Aucun groupe parlementaire n’a boycotté la séance, mais le défaut de quorum serait dû à une volonté générale de ne pas mener à terme cette motion dans un contexte électoral sensible. Pour une source FL, l’intérêt de la motion, quoiqu’inaboutie, aura été de  " sensibiliser les électeurs de l’étranger à ces empiètements ", dans l’espoir que cela créera une incitation supplémentaire au vote ".  

La séance parlementaire qui devait se tenir jeudi à 14h à l’Unesco afin d’examiner une motion de censure présentée par le groupe des députés des Forces libanaises contre le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib ne s’est pas tenue faute de quorum. Seuls 53 députés se sont rendus à la réunion, selon le secrétaire général de la Chambre, alors que c’est la majorité absolue de 65 députés qui est requise.

Le département des Affaires étrangères est soupçonné d’avoir manipulé la répartition des électeurs sur les bureaux de vote en Australie pour empêcher une partie d’entre eux, notamment les partisans des FL, d’exercer leur droit de vote.

Aucun groupe parlementaire n’a boycotté la séance, mais le défaut de quorum serait dû à un consentement général de ne pas mener à terme cette motion dans un contexte électoral sensible. Même le groupe des FL n’était pas au complet, sans doute en connaissance de cause, à en croire une source FL.

Pour cette source, " le président de la Chambre a répondu à l’appel des FL en convoquant à la séance mais il est clair qu’un mot de passe du mandat a été donné pour qu’il n’y ait pas de quorum ". " Le chef de l’Etat ne peut se permettre une démission de son ministre des AE et c’est lui qui a fait pression sur ses alliés du 8 Mars pour faire échouer la séance ", ajoute-t-elle.

Au final, l’intérêt de la démarche des FL aura été de " pointer du doigt les violations du ministère des Affaires étrangères et de sensibiliser les électeurs de l’étranger à ces empiètements ", selon la source. " Nous espérons que cela créera une incitation supplémentaire au vote, malgré tous les obstacles ", conclut-elle.

S’exprimant à l’issue de la réunion, le député Gebran Bassil, chef du groupe parlementaire du Courant patriotique libre et proche du ministre en question, a mis en cause les motifs de la motion.

Il a expliqué que la gestion des élections à l’étranger se fait par une décision du ministre de l’Intérieur en coordination avec le ministre des Affaires étrangères, et que c’est donc au premier qu’il faudrait demander des comptes.

Le député Georges Adwan, chef du groupe FL, a pour sa part indiqué que "le ministre effectif des Affaires étrangères est Gebran Bassil". "Nous verrons en faveur de qui le vote des émigrés se fera", a-t-il ajouté en précisant que les FL ne sont pas les seules à avoir contesté la répartition des bureaux de vote à l’étranger. "Le mouvement Amal et le Hezbollah s’y sont également opposés pour ce qui est de l’Allemagne et ils ont été entendus", a-t-il dit.

Le ministre des AE s’était réuni avant la séance avec le président de la commission de supervision des élections pour examiner les moyens de mener à bien le vote des émigrés. Il a par ailleurs répondu par ces termes au député Adwan: "Il me connaît et sait que personne n’accomplit mon rôle à ma place".