Le Drian à Beyrouth: le soutien à l'armée et la relance du pays au cœur des priorités
L'envoyé spécial du président français, Emmanuel Macron, pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, reçu par le président Joseph Aoun à Baabda. ©Al-Markazia

Le soutien à l’armée et la coordination internationale, notamment entre Paris, Washington et Riyad, pour préparer la tenue de deux conférences pour le Liban, ont été, entre autres, au cœur des entretiens de l’envoyé spécial du président français Emmanuel Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth.

La visite de l’émissaire français intervient, comme on le sait, dans un contexte de pressions internationales sur le Liban pour avancer sur les réformes économiques, institutionnelles et sécuritaires, et sur le désarmement du Hezbollah, condition principale pour la tenue des deux conférences internationales qui doivent aider le Liban à se remettre sur pied.

«Cette visite s’inscrit dans la continuité de la mission française pour le soutien et l’accompagnement du gouvernement libanais dans les choix pris récemment, à savoir le monopole des armes par l’État et le lancement des réformes», indique-t-on de source diplomatique à Ici Beyrouth.

Jean-Yves Le Drian a donc entamé sa visite à Beyrouth par une rencontre au palais de Baabda avec le président Joseph Aoun. Lors de cet entretien, le chef de l’État a exprimé sa gratitude pour le rôle de la France et du président Macron dans la préparation des deux conférences internationales, l’une consacrée au soutien à l’armée libanaise et l’autre à la reconstruction et à la relance économique du pays.

Il a également souligné que le Liban poursuivait ses réformes économiques et financières «non seulement pour répondre aux demandes internationales, mais aussi parce que les Libanais sont convaincus que ces réformes sont essentielles à la reprise économique».

«Ce sont exactement ces réformes qui permettront au Liban de regagner la confiance de la communauté internationale et d’optimiser les chances de réussite des deux conférences internationales, la première dédiée au soutien de l’armée et la deuxième à l’accompagnement des réformes», précise-t-on de même source.

Selon elle, «il ne s’agit pas, comme cela avait précédemment été le cas, de ‘cocher des cases’ et de remplir des conditions dans le but de débloquer une quelconque aide, mais de faire en sorte que les chances de réussite de ces conférences soient maximales».

Et de noter qu’il est «très probable que la conférence pour le soutien de l’armée se tienne avant celle destinée aux réformes». Pourquoi ? D’une part, parce que, et toujours selon cette même source, «la communauté internationale attend que le Liban complète les principes directeurs de sa stratégie de réforme, d’autant plus que de nombreux dossiers sont encore en suspens, comme l’encadrement du secteur de l’électricité, la loi sur le déficit budgétaire, etc.». Ensuite, parce que «nous témoignons d’un grand engouement en faveur du soutien à l’armée et d’une entente internationale (notamment franco-américaine, ndlr) à ce sujet». D’ailleurs, l’aide de 14,2 millions de dollars à l’armée libanaise, approuvée mercredi par le Pentagone, viendrait soutenir une telle thèse. On rappelle que dans un communiqué publié le 10 septembre, le Département de guerre américain a annoncé que cette somme vise «à renforcer les capacités de l’armée libanaise dans son action visant à démanteler les réseaux et infrastructures miliciennes, y compris le Hezbollah».

C’est donc dans ce contexte, qu’abordant le plan sécuritaire, le président de la République a affirmé dans la matinée et à l’issue de son entretien avec M. Le Drian, que l’armée libanaise continue de mettre en œuvre son plan de sécurité, qui débute par le sud du Litani, afin de désarmer les différentes factions libanaises et palestiniennes.

Il a cependant estimé que le maintien d’une présence militaire israélienne sur certaines zones du territoire libanais empêche l’achèvement complet du déploiement de l’armée jusqu’aux frontières internationales.

«Le Liban a à plusieurs reprises demandé à Israël de respecter l’accord de cessez-le-feu annoncé le 27 novembre dernier, mais toutes ces sollicitations sont restées sans réponse. Israël continue ses attaques, n’a pas remis les prisonniers libanais aux autorités étatiques et ne s’est pas engagé à appliquer la résolution 1701», a-t-il rappelé.

Il a insisté sur le fait que toute pression française ou américaine sur Israël pour la cessation des hostilités faciliterait l’achèvement du plan de sécurité élaboré par l’armée et approuvé par le Conseil des ministres, le 5 septembre dernier.

À cela, il a ajouté que l’armée maintenait son déploiement sur l’ensemble du territoire et le long des frontières, établissant des points de contrôle et recevant des instructions strictes pour confisquer les armes et munitions illégales.

Le président a également réitéré ses remerciements pour le rôle de la France et de la diplomatie française dans le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) pour un an et quatre mois.

Il a estimé que cette période permettrait un départ ordonné des troupes et donnerait à l’armée libanaise le temps de renforcer ses capacités, notamment en cas de retrait israélien et de cessation des attaques.

M. Aoun a enfin mis l’accent sur l’importance du soutien à l’armée, qu’il considère aussi crucial que la reconstruction économique. Selon lui, «le rôle de l’armée et des forces de sécurité dans le maintien de la sécurité et de la stabilité crée un climat propice à la reconstruction et au redressement économique».

Il a réaffirmé que la cohésion et la solidarité entre les Libanais restent indiscutables et que les divergences des points de vue dans certaines affaires politiques sont normales dans un système démocratique, mais qu’elles ne menaçaient pas l’unité nationale.

De son côté, Jean-Yves Le Drian a confirmé l’engagement de la France à soutenir le Liban dans tous les domaines, notamment en vue de la tenue des deux conférences internationales. Il a également fait état de résultats encourageants lors de ses récentes rencontres en Arabie saoudite, notant que les mesures prises par le Liban constituent des étapes positives pour le renforcement du soutien international au pays.

«Les Saoudiens pourraient très bien décider de se joindre à l’action de soutien international, d’autant plus que la confiance des pays de la région mais aussi ceux occidentaux à l’égard du Liban commence par se rétablir», nous confie notre interlocuteur, avant d’ajouter qu’il faudrait désormais s’attendre à des visites plus récurrentes de M. Le Drian au Liban.

Rencontres institutionnelles

Après Baabda, M. Le Drian s’est rendu à Aïn el-Tiné pour s’entretenir avec le président du Parlement, Nabih Berry, puis au Grand Sérail pour une réunion avec le Premier ministre, Nawaf Salam.

Le calendrier de sa visite prévoit également des échanges avec le commandant en chef de l’armée, Rodolphe Haykal, et d’autres responsables, afin de discuter de la mise en œuvre du plan de l’armée susmentionné, du suivi des transferts d’armes dans les camps palestiniens et de la lutte contre la contrebande aux frontières.

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