Le partenariat militaire de plus en plus approfondi entre l’Iran et la Russie, particulièrement visible en Ukraine, inquiète les États-Unis. Selon la Maison-Blanche, cette alliance est " néfaste " pour l’Ukraine et la communauté internationale, ajoutant que les deux pays ont transformé leur relation " en un partenariat de défense plein et entier ".

Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue iranien Ebrahim Raisi lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Samarcande, en Ouzbékistan (AFP)

La Maison-Blanche a lancé vendredi un grave avertissement contre le " partenariat militaire à grande échelle " et toujours plus approfondi entre Moscou et Téhéran, qui pourrait les voir bientôt fabriquer ensemble des drones " tueurs ".

Alors que l’Iran fournit déjà à l’armée russe des drones utilisés en Ukraine, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif américain, a indiqué qu’en retour, la Russie " offrait à l’Iran un niveau sans précédent de soutien militaire et technique ", ce qui " transforme leur relation en un partenariat de défense plein et entier. "

Un drone russe de fabrication iranienne s’abat sur Kiev.

Cette évolution est " néfaste " pour l’Ukraine, les pays voisins de l’Iran et " la communauté internationale ", a-t-il ajouté.

Selon le renseignement américain, Moscou et Téhéran envisagent en particulier de lancer une production commune de drones " tueurs " en Russie, a indiqué John Kirby, sans donner plus de détails sur l’état d’avancement du projet.

Le porte-parole a aussi rappelé que l’Iran envisageait de vendre à la Russie des " centaines " de missiles balistiques, une information que les Américains avaient déjà rendue publique.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Ebrahim Raissi lors d’une réunion autour de la fameuse table anti-Covid du Kremlin.
Équipements " sophistiqués "

" L’aide va dans les deux sens ", a assuré John Kirby.

De son côté, Moscou s’apprête, en effet, selon les États-Unis, à fournir à l’Iran des équipements " sophistiqués ", des hélicoptères, des systèmes de défense antiaérienne et des avions de combat, a encore dit le porte-parole.

Rapportant des informations selon lesquelles des pilotes iraniens avaient commencé à s’entraîner en Russie sur des SU-35, des avions de combat russes, John Kirby a déclaré que " l’Iran pourrait recevoir des avions l’an prochain ", ce qui " augmenterait de manière significative " les capacités aériennes de Téhéran.

Le système de défense aérien S-300, acquis par l’Iran en 2007 pour une valeur de 800 millions de dollars. (AFP)

L’ambassadrice du Royaume-Uni aux Nations-Unies Barbara Woodward a elle également publié un communiqué accusateur contre l’Iran et la Russie. " La Russie dément ces projets. Mais ils ont aussi démenti qu’ils allaient envahir l’Ukraine, nous ne les croyons donc pas ", a-t-elle déclaré.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a de son côté dénoncé les " transactions sordides " entre Moscou et Téhéran.

" Nous demandons à l’Iran de changer de trajectoire ", a dit John Kirby à propos à la fois du projet de vente de missiles et de celui d’une ligne commune de production de drones.

Un drone iranien " Shahed " 136.

" Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour dévoiler et perturber ces activités et nous sommes prêts à en faire plus ", a assuré le porte-parole.

John Kirby a d’ailleurs fait savoir que les États-Unis allaient sanctionner " trois entités basées en Russie " particulièrement actives dans " l’acquisition et l’utilisation de drones iraniens ".

Les États-Unis réfléchissent selon lui à " d’autres mesures de contrôle des exportations " censées " restreindre l’accès de l’Iran à des technologies sensibles. "

Un drone iranien détruit par l’armée ukrainienne à Kiev. Il porte une inscription en russe pour camoufler le pays d’origine, car la Russie et l’Iran niaient toute coopération militaire entre les deux pays. (AFP)

Les accusations américaines et britanniques surviennent à quelques heures d’un nouveau Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Ukraine, centré sur la question des approvisionnements en armes des deux parties.

Lors d’une précédente réunion mardi, l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia a affirmé avoir des " preuves " que des armes fournies par l’Occident à l’Ukraine se retrouvaient sur d’autres terrains, notamment aux mains de " terroristes ", en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique.

Avec AFP