Le chef du CPL s’en prend aux manifestants du soulèvement du 17 octobre 2019, responsables selon lui de la suspension des travaux de construction d’un barrage à Bisri.

À Jezzine où il a effectué une tournée électorale lundi, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil a appelé à "juger ceux qui ont été à l’origine de la suspension des travaux du barrage de Bisri à cause de leur haine, de leur ignorance et de leur esprit vindicatif". Il a nommément cité dans ce cadre les manifestants du soulèvement du 17 octobre 2019, s’attirant une réaction virulente de Paul Abi Rached, président de l’association Terre-Liban et un des farouches détracteurs du projet contesté.

Paul Abi Rached a notamment énuméré la série d’échecs du ministère de l’Énergie et de l’Eau, dirigé par des ministres du CPL depuis 2008. En plus de l’obscurité totale dans laquelle le Liban est aujourd’hui plongé alors que le déficit d’EDL plafonne à près de 40 milliards de dollars, il a souligné la gestion catastrophique du secteur hydraulique qui semble se résumer pour Gebran Bassil à la construction de barrages, sans étude de faisabilité sérieuse, et surtout sans étude géologique des terrains.

M. Abi Rached a cité dans ce cadre "l’incapacité totale du ministère à faire fonctionner les stations d’épuration des eaux usées (établies pour la plupart grâce à un financement d’organismes internationaux de développement), voire à développer un réseau moderne de canalisations des eaux usées, à développer et à entretenir les installations hydrauliques, à lutter contre la pollution des nappes phréatiques et des eaux de surface (notamment le lac de Qaraoun) et à organiser le secteur anarchique des puits artésiens".

Il a aussi reproché au chef du CPL et à tous ses hommes qui se sont succédé au ministère de l’Énergie de manquer de vision. "L’ignorant est celui qui détruit la plus grande plaine agricole du Mont-Liban et une grande zone archéologique non fouillée", a-t-il lancé en réponse aux propos de Gebran Bassil, avant d’appeler à "juger tous ceux qui ont enfreint les lois dans la construction des barrages de Qaysamani, Janné, Beqaata, Msaylaha et Balaa, dont les travaux avaient été lancés avant d’effectuer des études d’impact écologique et social et avant d’obtenir le feu vert du ministère de l’Environnement".

Le camp aouniste essaie régulièrement d’obtenir un déblocage du projet de barrage à Bisri, suspendu non seulement à cause du tollé populaire contre cet ouvrage qui allait détruire une des plus belles vallées du Liban, mais parce que la Banque mondiale avait annulé son financement.

Le CPL avait essayé de le remettre sur le tapis, lors de l’une des dernières réunions du gouvernement, mais le ministre de l’Environnement Nasser Yassine avait fermement exprimé son opposition au projet, assurant qu’il ne sera pas exécuté.