Le Tribunal spécial pour le Liban a condamné à la prison à perpétuité deux membres du Hezbollah Hassan Merhi et Hussein Oneissi qui avaient été jugés coupables en appel, en mars dernier, dans l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005.

Le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) a condamné jeudi, par contumace, à la prison à perpétuité deux membres du Hezbollah impliqués dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. Vingt-et-une autres personnes sont décédées dans cet attentat à la voiture piégée et 226 ont été blessées.

"La chambre d’appel décide à l’unanimité de condamner M. (Habib) Merhi et M. (Hussein) Oneissi à la réclusion à perpétuité, la peine la plus lourde prévue par le statut et le règlement" du tribunal, a déclaré la présidente du TSL, Ivana Hrdlickova.

Le tribunal avait jugé coupables en appel, le 10 mars, Hussein Oneissi et Hassan Habib Merhi, annulant leur acquittement. Ils ont été condamnés pour tous les chefs d’accusation pour lesquels ils avaient été reconnus coupables : complot en vue de commettre un acte de terrorisme (chef d’accusation no.1), complicité pour la perpétration d’un acte de terrorisme (chef d’accusation no. 6), complicité en vue d’un homicide intentionnel (chefs d’accusation nos. 7 et 8) et complicité en vue d’une tentative d’homicide intentionnel (Chef d’accusation no. 9). La Chambre d’appel a ordonné que les peines soient confondues

Les deux hommes avaient "pleinement conscience que le projet d’attentat en plein cœur de Beyrouth tuerait Rafic Hariri" et d’autres personnes, a soulevé la juge Ivana Hrdlickova. Ils ont agi avec préméditation et se sont rendus coupables de crimes d’une "gravité extrême" et "particulièrement odieux" qui ont "plongé le peuple libanais dans un état de terreur", a-t-elle ajouté.

À l’issue du procès en première instance, le tribunal avait condamné Salim Ayache en 2020, mais avait estimé qu’il n’y avait pas assez de preuves pour condamner les autres accusés, Assad Sabra, Hussein Oneissi et Hassan Habib Merhi. L’accusation avait fait appel des acquittements de ces deux derniers. Le dossier montre un nombre important d’échanges avec différents téléphones portables utilisés par les condamnés dans les heures qui ont suivi l’assassinat de M. Hariri.

Les trois condamnés sont toujours en fuite. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a refusé de les remettre au tribunal, lequel a averti qu’il fermerait sous peu en raison d’un manque de fonds.

" Aujourd’hui, nous avons été témoins de l’achèvement des poursuites judiciaires entamées contre Salim Jamil Ayyash, Hassan Habib Merhi et Hussein Hassan Oneissi les trois coupables pour leur actes odieux commis dans l’assassinat de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri, le meurtre de 21 autres personnes et la blessure de 226 autres ", a annoncé le procureur canadien, Norman Farrell, au terme de l’audience. Et d’ajouter : " Cet attentat a provoqué une immense souffrance et douleur pour de nombreuses victimes et leurs familles. Malgré leurs efforts, les trois coupables n’ont pas réussi à tromper le public, ni à échapper à la justice et à rester impunis. Aujourd’hui ils ont été condamnés pour les crimes qu’ils ont commis."

" Il ne faut pas oublier que ce résultat ne représente pas l’étape finale dans le processus de redevabilité. La justice demande qu’ils soient arrêtés. J’exhorte ceux qui leur permettent d’échapper à la justice de les livrer au Tribunal spécial pour le Liban et j’appelle la communauté internationale à prendre toute mesure à sa disposition pour les arrêter ", a ajouté le procureur.

Le juge Farrell a ainsi remarqué que " les détails de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le meurtre de 21 autres personnes et la blessure de 226 autres ont été dévoilés au peuple libanais moyennant la présentation de preuves irréfutables et crédibles ". " Ce résultat n’aurait pas été atteint sans les efforts de témoins et victimes courageux, qui ont témoignés au cours d’un procès équitable et indépendant ", a-t-il encore dit.

Un autre procès contre Salim Ayache pour une série d’attaques contre plusieurs hommes politiques a été annulé, faute de liquidités.

Il pourrait bien s’agir du tomber de rideau pour le TSL, qui siège près de La Haye, aux Pays-Bas. Menacé de disparition faute de financement, le tribunal devrait fermer ses portes à l’issue de ce procès.

Réagissant au jugement du TSL, l’ancien Premier ministre Saad Hariri a estimé que cette peine est "la plus claire en ce qui concerne la condamnation du Hezbollah en tant que partie responsable de la planification et l’exécution du crime". Le Hezbollah ne peut pas "échapper à sa responsabilité de livrer les condamnés à la justice pour qu’ils purgent leur peine", a-t-il écrit sur son compte Twitter. "L’histoire sera sans merci", a conclu M. Hariri.