Passée presque inaperçue jeudi, l’autorisation accordée par le gouvernement au ministère de l’Energie pour qu’il puisse conclure des contrats de gré à gré avec onze compagnies pour l’exploitation de champs d’énergie renouvelable a été violemment critiquée vendredi par le Parti socialiste progressiste.

Le PSP a contesté notamment une procédure contraire aux règles et qui dénote, selon lui, une volonté du camp présidentiel qui contrôle l’Energie de faire passer en Conseil des ministres "le maximum de textes douteux qui consacrent son hégémonie sur ce secteur", alors que le gouvernement de Najib Mikati est sur le point d’expédier les affaires courantes avec l’élection, dimanche 15 mai, d’un nouveau Parlement.

Il a ironisé sur ce sujet en indiquant que le CPL veut poursuivre ses "réalisations suspendues" à cause du groupe "ils ne nous ont pas laissés les entreprendre", auquel il doit ajouter la Banque mondiale qui a refusé de financer le plan d’acheminement de gaz et d’électricité de Jordanie et d’Egypte. Le PSP faisait ainsi allusion au leitmotiv du CPL qui, pour justifier le fait qu’il n’a entrepris aucune des réformes qu’il avait promises, accuse régulièrement ses détracteurs de l’en avoir empêché".

Dans un communiqué, le parti du leader druze Walid Joumblatt a accusé d’emblée le "courant de l’obscurité", en allusion au CPL, d’avoir "fait passer en douce en Conseil des ministres, un des maillons de sa chaîne de scandales flagrants".

Le gouvernement avait validé au cours de sa réunion jeudi une proposition du ministre de l’Énergie Walid Fayad d’accorder des licences d’exploitation de champs d’énergie renouvelable à 11 compagnies, non pas suivant un appel d’offres dans les règles, mais sur base de contrats de gré à gré étalés sur 25 ans. L’explication du ministre était la suivante: un appel d’offres avait été lancé en 2017 (sous le mandat du ministre César Abi Khalil) et ce sont les compagnies qui avaient proposé les prix les plus bas qui doivent signer aujourd’hui le contrat de gré à gré avec l’État libanais. Il n’a cependant pas précisé les raisons pour lesquelles les projets n’avaient pas été adjugés. Quoi qu’il en soit, ces sociétés disposeront d’un an pour trouver les fonds nécessaires pour la construction de stations de production d’énergie solaire (soit 11 au total), d’une capacité de 15 mégawatts chacune, une fois remplies les conditions posées par le ministère pour la signature finale du volet financier des accords.

L’annonce des contrats de gré à gré pour la construction de parcs de panneaux solaires sur l’ensemble du territoire libanais, à quelques jours des élections parlementaires et alors que le gouvernement est sur le point d’être chargé d’expédier les affaires courantes, suscite des interrogations sur lesquelles le PSP s’est attardé. Le parti a ainsi relevé que "l’autorisation se fonde sur la loi 129/2019 dont les effets avaient pris fin le 30 avril 2022 et qui ne peuvent par conséquent être étendus qu’en vertu d’une nouvelle loi adoptée au Parlement". Il a relevé une autre infraction en soulignant que l’octroi des autorisations relève de l’autorité de régulation du secteur de l’énergie, prévue par la loi 426/2002, laquelle impose le recours à un appel d’offres lorsque la production électrique dépasse les 35 mégawatts".

La mise en place de l’autorité de régulation est une des principales réformes prévues pour le secteur de l’énergie mais à laquelle s’oppose farouchement le chef du CPL, Gebran Bassil, dont le courant gère depuis 2010 le secteur de l’énergie; une gestion qui a plongé le pays dans une obscurité totale, associée d’un déficit grave d’EDL avec une dette qui dépasse les 40 milliards de dollars. Gebran Bassil ne veut pas d’une autorité dotée de plus de prérogatives que le ministre, ce qui entamerait sa mainmise opportune – et catastrophique pour le pays – sur le secteur de l’énergie. "Ce sont les mêmes méthodes obscures qui continuent d’être suivies par ceux qui se posent en obstacle devant la formation de l’autorité de régulation du secteur de l’énergie, qui refusent que les marchés qu’il conclut passent par la direction des adjudications, qui anticipe pour cela la mise en vigueur de la loi sur les achats publics et qui charge une association qui lui est proche (le Centre libanais pour la conservation de l’énergie-LCEC) de sélectionner les compagnies, sans fondement juridique", affirme le PSP qui appelle le gouvernement à "revenir sur ses décisions contraires aux lois et à faire face à tous genres de marchés douteux".