Les syndicats iraniens appellent à la grève et relancent ainsi le mouvement de contestation qui a démarré il y a plus d’un mois à l’annonce de la mort d’une jeune fille dans les locaux de la police des mœurs iranienne. Les arrêts de travail dans le secteur pétrolier et gazier représentent désormais un autre front pour le gouvernement des mollahs.

Certains experts rappellent que les grèves ont joué un rôle important en soutien à la révolution islamique de 1979 forçant le Shah à abdiquer. Après les Universités, les commerçants, les minorités ethniques aux frontières de l’Iran et du Pakistan et les prisonniers politiques qui ont mis le feu à la prison d’Evin, voici donc le secteur pétrolier et gazier qui cesse le travail en raison de revendications non satisfaites.

 

 

Ces mouvements sociaux mettent à mal le gouvernement iranien qui multiplie les déclarations sur le retour à l’ordre. Tous les officiels qui prennent la parole affirment que les troubles vont en diminuant. Le vice-ministre iranien de l’Intérieur, Majid Mirahmadi, a déclaré samedi aux médias d’État que les manifestations en étaient à leurs " derniers jours ".

Des grèves politiques

Les enseignants, les travailleurs du pétrole et les chauffeurs de bus sont des professions hautement organisées qui ont déjà fait grève pour des raisons économiques. Mais aujourdd’hui, les grèves prennent un tour résolument politique. Dimanche, les enseignants ont entamé une grève de deux jours, organisant des sit-in dans les écoles pour protester contre le grand nombre de morts et d’emprisonnements d’élèves. Au moins 23 enfants sont morts des violences policières lors des troubles actuels, selon Amnesty International.

Samedi, des travailleurs de l’usine de chocolat Aydin à Tabriz, dans l’ouest de l’Iran ont scandé des slogans antigouvernementaux, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Des grèves ont également eu lieu dans une usine de canne à sucre près de la frontière irakienne et dans l’un des plus grands complexes sidérurgiques du pays dans le sud, selon le Syndicat libre des travailleurs iraniens. Les chauffeurs des camions citernes d’Abadan qui aliment en essence les stations-services du pays ont rejoint les ouvriers en grève.

Atena Daemi , une militante des droits de l’homme à Téhéran, a déclaré que les travailleurs du pétrole d’un complexe pétrochimique dans le sud riche en pétrole du pays faisaient l’objet d’une répression féroce.

Le mécontentement économique qui s’exprime aujourd’hui n’a rien de coordonné au plan national. Mais le basculement dans la contestation des classes populaires généralement religieuses et respectueuses de l’ordre établi, serait un coup dur fondamental pour le régime.

 

L’article original est paru dans Mondafrique