Le médiateur américain Amos Hochstein est arrivé lundi après-midi à Beyrouth. Des tractations politiques ont précédé sa visite.

Le médiateur américain Amos Hochstein est arrivé peu après 16h lundi à Beyrouth où il a eu deux entretiens, le premier avec le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, et le deuxième avec le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, au sujet des négociations indirectes avec Israël sur la délimitation de la frontière maritime. Il sera reçu mardi par les présidents de la République, Michel Aoun, et de la Chambre, Nabih Berry, ainsi que par le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati.

Quelques heures avant l’arrivée de M. Hochstein, les tractations politiques autour de ce dossier s’étaient intensifiées. Celui-ci a fait l’objet de discussions entre le président Michel Aoun et la représentante de l’ONU au Liban, Joanna Wronecka, ainsi qu’entre le chef de l’Etat et un groupe des députés dits du changement. Ces derniers ont d’ailleurs effectué une tournée auprès des trois pôles du pouvoir afin de plaider en faveur du droit du Liban à la ligne 29 qui représente selon eux la limite de la Zone exclusive libanaise.

Devant Mme Wronecka, M. Aoun a affirmé que c’est une "position libanaise unifiée" qui sera communiquée mardi au médiateur américain au sujet des propositions qui avaient été soumises en vue d’une reprise des négociations indirectes avec Israël, dans un sens qui sert les intérêts du Liban. Or concrètement, cela n’est pas le cas. La décision du président Aoun d’accepter la proposition d’Amos Hochstein de poursuivre les négociations indirectes avec Israël sur base de la ligne 23 mais suivant un tracé dévié, alors que le Liban négociait sur base de la ligne 29 qui lui faisait gagner une superficie supplémentaire en mer, avait soulevé un tollé dans le pays.

Devant Mme Wronecka, le chef de l’État a souligné la disposition des Nations unies à "contribuer à tout ce qui est de nature à relancer les pourparlers".

Plus tard le chef de l’Etat a exposé aux députés Najat Aoun, Melhem Khalaf, Ibrahim Mneymné, Rami Fanj, Marc Daou, Waddah Sadek et Yassine Yassine les grandes lignes de la politique que suit le Liban au niveau de ce dossier, après avoir exposé les différentes étapes des négociations indirectes et les difficultés sur lesquelles elles ont buté. Il a notamment insisté sur l’attachement du Liban à ses droits dans l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières. "Il n’est pas question de renoncer à ces droits", a-t-il affirmé, en indiquant que les discussions avec le médiateur américain vont porter "sur la position du Liban qui reste attaché à la reprise des pourparlers, lesquels s’étaient arrêtés lorsque Israël avait rejeté la proposition libanaise de considérer la ligne 29 comme une ligne de négociations, et que le Liban avait à son tour rejeté la proposition israélienne de considérer comme telle la ligne 1".

M. Aoun a aussi fait état de "pressions exercées sur le Liban pour l’empêcher d’exploiter ses ressources" et a de nouveau insisté sur le fait qu’il lui appartient, conformément à la Constitution de "diriger les négociations". "Une fois un accord conclu, le Conseil des ministres doit l’entériner et le transférer au Parlement, conformément aux règles, ce qui ne s’est pas encore produit pour la ligne 29", a-t-il dit.

Les propos du chef de l’État constituaient une réponse à une série de questions posées au nom du groupe parlementaire par Melhem Khalaf, au sujet notamment de la nécessité pour le Liban de s’accrocher à la ligne 29 et des raisons pour lesquelles l’amendement du décret 6433/2011 n’a toujours pas été signé. La signature de cet amendement, rappelle-t-on, confirme le droit du Liban à la ligne 29.

Les députés devaient ensuite se rendre auprès du chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, et du président de la Chambre, Nabih Berry. A Aïn el-Tiné, c’est le député Marc Daou qui a pris la parole au nom du groupe pour défendre le droit du Liban à la ligne 29 et réclamer un débat de politique générale afin de demander des explications sur ce dossier au gouvernement et à ceux qui mènent les négociations. "Nous effectuons notre devoir de contrôle dans l’intérêt du peuple libanais", a-t-il dit.