Les Gardiens de la Révolution sont si profondément ancrés dans les structures militaires et économiques du pouvoir réel qu’ils sont peut-être en train de transformer la théocratie iranienne en une dictature militaire. Voici le scénario du pire qui, selon certains experts, pourrait avoir lieu à Téhéran dans les semaines à venir.

La contestation du régime des mollahs bat son plein: les femmes, les classes moyennes, le Bazar, les ouvriers du pétrole, les pauvres sont dans la rue et manifestent au quotidien, leur exécration du régime islamiste. Face à cette insurrection, le corps des Gardiens de la Révolution, la force la plus puissante du régime, reste étrangement absent.

Les Gardiens de la Révolution ont été fondés par l’ayatollah Ruhollah Khomeini, pour pallier les défections de l’armée du Shah. Aujourd’hui, le corps des Gardiens de la Révolution compte des centaines de milliers de membres.

Bien que le Guide Suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, soit le commandant en chef de toutes les forces armées du pays, les Gardiens de la Révolution fonctionnent comme une armée régulière avec leur propre hiérarchie de commandement.

 

 

Les Gardiens de la Révolution ne sont pas l’armée, mais disposent d’un formidable arsenal militaire qui comprend des programmes de missiles balistiques et de drones. Ils possèdent des usines, des sociétés de commerce, des banques, des infrastructures, de logements, des compagnies aériennes, des hôtels et des agences de tourisme. Ils aident l’Iran à contourner les sanctions grâce à un réseau d’opérations de contrebande. Ils n’ont pas de comptes à rendre au gouvernement, même lorsque, par accident, des actes de corruption deviennent publics. Bien que le Guide Suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, soit le commandant en chef de toutes les forces armées du pays, les Gardiens de la Révolution fonctionnent comme une armée régulière avec leur propre hiérarchie de commandement.

Au cœur du pouvoir
Les Gardiens de la Révolution ne sont pas l’armée, mais disposent d’un formidable arsenal militaire qui comprend des programmes de missiles balistiques et de drones.

 

 

Les Gardiens occupent des postes politiques clés, (la présidence du Parlement par exemple) et conseillent le Guide Suprême. Leur service de renseignement, très redouté, arrête et intimide les dissidents et les militants de l’opposition. Les Gardiens sont aussi à l’origine de la stratégie de conquête impérialiste du Moyen-Orient par milices locales interposées: Hezbollah au Liban, milices pro-iraniennes en Irak, Houthis au Yémen, contrôle du gouvernement Assad en Syrie, Hamas et Jihad islamique palestinien à Gaza.

En clair, les Gardiens sont un État dans l’État. Ils ne répriment pas directement les manifestants, mais confient cette tâche aux milices Bassidji dont ils ont le contrôle. Les Bassidji sont des mercenaires pauvres issus des bidonvilles et qui obéissent aveuglément aux ordres qu’ils reçoivent. Ce sont eux qui tirent aujourd’hui ouvertement contre la foule des manifestants.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a une grande influence sur les Gardiens.

 

 

Les Bassidji ayant échoué à mater définitivement le mouvement qui dure maintenant depuis plus d’un mois, une autre catégorie de défenseurs a commencé d’apparaître dans les rues de Téhéran: des hommes en uniformes beiges que des témoins ont identifiés comme les membres de commandos d’élite des Gardiens de la révolution, les Saberin.

Des drones qui ciblent les manifestants

Parallèlement, des drones qui sont sous la coupe des Gardiens surveillent et ciblent les manifestants au quotidien.

Les Gardiens de la Révolution ne sont pas l’armée, mais disposent d’un formidable arsenal militaire qui comprend des programmes de missiles balistiques et de drones.

 

 

Les Gardiens de la Révolution ont tout à perdre au renversement du régime. Leur puissance politique, militaire et financière repose sur le système mis en place par les mollahs. Mais si le mouvement s’élargit à de nouvelles catégories d’Iraniens, si des corps de policiers ou de militaires rejoignaient le mouvement de contestation, que feraient les Gardiens? Ont-ils intérêt à tuer des centaines, voire des milliers de femmes pour maintenir en fonction un Guide Suprême qui croit réellement que ce sont les Israéliens qui manipulent les foules en colère de Téhéran? Le voile est-il réellement nécessaire au pouvoir des Gardiens? Nombreux sont les analystes qui soutiennent que l’Iran n’est plus une théocratie dirigée par des religieux chiites, mais un État militaire dirigé par les Gardiens.

Toute la question pour le pouvoir iranien est celle de sa fracturation. Si une partie de ses superstructures, à commencer par les Gardiens, rejoignait la rue, ou décidait de se débarrasser des mollahs pour donner satisfaction à la rue, alors l’Iran entrerait dans une nouvelle phase de la Révolution. Pas forcément la moins inquiétante.

 

L’article original est paru dans Mondafrique