" Aucune garantie " que le programme nucléaire iranien soit totalement pacifique, a estimé le 7 septembre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En cause, un manque de coopération de l’Iran sur plusieurs sites. Le pays ne cessent d’ailleurs de réclamer la clôture de l’enquête.

Depuis que l’Iran a acquis de nouvelles centrifugeuses plus performantes, celles-ci fonctionnent sans relâche pour distiller de l’uranium enrichi à plus de 60%.

 

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a haussé le ton mercredi face à l’Iran, disant " ne pas être en position de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique ".

En cause, " l’absence de progrès " sur la question de trois sites non déclarés, où des traces d’uranium ont été découvertes par le passé, selon un rapport confidentiel consulté par l’AFP.

L’Iran ne cesse de réclamer la clôture de cette enquête et refuse de coopérer davantage, malgré le vote en juin d’une résolution critique au Conseil des gouverneurs de l’instance onusienne.

Inquiétudes

C’est l’un des points sur lesquels achoppent les négociations qui ont démarré en avril 2021 pour relancer l’accord de 2015 destiné à limiter le programme, en échange de la levée des sanctions américaines.

Le programme iranien des missiles balistiques est surtout voué à être utilisé comme vecteur de l’arme nucléaire.

 

Dans ce rapport présenté en interne avant le Conseil des gouverneurs de la semaine prochaine, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, se dit " de plus en plus inquiet de la non-coopération de l’Iran ".

Il appelle la République islamique " à répondre à ses obligations légales " et à fournir des " explications techniquement crédibles ".

L’AIEA déplore la décision iranienne de retirer 27 caméras de surveillance de divers sites, évoquant " des conséquences préjudiciables pour la capacité " à vérifier le caractère civil du programme nucléaire.

Déjà confrontée à la restriction des inspections depuis février 2021, elle évoque " des défis considérables " pour reconstituer le puzzle des activités si l’accès est rétabli, en cas d’accord entre Téhéran et les grandes puissances.

" Ce n’est pas une tâche impossible mais cela va nécessiter beaucoup d’efforts ", a confirmé un diplomate basé à Vienne à l’AFP.

Des pourparlers de nouveaux dans l’impasse

Après des signaux positifs le mois dernier, les pourparlers semblent à nouveau dans l’impasse.

Le pacte de 2015, connu sous son acronyme anglais JCPOA, vise à empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique – un objectif qu’il a toujours nié poursuivre.

Un site d’expérimentation de missiles balistiques en Iran.

 

Mais à la suite du retrait des Etats-Unis et du rétablissement des sanctions américaines qui étouffent son économie, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.

Ses stocks d’uranium enrichi dépassent désormais de plus de 19 fois la limite autorisée: à la date du 21 août, ils s’élevaient à 3.940,9 kg, contre 3.809,3 kg mi-mai, loin du plafond de 202,8 kilos auquel il s’était engagé.

Parmi ces réserves, la République islamique dispose de 55,6 kg d’uranium enrichi à 60% (contre 43,1 kg précédemment), seuil proche des 90% nécessaires à l’élaboration d’une arme atomique.

Selon la même source diplomatique interrogée par l’AFP, il faudrait probablement " trois à quatre semaines à l’Iran " pour atteindre la quantité requise, sachant que le processus pour aboutir à une bombe comprend d’autres étapes.

Quelles conséquences pour l’Iran ?

" Pendant que l’accord reste bloqué dans un purgatoire, l’Iran utilise le temps qui s’écoule pour renforcer son programme nucléaire ", analyse aussi dans une note Henry Rome, analyste d’Eurasia Group.

Les Occidentaux ont eu vent de l’existence de plusieurs sites nucléaires secrets en Iran à travers les images satellites. Dans cette photo, le site de Natanz.

 

Au vu de ces deux rapports, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA va-t-il décider d’aller plus loin et de transmettre le contentieux au Conseil de sécurité de l’ONU, habilité à prendre des sanctions?

Selon l’expert, ce scénario est " peu probable, à un moment aussi sensible ", d’autant que l’Assemblée générale de l’Onu, prévue plus tard dans le mois, " donnera l’occasion de tenir des discussions de haut niveau ".

Et même si les négociations patinent, " ni l’Iran ni les Etats-Unis ne semblent prêts à siffler la fin de négociations, et à affronter les défis qui seraient posés par une intensification des tensions bilatérales ", conclut M. Rome.

Avec AFP