Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, reçu mardi à l’Élysée, ont manifesté une volonté commune d’œuvrer ensemble pour favoriser un accord gazier entre l’État hébreu et le Liban.

Paris est entré de plain-pied dans le dossier des négociations indirectes, actuellement en suspens, entre le Liban et Israël sur la délimitation de la frontière maritime, se disant prêt à favoriser un accord gazier entre les deux pays.

L’annonce d’une intervention française au niveau du dossier jusque-là géré par Washington, à travers son médiateur Amos Hochstein, a été faite mardi par le président Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite officielle du Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, à Paris pour son premier déplacement international. Au menu des discussions, le nucléaire iranien et le Liban, selon un communiqué de l’Élysée.

Au cours de leur entretien, Emmanuel Macron et Yaïr Lapid ont manifesté une volonté commune d’œuvrer ensemble pour faciliter la conclusion d’un accord gazier entre l’État hébreu et le Liban.

Au cours d’une conférence de presse conjointe, M. Lapid a souligné la convergence de vues avec M. Macron sur la nécessité de "répondre" à la menace représentée, selon lui, par l’Iran au Moyen-Orient.

"En 2018, vous avez été le premier dirigeant mondial à parler de la nécessité d’un nouvel accord avec l’Iran, plus efficient (..) Vous aviez raison", a-t-il lancé. "La situation actuelle ne peut se perpétuer. Elle mènera à une course aux armements au Moyen-Orient qui menacera la paix mondiale".

Les responsables israéliens, qui craignent que l’Iran se dote de l’arme nucléaire – ce que Téhéran nie –, redoutent notamment que la levée de sanctions permette à Téhéran de regarnir ses coffres pour accroître son aide à ses alliés aux frontières d’Israël, comme le Hezbollah ou le Hamas.

Avant son départ pour la France, le Premier ministre israélien avait indiqué vouloir demander à M. Macron "d’intervenir" afin de sauver les pourparlers gaziers entre le Liban et l’État hébreu. "Les deux pays ont intérêt à aboutir à un accord qui permettra une exploitation énergétique au bénéfice des deux peuples", a répondu le président français. "La France y contribue déjà et est prête à y contribuer davantage", a-t-il ajouté sans autre précision.

Emmanuel Macron a appelé à "éviter toute action" qui mettrait "en danger" le processus en cours entre le Liban et l’État hébreu sur l’épineuse question du gaz offshore et la délimitation de la frontière maritime.

"Contrôler le Hezbollah"

Yaïr Lapid avait évoqué avec lui la menace que représente à ses yeux le Hezbollah sur la conclusion d’un accord gazier avec le Liban. Il a fait notamment référence à l’affaire des trois drones lancés par la formation pro-iranienne samedi en direction du champ gazier de Karish, situé dans une zone contestée en Méditerranée, au lendemain de l’arrivée au pouvoir de M. Lapid.

"Israël ne restera pas en retrait, placide, compte tenu des attaques répétées" du Hezbollah, a pour sa part prévenu Yaïr Lapid.

"Le gouvernement libanais doit contrôler le Hezbollah ou nous serons forcés de le faire", avait-il affirmé à des journalistes avant de s’envoler pour Paris. "Le Hezbollah poursuit sur la voie du terrorisme et sape la capacité du Liban à parvenir à un accord sur la frontière maritime", avait-il déjà commenté ce weekend.

Israël a signé mi-juin un accord pour livrer du gaz naturel à l’Égypte, qui prévoit de le liquéfier pour l’expédier en Europe. Le Vieux Continent cherche à diversifier ses approvisionnements énergétiques après la décision de la Russie de couper ses livraisons de gaz à des pays européens.

La visite de M. Lapid intervient avant celle, la semaine prochaine en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite, du président américain, Joe Biden, dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son arrivée à la Maison Blanche.