsi rendus à bord d’un même véhicule (une fois n’est pas coutume !) au palais présidentiel de Baabda.
Cette réunion tripartite impromptue a été de ce fait marquée par un dégel dans les relations entre le chef de l’Etat et le président de la Chambre. Au centre de la discussion, comme on pouvait évidemment s’y attendre : la paralysie au niveau de l’exécutif provoquée par l’obstination du tandem chiite Amal-Hezbollah de ne pas avaliser les réunions du Conseil des ministres avant la mise à l’écart du juge d’instruction Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Décision aurait été prise au cours de cette réunion de confirmer (!) le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs. Concrètement, cette concertation aurait débouché sur une (timide) lueur d’espoir sur le front gouvernemental, rapportent à Ici Beyrouth des sources proches de Nabih Berry. Le Conseil des ministres serait convoqué la semaine prochaine, après une paralysie de plusieurs semaines. Parallèlement, des démarches seraient entreprises auprès des dirigeants des pays du Golfe, notamment saoudiens, pour savoir si une démission du ministre de l’Information Georges Cordahi permettrait de mettre sur les rails une sortie de crise entre Ryad et Beyrouth. L’éviction de M. Cordahi, rappelle-t-on, a été réclamée par le royaume wahabite en raison des critiques acerbes lancées, avant la formation du gouvernement, par le ministre contre les dirigeants saoudiens. Si la réponse de Ryad est positive, M. Cordahi présenterait alors sa démission, marquant le (nécessaire) dégel avec l’Arabie Saoudite).
Les sources précitées précisent à Ici Beyrouth que si la réponse des pays du Golfe à la démarche du gouvernement libanais s’avère négative, le dossier de la crise serait alors discuté par le président Aoun avec les dirigeants saoudiens en marge de sa visite qu’il devrait effectuer au Qatar à la fin du mois en cours afin de participer à une conférence internationale qui se tiendra à Doha. Les Libanais croisent ainsi les doigts sur ce plan sans trop cependant, espérer y croire.

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