Aucun scénariste de Netflix n’oserait écrire l’histoire de madame Ghada Aoun et de son incroyable chasse illégale à un homme. Même pour une fiction, le script ne semblerait pas crédible. Et pourtant, au Liban, nous en sommes à la saison 3. Aujourd’hui marque probablement une sorte de summum du suspense. La juge était quasiment devant la porte de l’objet de sa vindicte. Juste avant le générique de fin, un autre juge est venu l’empêcher d’aller jusqu’au bout.
Cette triste affaire ne préjuge rien de bon pour l’avenir. Nous avons le sentiment de revivre une sorte de jusqu’au-boutisme, qui rappelle furieusement la fin des années 80, avec… les mêmes acteurs principaux. Avoir la tête du gouverneur de la banque centrale du Liban est devenu l’obsession d’un appareil politico-judiciaire qui va devoir tirer sa révérence dans quelques mois. Si tout va bien.
En attendant, il est légitime de penser qu’aucune réforme digne de ce nom ne pourra se mettre en place au Liban, parce que la première d’entre elles, celle de la justice, n’est pas à l’ordre du jour.
Car enfin, seule une justice libre et indépendante peut, par exemple, faire en sorte que la nouvelle loi sur le secret bancaire ne soit pas utilisée à des fins de règlements de comptes politiques. Seule une justice intègre pourra veiller à l’équité de la loi sur le « capital control ».
Avec le spectacle donné aujourd’hui, on peut légitimement se demander qui, au Liban, peut s’estimer à l’abri de l’arbitraire ? Personne. La hiérarchie judiciaire et les juges, dont l’écrasante majorité sont des personnes irréprochables, doivent dire stop !
Stop aux deux poids, deux mesures en permanence. Où est la justice à nos frontières ouvertes aux quatre vents ? Où est la justice face aux fabricants et trafiquants de drogues ? Où est la justice dans le contrôle des armes dans le pays ?
Où est la justice pour rendre compte du casse du siècle ; celui d’Électricité du Liban ? Pourtant, dans ce dernier cas, le siège est facilement accessible. Pas de gardes, ni de sécurité. C’est le seul de toute la zone sinistrée par l’explosion du 4 août 2020, à n’être toujours qu’une carcasse fantomatique. À l’image de sa gestion.
D’ailleurs, avant d’aller à la banque centrale et de choquer les employés qui ont vivement réagi face aux méthodes employées, que l’on nous dise où en est l’enquête sur l’explosion au port. Les centaines de morts, les milliers de blessés, les milliards de dollars de dégâts, l’exode définitif d’une partie des habitants de Beyrouth, dégoûtés de l’injustice…
Qui sont les coupables ? À qui appartenait le nitrate d’ammonium ? Qui savait ? Qui a couvert le stockage ?... C’est cela l’urgence de justice. À toutes ces questions, nous attendons, depuis deux ans, des réponses. En vain.
La justice, ce n’est certainement pas un énième épisode d’une course poursuite de série B, pour virer un homme et le remplacer par un fidèle.
Espérons simplement que la série s’arrêtera bientôt et qu’il n’y aura pas de nouvelle saison.
Cette triste affaire ne préjuge rien de bon pour l’avenir. Nous avons le sentiment de revivre une sorte de jusqu’au-boutisme, qui rappelle furieusement la fin des années 80, avec… les mêmes acteurs principaux. Avoir la tête du gouverneur de la banque centrale du Liban est devenu l’obsession d’un appareil politico-judiciaire qui va devoir tirer sa révérence dans quelques mois. Si tout va bien.
En attendant, il est légitime de penser qu’aucune réforme digne de ce nom ne pourra se mettre en place au Liban, parce que la première d’entre elles, celle de la justice, n’est pas à l’ordre du jour.
Car enfin, seule une justice libre et indépendante peut, par exemple, faire en sorte que la nouvelle loi sur le secret bancaire ne soit pas utilisée à des fins de règlements de comptes politiques. Seule une justice intègre pourra veiller à l’équité de la loi sur le « capital control ».
Avec le spectacle donné aujourd’hui, on peut légitimement se demander qui, au Liban, peut s’estimer à l’abri de l’arbitraire ? Personne. La hiérarchie judiciaire et les juges, dont l’écrasante majorité sont des personnes irréprochables, doivent dire stop !
Stop aux deux poids, deux mesures en permanence. Où est la justice à nos frontières ouvertes aux quatre vents ? Où est la justice face aux fabricants et trafiquants de drogues ? Où est la justice dans le contrôle des armes dans le pays ?
Où est la justice pour rendre compte du casse du siècle ; celui d’Électricité du Liban ? Pourtant, dans ce dernier cas, le siège est facilement accessible. Pas de gardes, ni de sécurité. C’est le seul de toute la zone sinistrée par l’explosion du 4 août 2020, à n’être toujours qu’une carcasse fantomatique. À l’image de sa gestion.
D’ailleurs, avant d’aller à la banque centrale et de choquer les employés qui ont vivement réagi face aux méthodes employées, que l’on nous dise où en est l’enquête sur l’explosion au port. Les centaines de morts, les milliers de blessés, les milliards de dollars de dégâts, l’exode définitif d’une partie des habitants de Beyrouth, dégoûtés de l’injustice…
Qui sont les coupables ? À qui appartenait le nitrate d’ammonium ? Qui savait ? Qui a couvert le stockage ?... C’est cela l’urgence de justice. À toutes ces questions, nous attendons, depuis deux ans, des réponses. En vain.
La justice, ce n’est certainement pas un énième épisode d’une course poursuite de série B, pour virer un homme et le remplacer par un fidèle.
Espérons simplement que la série s’arrêtera bientôt et qu’il n’y aura pas de nouvelle saison.
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