Le chef des Forces libanaises Samir Geagea estime que seule une unification de l’opposition parlementaire barrera la voie à l’accession d’un candidat du 8 Mars à la présidence de la République.

Dans une interview accordée à la chaîne d’information en continu Euronews, axée principalement sur la présidentielle au Liban, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a réaffirmé qu’il est un "candidat naturel à la magistrature suprême, sur base des résultats des législatives (du 15 mai 2022) qui nous ont accordé le plus grand nombre de voix". Il a toutefois précisé que sa candidature "dépendra de la décision que prendront à ce sujet plusieurs départements de son parti ainsi que son groupe parlementaire", mais aussi de plusieurs autres facteurs en lien avec la conjoncture locale.

Il n’a quand même pas écarté la possibilité qu’un candidat du camp du 8 Mars (Hezbollah-CPL et leurs alliés) accède à la tête de l’État "si l’opposition parlementaire n’unifie pas ses rangs". "La démarche la plus importante à entreprendre le plus tôt possible consiste à unifier l’opposition. Si celle-ci parvient à s’entendre sur un candidat à la présidence de la République, elle aura réussi à nous protéger contre l’arrivée d’un chef de l’État du 8 Mars", a-t-il analysé. Il a poursuivi en estimant que si l’opposition soutient sa candidature à la tête de l’État, "tout changera". "Notre crise n’est pas impossible à régler. Elle est causée par des vautours affamés et leurs alliés, c’est-à-dire le groupe du Hezbollah dont l’agenda n’a rien à voir avec les intérêts des Libanais", a estimé le chef des FL.

Concernant le mandat du président actuel Michel Aoun, Samir Geagea a considéré qu’il est "le pire" que le Liban ait connu, tout en se déchargeant de toute responsabilité à ce niveau. Et d’expliquer: "Je ne suis pas responsable des pratiques de ce sexennat. Lorsque nous avions pris la décision de soutenir la candidature de Michel Aoun à la tête de l’État (2016), c’était après un blocage de deux ans et demi, et en raison de données nombreuses selon lesquelles le Liban s’acheminait de plus en plus vers une situation catastrophique. À l’époque, voter pour Aoun semblait une option possible pour éviter le pire. Au final, nous sommes arrivés au pire mais ce n’est pas de notre faute".

En réponse à une question, le chef des FL a indiqué qu’il n’est pas possible pour lui d’accepter de cesser de critiquer le Hezbollah en échange de son accession à la présidence de la République. "Pourquoi devrais-je accepter la fonction de chef de l’État si je dois ressembler à Michel Aoun et rester sous l’emprise du Hezbollah et sa stratégie", a-t-il commenté, avant d’ajouter, en réponse à une autre question : "Je préfère rester un citoyen ordinaire dans un État sérieux et fort plutôt que d’être le président d’une République qui n’existe plus".