Malgré les certitudes des uns, l’insistance des autres et la détermination des partisans de la société civile à ce que les prochaines échéances constitutionnelles aient lieu dans les délais impartis, la tenue des élections législatives et présidentielle reste plus que jamais incertaine. Et pour cause, les parties qui président actuellement aux destinées du pays prendront la décision stratégique de donner le feu vert à ces élections en fonction des intérêts spécifiques de l’Iran, même si cela dessert le Liban.
Le sort des deux échéances constitutionnelles serait ainsi, selon un ancien responsable, en ballotage entre les résultats des négociations à Vienne sur le nucléaire iranien entre la communauté internationale et Téhéran, et les tentatives de trouver une solution aux différentes crises, à commencer par la Syrie, afin de jeter les bases d’un grand compromis qui mettrait fin à l’instabilité régionale.
Les deux scrutins interviennent à un moment de crise existentielle nationale pour le Liban. Les chrétiens ont opéré un repli de la vie politique, abandonné leur crédo relatif au vivre-ensemble, se sont dispersés du fait de leurs rivalités, leurs intérêts et leur embrigadement dans la politique des axes. Ils n’ont plus de vision commune ou d’unité de positions.
Les chiites, par contre, sont dans une situation d’hypertrophie politique en raison de l’hégémonie tentaculaire du Hezbollah, qui leur confère une prépondérance certaine dans les équilibres de forces, qui n’est pas sans rappeler ledit «maronitisme politique» de la période 1920-1975 ou «le sunnisme politique» de l’après-guerre.
Les sunnites, pour leur part sont aujourd’hui plongés dans un état d’ihbat, ce mélange de frustration et de désenchantement qui avait pesé de tout son poids sur les chrétiens entre 1990 et 2005. Cet ihbat, qui se traduit par l’éclatement centrifuge et l’atomisation de la communauté en termes de représentation politique, avec notamment la perte d’influence du courant du Futur et le repli politique de son chef Saad Hariri, est dû en partie à un désengagement arabe – surtout de l’Arabie saoudite – vis-à-vis du Liban, accompagné d’un basculement du rapport de forces en faveur de Téhéran en Syrie, en Irak et au Yémen. Au moins depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, les sunnites essuient revers après revers.
En ce qui concerne enfin la Montagne libanaise, les semeurs de discordes communautaires ne chôment pas pour y allumer le baril de poudre qui ferait exploser l’ensemble du pays, d’où la double attitude du leader druze Walid Joumblatt – qui n’a pas oublié l’expédition punitive du 7 mai 2008 – d’opposition douce au Hezbollah, interrompue par moments, il est vrai, par des piques ardentes à l’encontre du parti chiite, et de verrouillage politique communautaire via sa trêve avec ses deux rivaux, Talal Arslane et Wi’am Wahhab.
La crise est transversale et il n’existe aucun projet, aucune vision nationale pour en sortir. Chaque communauté la vit donc en solitaire et essaie d’y trouver des solutions partielles, ce qui a pour effet d’étendre considérablement la crise à tous les niveaux et de l’approfondir. Il en est ainsi par exemple du prochain scrutin législatif, au sujet duquel il n’existe aucune position unie, chaque partie envisageant la question sur base de ses intérêts les plus étriqués, sans songer un instant au bien commun.
De multiples interrogations subsistent quant à l’état du Liban dans le cas où les législatives ont lieu, notent des sources diplomatiques. Que feront les Libanais? Pourront-ils mettre de côté leurs clivages politiques et personnels afin de se lancer dans une entreprise de sauvetage du pays ? Ou bien persisteront-ils sur la même voie et selon le même style, en attendant le règlement de tous les dossiers de la région?
Et si les élections n’ont pas lieu? Dans ce cas, répond une source parlementaire souverainiste, le spectre de la Constituante recherchée par le Hezbollah pour torpiller la formule paritaire islamo-chrétienne définie lors de la conférence de Taëf en 1989 et instaurer une répartition par tiers (chiite/sunnite/chrétiens) se profile à grands pas. C’est dans ce cadre que s’inscrirait la campagne menée par le Hezbollah contre le patriarcat maronite en raison de l’appel de Bkerké à l’octroi d’un statut de neutralité positive pour le Liban et à l’organisation d’une conférence internationale de soutien au pays. C’est aussi dans ce contexte qu’il faut replacer que le parti chiite s’emploie à torpiller l’initiative du patriarche Béchara Raï pour débloquer le dossier judiciaire relatif à l’explosion du port de Beyrouth et à relancer l’action du Conseil des ministres.
Le Hezbollah s’emploie aussi à creuser le fossé entre le président de la République, Michel Aoun et le président des Forces libanaises, Samir Geagea, exploitant l’ambition présidentielle du genre du chef de l’Etat, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, afin de détruire l’accord de Meerab et de replonger la scène chrétienne dans ses zizanies, alors qu’une sortie de crise nationale passe par un retour des chrétiens à leur rôle historique de gardiens de l’entité libanaise, et de la souveraineté du Liban comme patrie définitive pour tous ses fils au sein de la formule de vivre-ensemble.
En réponse à cette invitation à une entreprise de sabotage organisée, M. Bassil se fait un plaisir de répondre présent et de jouer le jeu, en prétendant de Faraya (Kesrouan) qu’ «il n’y a pas d’occupation iranienne» du Liban, malgré le récent déploiement d’un barrage armé du Hezbollah à… Ouyoune el-Siman, pas loin du meeting organisé par le chef du CPL… L’expression du «message paradoxal» dans toute sa splendeur, source de schizophrénie, où le discours de propagande électorale est démenti par la réalité sur le terrain.
