Des militants iraniens ont appelé à manifester en masse samedi dans tout le pays alors que le mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini est entré dans sa cinquième semaine malgré une répression meurtrière. Le mouvement de contestation a entraîné des rassemblements de solidarité à l’étranger ainsi que des sanctions occidentales visant des responsables et institutions iraniens accusés d’implication dans la répression.

 

 

Vendredi, le président américain a évoqué la mort de Mahsa Amini: " J’ai été sidéré de ce que cela avait éveillé en Iran. Cela a éveillé quelque chose qui, je pense, ne se taira pas avant un long, long moment. " Joe Biden a peu après assuré que les Etats-Unis étaient " aux côtés des citoyens, des courageuses femmes d’Iran ".

Les femmes " doivent pouvoir porter ce qu’elles veulent porter, bon Dieu ", a lancé Joe Biden, ajoutant: " L’Iran doit mettre fin à la violence contre ses propres citoyens qui exercent simplement leurs droits fondamentaux ".

Joe Biden s’est rendu à Irvine, dans le sud de Californie, pour prononcer un discours sur un tout autre sujet, le coût de la santé aux Etats-Unis. Mais à la vue d’un groupe de manifestants dont certains brandissaient des pancartes " Free Iran ", il a d’abord évoqué la contestation qui traverse l’Iran.

Au diapason de Joe Biden, l’exécutif américain a affiché de manière plus visible vendredi son soutien aux manifestations en Iran.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a reçu des représentants de la diaspora iranienne, tandis que la vice-présidente Kamala Harris a convié l’actrice et activiste Nazanin Boniadi. " Nous assistons à quelque chose de remarquable à travers tout le pays, mené prioritairement par des femmes et des jeunes ", a dit le chef de la diplomatie américaine.

Kamala Harris a elle déclaré dans un communiqué que " le courage de ces femmes (l’)avait inspirée comme il a inspiré le monde " et a promis à son invitée l’aide de Washington pour " assurer que ces voix importantes soient entendues, y compris en rendant plus facile l’accès à internet " en Iran.

Téhéran a condamné les propos du président français, Emmanuel Macron, qui avait fait part mercredi de son " admiration " pour les " femmes " et les " jeunes " qui manifestent. Et " de manière très claire, la France condamne la répression menée aujourd’hui par le régime iranien ", avait-il encore dit.

Les propos de M. Macron sont une " ingérence " et ils ont servi à encourager " des personnes violentes et des contrevenants ", a réagi vendredi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.

L’indignation provoquée par le décès le 16 septembre de cette Kurde iranienne de 22 ans a entraîné la plus grande vague de manifestations en Iran depuis les protestations de 2019 contre la hausse du prix de l’essence dans ce pays riche en pétrole.

Au moins 108 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon l’association Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. De son côté, Amnesty a déploré la mort d’au moins 23 enfants " tués par les forces de sécurité iraniennes ", ajoutant qu’ils étaient âgés de 11 à 17 ans.

Deux membres des forces de sécurité ont été tués par balle dans la province méridionale de Fars dans le cadre des manifestations, portant à au moins 20 le nombre de membres des forces de l’ordre tués depuis le début de la contestation, ont rapporté vendredi des médias officiels.

 

 

Malgré le blocage par les autorités de l’accès à des applications populaires telles qu’Instagram et WhatsApp, des militants ont lancé un appel en ligne à manifester en masse samedi sous le slogan " Le début de la fin! " du régime.

Ils ont encouragé les jeunes et la population iranienne à manifester dans des endroits où les forces de sécurité ne sont pas présentes et à scander " Mort au dictateur ", en référence au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Parallèlement, des rassemblements " anti-émeutes " sont prévus samedi soir dans " toutes les mosquées du pays (…) pour contrer les complots des ennemis de l’Iran ", selon un communiqué du Conseil islamique de coordination du développement, chargé d’organiser des manifestations officielles.

Selon des analystes, la nature multiforme des manifestations anti-gouvernementales, notamment de jeunes qui se réunissent par petits groupes dans certains quartiers pour éviter d’être repérés, compliquent la tâche des forces de l’ordre pour tenter de les arrêter.

Dans une lettre ouverte publiée jeudi à sa une, le journal réformateur Etemad a demandé au plus haut responsable de la sécurité iranienne de mettre fin aux arrestations effectuées sous " des prétextes parfois fallacieux ".

Fait rare, la police de Téhéran a annoncé vendredi qu’elle allait enquêter sur des accusations de harcèlement visant un de ses agents. Ce dernier a été filmé alors qu’il semblait se livrer à des attouchements sur une manifestante tout juste interpellée, selon une vidéo publiée par des chaînes à l’étranger.

Ces derniers jours des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu en particulier à Sanandaj, capitale de la province du Kurdistan d’où était originaire Mahsa Amini.

Avec AFP