Il y a 100 ans, le général Gouraud posait la première pierre de l’Hôtel Dieu de France, fleuron hospitalier emblématique de la coopération franco-libanaise. 

Jeudi, le temps d’un instant, le va-et-vient tumultueux des patients angoissés et du corps hospitalier au visage parfois crispé, a laissé place à une cérémonie célébrant les cent ans de la pose de la première pierre d’un grand établissement hospitalier de Beyrouth : l’Hôtel-Dieu de France.

Entre deux parenthèses musicales, plusieurs personnalités ont pris la parole dans le grand amphithéâtre de l’hôpital, en présence notamment du nonce apostolique, Joseph Spiteri, de l’ancien président Amine Gemayel, du ministre de l’Éducation Abbas Halabi et de membres du corps diplomatique.

"Nous n’avons pas perduré cent ans pour mourir aujourd’hui ; notre force morale, notre foi, notre confiance et notre cohésion exceptionnelle expliquent notre persistance", a déclaré à cette occasion Nassib Nasr, directeur général de l’hôpital. Le ministre de la Santé Firas Abiad, second membre du gouvernement présent à l’évènement, a, lui aussi, rappelé ces mêmes valeurs pour expliquer qu’elles ont permis à l’établissement de "conserver son rôle de pionnier".

Don français d’un million d’euros annoncé par Grillo

Dans son allocution, le père Salim Daccache, recteur de l’Université Saint-Joseph et président du conseil d’administration de l’Hôtel-Dieu, a salué la coopération franco-libanaise qui sous-tend le succès de l’hôpital. De même, il a rappelé en substance le visage humain de l’institution et sa mission de solidarité et d’altruisme. Son discours a ensuite été suivi de celui de l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, qui a annoncé pour l’occasion l’octroi d’un don d’un million d’euros au bénéfice de l’établissement, en renouvellement de la promesse faite par le président français Emmanuel Macron "de ne pas lâcher le Liban et le peuple libanais". Mme Grillo a, par ailleurs, signifié qu’un don significatif de médicaments était également en cours de finalisation à partir des besoins établis concernant les médicaments qui ont disparu du marché libanais. "En ce jour d’anniversaire, ce geste est une façon de vous dire que nous tenons à vous, que nous tenons à l’USJ, à l’HDF, à sa mission ; que la France et les Français ont à cœur le Liban et les Libanais, et vous particulièrement", a souligné Mme Grillo.

"Miracles"

L’Hôtel-Dieu étant avant tout un hôpital universitaire affilié à l’Université Saint-Joseph, le professeur et doyen de la Faculté de médecine, Roland Tomb, s’est exprimé au nom de cette collaboration permanente alliant éducation et santé. Rappelant le passé de l’institution et notamment la survie de l’hôpital à la guerre civile, il a pu le qualifier de succession de miracles. En fin de discours, le doyen Tomb a lancé un véritable appel aux "amis du Liban" et ambassadeurs étrangers, les exhortant à "ne jamais se lasser de nous et de notre cause". Mais son message s’adressait surtout aux Libanais de la diaspora et de l’intérieur qu’il a incités à ne pas baisser les bras en indiquant : "Je pense à l’exode des Libanais, notamment à celui des médecins sur lequel on a beaucoup épilogué. La lassitude et le défaitisme, qui se sont répandus de façon épidémique, sont encore plus mortifères que le Covid-19.  La panique s’est révélée plus contagieuse et plus pernicieuse que le virus. Sachons résister à tous ces démons, car la résistance ne consiste pas seulement à porter des armes : en l’occurrence, ces temps-ci, la résistance consiste surtout à ne pas porter ses valises."

L’évènement, qui s’est terminé par un cocktail, s’est singularisé par la diffusion d’un court film incluant entre autres des séquences concernant la gestion par l’hôpital, lui aussi affecté, de l’afflux des blessés à la suite de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

Les personnes présentes ont également pu visiter une exposition spécialement aménagée pour l’occasion, comportant une collection de photos et d’anciens appareils médicaux.