Est-ce un pur hasard ou, plutôt, le fruit d’une orchestration mise en place dans plus d’une région, à des fins inavouables ? La question se posait dimanche 24 avril en fin de soirée du fait des dérapages sécuritaires "ambulants" dont ont été le théâtre plusieurs régions durant le week-end écoulé.

Ces débordements ont d’abord débuté à Tripoli dans la nuit de samedi et se sont poursuivis durant la journée de dimanche à la suite du drame survenu au large de la capitale du Liban-Nord. Une embarcation transportant non moins de 70 personnes qui tentaient de rejoindre clandestinement Chypre a en effet coulé, en raison de la surcharge, faisant une quinzaine de tués.

Ce drame a suscité, certes, la colère des habitants du quartier de Qobbé, d’où sont originaires une partie des victimes, mais cette fureur, totalement légitime, a débouché sur des débordements. Des tirs nourris d’armes automatiques ont ainsi été signalés à Qobbé. Des hommes en armes sont descendus dans les rues de Tripoli et se sont livrés à des agressions contre l’armée libanaise.

Parallèlement, des routes ont été coupées dans la journée de dimanche dans certains quartiers de Beyrouth. Tard en soirée, des jeunes gens ont tenté de couper le ring Fouad Chéhab, sous le prétexte de se solidariser avec les familles des victimes du naufrage de Tripoli. Cette vive tension a poussé certains observateurs à s’interroger sur le caractère spontané de ces débordements ambulants entre Tripoli et Beyrouth.

Auparavant dans la journée de dimanche, des accroches aux armes automatiques entre "deux familles" avaient éclaté dans le secteur de Tallet el-Khayat et Aïcha Bakkar. Et cerise sur le gâteau, une roquette a été tirée tard dans la soirée de dimanche en direction d’Israël à partir du Liban-Sud.

Il s’agit là visiblement de trop de dérapages sécuritaires en peu de temps. De là à affirmer que ces incidents sont les prémices d’événements fomentés pour tenter de reporter le scrutin du 15 mai il n’y a qu’un pas que nombre d’observateurs se sont empressés de franchir.