Mais qui est encore dupe?
Le sort des deux échéances constitutionnelles serait ainsi, selon un ancien responsable, en ballotage entre les résultats des négociations à Vienne sur le nucléaire iranien entre la communauté internationale et Téhéran, et les tentatives de trouver une solution aux différentes crises, à commencer par la Syrie, afin de jeter les bases d’un grand compromis qui mettrait fin à l’instabilité régionale.
Une crise transversale
Les deux scrutins interviennent à un moment de crise existentielle nationale pour le Liban. Les chrétiens ont opéré un repli de la vie politique, abandonné leur crédo relatif au vivre-ensemble, se sont dispersés du fait de leurs rivalités, leurs intérêts et leur embrigadement dans la politique des axes. Ils n’ont plus de vision commune ou d’unité de positions.
Les chiites, par contre, sont dans une situation d’hypertrophie politique en raison de l’hégémonie tentaculaire du Hezbollah, qui leur confère une prépondérance certaine dans les équilibres de forces, qui n’est pas sans rappeler ledit «maronitisme politique» de la période 1920-1975 ou «le sunnisme politique» de l’après-guerre.
Les sunnites, pour leur part sont aujourd’hui plongés dans un état d’ihbat, ce mélange de frustration et de désenchantement qui avait pesé de tout son poids sur les chrétiens entre 1990 et 2005. Cet ihbat, qui se traduit par l’éclatement centrifuge et l’atomisation de la communauté en termes de représentation politique, avec notamment la perte d’influence du courant du Futur et le repli politique de son chef Saad Hariri, est dû en partie à un désengagement arabe – surtout de l’Arabie saoudite – vis-à-vis du Liban, accompagné d’un basculement du rapport de forces en faveur de Téhéran en Syrie, en Irak et au Yémen. Au moins depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, les sunnites essuient revers après revers.
En ce qui concerne enfin la Montagne libanaise, les semeurs de discordes communautaires ne chôment pas pour y allumer le baril de poudre qui ferait exploser l’ensemble du pays, d’où la double attitude du leader druze Walid Joumblatt – qui n’a pas oublié l’expédition punitive du 7 mai 2008 – d’opposition douce au Hezbollah, interrompue par moments, il est vrai, par des piques ardentes à l’encontre du parti chiite, et de verrouillage politique communautaire via sa trêve avec ses deux rivaux, Talal Arslane et Wi’am Wahhab.
La crise est transversale et il n’existe aucun projet, aucune vision nationale pour en sortir. Chaque communauté la vit donc en solitaire et essaie d’y trouver des solutions partielles, ce qui a pour effet d’étendre considérablement la crise à tous les niveaux et de l’approfondir. Il en est ainsi par exemple du prochain scrutin législatif, au sujet duquel il n’existe aucune position unie, chaque partie envisageant la question sur base de ses intérêts les plus étriqués, sans songer un instant au bien commun.
Le spectre de la Constituante
De multiples interrogations subsistent quant à l’état du Liban dans le cas où les législatives ont lieu, notent des sources diplomatiques. Que feront les Libanais? Pourront-ils mettre de côté leurs clivages politiques et personnels afin de se lancer dans une entreprise de sauvetage du pays ? Ou bien persisteront-ils sur la même voie et selon le même style, en attendant le règlement de tous les dossiers de la région?
Et si les élections n’ont pas lieu? Dans ce cas, répond une source parlementaire souverainiste, le spectre de la Constituante recherchée par le Hezbollah pour torpiller la formule paritaire islamo-chrétienne définie lors de la conférence de Taëf en 1989 et instaurer une répartition par tiers (chiite/sunnite/chrétiens) se profile à grands pas. C’est dans ce cadre que s’inscrirait la campagne menée par le Hezbollah contre le patriarcat maronite en raison de l’appel de Bkerké à l’octroi d’un statut de neutralité positive pour le Liban et à l’organisation d’une conférence internationale de soutien au pays. C’est aussi dans ce contexte qu’il faut replacer que le parti chiite s’emploie à torpiller l’initiative du patriarche Béchara Raï pour débloquer le dossier judiciaire relatif à l’explosion du port de Beyrouth et à relancer l’action du Conseil des ministres.
Au cœur du «message paradoxal»
Le Hezbollah s’emploie aussi à creuser le fossé entre le président de la République, Michel Aoun et le président des Forces libanaises, Samir Geagea, exploitant l’ambition présidentielle du genre du chef de l’Etat, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, afin de détruire l’accord de Meerab et de replonger la scène chrétienne dans ses zizanies, alors qu’une sortie de crise nationale passe par un retour des chrétiens à leur rôle historique de gardiens de l’entité libanaise, et de la souveraineté du Liban comme patrie définitive pour tous ses fils au sein de la formule de vivre-ensemble.
En réponse à cette invitation à une entreprise de sabotage organisée, M. Bassil se fait un plaisir de répondre présent et de jouer le jeu, en prétendant de Faraya (Kesrouan) qu’ «il n’y a pas d’occupation iranienne» du Liban, malgré le récent déploiement d’un barrage armé du Hezbollah à… Ouyoune el-Siman, pas loin du meeting organisé par le chef du CPL… L’expression du «message paradoxal» dans toute sa splendeur, source de schizophrénie, où le discours de propagande électorale est démenti par la réalité sur le terrain.
Mais qui est encore dupe?
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