Le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, a appelé "la communauté internationale à coopérer avec le Liban pour faciliter le retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine". Il a ajouté que dans le cas contraire, le Liban "adopterait une position que les pays occidentaux ne souhaitent pas, et qui consisterait, par le biais de moyens légaux et l’application ferme des lois libanaises, à œuvrer pour les sortir du Liban". De son côté, le ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar, a fait état d’une initiative dans ce sens, précisant qu’il en annoncera bientôt les détails.

MM. Mikati et Hajjar ont tenu ces propos lundi lors du lancement du "Plan libanais de réponse à la crise 2022-2023", au Grand Sérail.

Le Premier ministre sortant a déclaré qu’"au cours des onze dernières années, le Liban a subi une grande pression en raison de la présence de plus d’un million sept cent mille déplacés syriens et réfugiés palestiniens, qui vivent sur tout le territoire libanais".

"Malgré la crise profonde qui frappe le Liban de plein fouet, nous avons accueilli les Syriens en faisant preuve d’un esprit hospitalier sans pareil, toutefois, nous ne pouvons pas nier que leur présence constitue un lourd fardeau qui pèse sur le secteur économique" a-t-il ajouté.

M. Mikati a appelé les gouvernements partenaires et les Nations Unies à "redoubler d’efforts pour permettre le retour des Syriens dans leur pays".

"Nous renouvelons donc notre appel et insistons sur leur retour dans des conditions dignes, faute de quoi le gouvernement libanais se trouvera dans l’obligation d’agir par d’autres moyens, dans un cadre parfaitement légal", a-t-il ajouté.

Le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar.

Hajjar
Do son côté, le ministre Hajjar a rappelé que le Liban a expliqué, durant la sixième conférence sur "le soutien de l’avenir de la Syrie et de la région" à Bruxelles en mai 2022, sa position de manière claire et réaliste.

"Nous avons insisté sur le fait que le Liban maintient son engagement sur le principe en vertu duquel le retour en Syrie des déplacés ne doit pas être un retour forcé.  Mais notre situation est aujourd’hui devenue intenable, et l’État libanais n’est plus en mesure de supporter la charge résultant de ce dossier", a-t-il ajouté.

"De fait, et durant de longues années, l’État libanais a subi des pertes sur divers plans, sans compter la dégradation de la situation sécuritaire et du contrôle des frontières visant à endiguer les vagues d’émigration clandestine", a-t-il expliqué.

M. Hajjar a ajouté qu’il préparait "une initiative" dont il a discuté avec les délégations qu’il a rencontrées récemment et dont il annoncera les détails dans les jours à venir.

Il a dit: "Avec la détérioration de la situation économique et la dévaluation de la livre libanaise, nous avons souvent réclamé l’application du principe d’équité dans la distribution de l’aide afin d’y inclure un plus grand nombre de villages et de villes accueillant les déplacés syriens".

"Nous avons aujourd’hui et plus que jamais besoin d’un soutien accru pour maintenir un niveau minimal de stabilité et de soutien social pour les plus nécessiteux, les déplacés syriens et les communautés libanaises qui les accueillent", a-t-il ajouté.

Lancement du Plan de réponse à la crise du Liban 2022-2023, au Grand sérail (photos Dalati Nohra)

Rochdi

De son côté, la coordinatrice des Nations unies pour l’aide humanitaire, Najat Rochdi, a insisté sur la difficulté pour les familles syriennes de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires: "Neuf Syriens sur dix vivent dans la pauvreté au Liban. Les niveaux de pauvreté ont également augmenté de façon spectaculaire parmi les populations libanaise, immigrée et palestinienne".

"Ces conditions conduisent à des mécanismes d’adaptation négatifs, car les familles sont obligées d’envoyer leurs enfants au travail plutôt qu’à l’école, de réduire le nombre de repas ou d’emprunter. Les municipalités doivent être soutenues pour maintenir les services de base malgré les énormes lacunes au niveau des capacités", a-t-elle ajouté.

Chastenay

S’exprimant au nom des pays donateurs, l’ambassadrice du Canada au Liban, Chantal Chastenay, a indiqué que "lors de la Conférence de Bruxelles, 4,1 milliards de dollars avaient été promis pour les réfugiés syriens et les communautés hôtes".

Elle a estimé que "la réponse à la crise syrienne au Liban a évolué au fil des années par le biais des interventions des pays donateurs et la fourniture de services par les institutions publiques compétentes", soulignant "la nécessité de maintenir le soutien aux réfugiés et aux communautés concernées, et de travailler ensemble pour assurer une réponse efficace et coordonnée dans ces conditions difficiles".

3,2 milliards de dollars

Le ministère des Affaires sociales a en outre publié un communiqué indiquant que "le gouvernement libanais, en collaboration avec ses partenaires nationaux et internationaux, a lancé aujourd’hui un appel de 3,2 milliards de dollars pour faire face aux effets persistants de la crise syrienne sur ses habitants, proposer des aides vitales aux personnes dans le besoin et soutenir les infrastructures des institutions publiques au Liban".