Lors d’une conférence organisée par l’ONU le 9 janvier, la communauté internationale a promis 9 milliards de dollars pour aider le Pakistan à se reconstruire après les inondations qui l’ont frappé l’an dernier. Une avancée prometteuse selon les officiels pakistanais, qui espèrent toutefois recevoir, au total, 16,3 milliards.

Le Pakistan a obtenu lundi plus de 9 milliards de dollars de promesses d’aides internationales pour se reconstruire après les inondations dévastatrices de l’an dernier, qui pourraient bien préfigurer le sort qui attend un grand nombre de pays face au changement climatique.

Ces promesses ont été faites par la communauté internationale lors d’une conférence coorganisée par les Nations unies, pour mobiliser la moitié des 16,3 milliards de dollars (15,3 milliards d’euros) jugés nécessaires pour reconstruire le pays afin, en particulier, qu’il résiste mieux aux conséquences du changement climatique.

" Aujourd’hui a vraiment été une journée qui nous donne beaucoup d’espoir. Le message du monde est clair : le monde se tiendra aux côtés de ceux qui sont frappés par des catastrophes naturelles et ne les laissera pas seuls ", a déclaré la secrétaire d’État pakistanaise aux Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar, après avoir annoncé le montant final.

Un homme montre une salle de classe touchée par les inondations dans la ville de Munder, province du Sindh, le 28 octobre 2022. L’été dernier, les inondations qui ont plongé un tiers du Pakistan sous l’eau et déplacé huit millions de personnes, ont également endommagé 27 000 écoles. (Asif HASSAN / AFP)

Les inondations dévastatrices de l’été dernier – ayant fait plus de 1.700 morts et touchées plus de 33 millions d’autres – et la crise énergétique mondiale ont accentué la pression sur l’économie pakistanaise, plongeant le pays dans une situation financière extrêmement difficile.

A l’ouverture de la conférence, le chef de l’ONU Antonio Guterres avait réclamé " des investissements massifs " et une réforme du système financier international pour aider le Pakistan, un sujet qu’il avait déjà évoqué lors de la COP27 sur le climat en Égypte.

A Genève, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a affirmé que son pays était engagé dans une " course contre-la-montre " pour faire face à des besoins immenses. " Nous sommes à un tournant de l’histoire ", a-t-il averti.

Devant les journalistes, il a enjoint le Fonds monétaire international (FMI) à réduire la pression. " J’essaie constamment de les persuader de nous accorder une pause ", a-t-il dit.

Présente lundi, la Banque mondiale a elle invité à " maintenir les dépenses dans des limites supportables ". " Une reprise véritablement résiliente ne sera pas possible sans réformes budgétaires et structurelles supplémentaires ", a prévenu Martin Raiser, vice-président de la région Asie du Sud à la Banque mondiale.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’exprime aux côtés du Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif lors de la conférence du Pakistan sur la résilience au changement climatique à Genève le 9 janvier 2023. (Fabrice COFFRINI / AFP)

Le Pakistan, le cinquième pays le plus peuplé au monde avec 216 millions d’habitants, est responsable de moins d’un pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Mais il est l’un des plus vulnérables face aux événements météorologiques extrêmes qui se multiplient.

Le pays fait d’ailleurs partie de ceux qui ont soutenu à la COP27 la création du fonds " pertes et dommages " visant à soutenir les pays du sud face aux conséquences du réchauffement climatique.

" En cas de doute sur les pertes et les dommages, allez au Pakistan ", a glissé M. Guterres lundi, assurant que le pays est " doublement victime du chaos climatique et d’un système financier mondial en faillite morale ".

Le président français Emmanuel Macron a pris la parole (à distance) lors de la conférence du Pakistan sur la résilience au changement climatique à Genève le 9 janvier 2023. (Fabrice COFFRINI / AFP)

Il a déploré que le système financier international ne vienne pas suffisamment en aide aux pays à revenu intermédiaire qui ont besoin d' "investir dans la résilience face aux catastrophes naturelles ", en allégeant la dette ou en leur offrant de nouveaux financements, et a réclamé des financements internationaux " créatifs " pour aider ces pays " lorsqu’ils en ont le plus besoin ".

Sur les 16,3 milliards de dollars nécessaires pour financer le " Plan de redressement, de réhabilitation et de reconstruction résilients " du Pakistan, le gouvernement estime pouvoir en financer la moitié par le biais de son propre budget et de partenariats public-privé, mais a besoin de la communauté internationale pour payer le reste.

Islamabad et l’ONU ont expliqué que la conférence de lundi, à laquelle participent des représentants d’une quarantaine de pays, de la Banque mondiale et de banques de développement, se veut beaucoup plus large qu’une traditionnelle conférence de donateurs, car elle cherche à mettre en place un partenariat international à long terme axé sur la reconstruction, mais visant aussi à améliorer la résilience climatique du Pakistan.

Avec AFP