Alors que les électeurs libanais se préparent à voter aux législatives du 15 mai, des questions persistent sur la possibilité pour les personnes à besoins spécifiques, surtout celles souffrant d’un handicap physique, d’accéder en toute sécurité aux bureaux de vote. Human Rights Watch fait un état des lieux.

On estime qu’au Liban, 10 à 15 % de la population souffrent d’un handicap et le pays compte le plus grand nombre de personnes âgées du Moyen-Orient, dont certaines à mobilité réduite.

Alors que la loi électorale libanaise exige que le ministère de l’Intérieur prenne des mesures pour garantir que les personnes infirmes puissent voter, on estime que lors des élections précédentes, seuls quelques milliers ont voté, et beaucoup ont signalé de sérieux obstacles, selon HRW.

Au Liban, les bureaux de vote sont souvent situés dans des bâtiments scolaires, dont beaucoup ne sont pas accessibles aux personnes handicapées. De nombreux bureaux de vote sont également situés à des étages supérieurs, ce qui crée un obstacle pour les personnes qui ne peuvent pas monter les escaliers. Selon Sylvana Lakkis, présidente de l’Union libanaise des personnes ayant un handicap physique (ULPH), au lieu d’améliorer l’accessibilité aux centres de vote lors des dernières élections de 2018, le ministère de l’Intérieur avait chargé les agents des Forces de sécurité intérieure et des volontaires de la Défense civile d’aider les personnes ayant des difficultés à se déplacer à accéder aux étages supérieurs. Non seulement ces électeurs ont affirmé s’être sentis humiliés par ce genre d’assistance, mais cela a également entraîné de graves complications de santé pour certains, toujours selon HRW. Il a également été rapporté que certains volontaires présents dans les bureaux de vote ont essayé d’influencer politiquement le vote des personnes qu’ils transportaient à l’étage. Selon la ULPH, les autorités libanaises ont offert peu ou pas d’informations accessibles aux personnes souffrant d’un handicap intellectuel, visuel ou auditif, ce qui est essentiel pour que ces personnes puissent prendre des décisions politiques éclairées.

De légers progrès ont eu lieu selon Mme Lakkis, qui rapporte que pour la première fois, un petit nombre de bureaux de vote a été déplacé vers des lieux plus accessibles. Mais cela ne profitera qu’à un nombre limité de ce groupe de personnes, alors que tous les bureaux à travers le pays devraient suivre le même procédé.

Human Rights Watch a adressé une note écrite au ministère de l’Intérieur le 12 avril, l’interrogeant sur les mesures envisagées pour garantir que les personnes à besoins spécifiques puissent exercer leur droit de vote. A ce jour, l’association n’a toujours pas reçu de réponse.

Aya Majzoub, documentaliste des départements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à HRW affirme "qu’il reste encore beaucoup à faire concernant le droit à un vote libre et indépendant des personnes à besoins spécifiques et des personnes âgées".  Et d’ajouter que les autorités libanaises devraient faire de l’accessibilité, y compris durant les processus de vote, un critère essentiel pour renforcer la participation politique de ces citoyens à part entière.

Le 30 mars 2022, plusieurs dizaines de personnes souffrant d’un handicap physique s’étaient rassemblées devant le Sérail, au centre-ville de Beyrouth, pour réclamer leur droit à voter en toute dignité et autonomie.

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