Le 15 mars 2011, des manifestations inédites, et inimaginables auparavant, se déclenchent dans différentes villes et régions de Syrie. Les Syriens, dans le sillage du " Printemps arabe ", ont enfin choisi d’affronter le pouvoir des Assad, en place depuis 1971 et transmis de père en fils.

La Syrie a été secouée dès le 15 mars 2011 par des manifestations de masse remettant en question l’ordre établi. Le régime Assad, qui a déjà affronté les islamistes par le passé et qui n’en est pas à sa première secousse, s’accroche. En 1982 déjà, Hafez al-Assad et son frère Rifaat avaient organisé le massacre de Hama et de la prison de Palmyre où des milliers de civils et de prisonniers politiques ont été tués.

En 2011, Bachar al-Assad a choisi de récidiver et d’écraser, par le sang s’il le faut, la nouvelle révolte populaire. La répression brutale de ce soulèvement va déclencher une guerre civile meurtrière et entraîné l’isolement du président syrien sur le plan diplomatique jusqu’à nos jours.

Le conflit est entré mercredi dans sa 13e année avec plus de 500.000 morts, plusieurs millions de déplacés et une profonde crise économique et humanitaire. Sans parler du séisme meurtrier du 6 février qui a également frappé la Turquie voisine.

Peu de guerres ont morcelé un pays autant que le conflit syrien. Avec l’intervention de plusieurs acteurs au fil des années, puissances étrangères qui ont mobilisé leurs propres troupes ou qui ont agi par l’intermédiaire de milices par " procuration " (proxy), organisations nationalistes appartenant aux différentes ethnies ou religions, groupes terroristes etc. la situation est devenue extrêmement complexe. Ce n’est que grâce à l’aide de la Russie de Vladimir Poutine que Assad va pouvoir rétablir son pouvoir sur presque 70% du territoire syrien.

L’armée russe va venir à bout des forces adverses après des bombardements aériens intensifs. Une tactique de la terre brûlée dont le bilan en morts, blessés, déplacés et disparus dépasse tout entendement.

Actuellement, plusieurs régions échappent toujours au contrôle de Damas. Les régions les plus peuplées se trouvent au nord, à la frontière turque, où Ankara finance et arme des factions diverses contre le régime syrien.

Plus à l’est, ce sont les groupes armés kurdes, pour la plupart alliés aux Américains, qui gèrent ce qu’ils appellent la " Rojava ", littéralement " l’Ouest " en langue kurde, officiellement la " Fédération démocratique du Nord de la Syrie ". L’Ouest, car le Kurdistan syrien est prolongé à l’est par le Kurdistan irakien, une autre région officiellement autonome dans le cadre de la République d’Irak.

Les régions échappant au contrôle de Damas dans le nord de la Syrie comptent présentement plus de quatre millions d’habitants, dont au moins la moitié sont des déplacés. Parmi ces régions, Idleb est la dernière enclave résistant au régime malgré des années d’offensives meurtrières soutenues par la Russie.

 

Où sont les Américains et leurs alliés?

Présents en Syrie depuis plusieurs années, les Américains ont créé en 2016 une base à Al-Tanf dans le sud du pays, à l’intersection des frontières de la Syrie, de la Jordanie et de l’Irak.

Ils sont également présents dans les provinces de Hassaké et de Raqqa, pour soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes de la " Rojava ". Ils combattent des milices pro-iraniennes basées dans la région de Deir Ezzor.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, tiennent une part de la rive orientale de l’Euphrate.

Le drapeau des Forces démocratiques syriennes (FDS), formées en majorité de Kurdes, mais également d’Arabes et des membres de la minorité assyrienne du nord-est de la Syrie.

Elles ont gagné ces territoires en combattant avec le soutien de la coalition emmenée par Washington le groupe jihadiste Daech (État islamique-EI). En effet, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre l’EI chassé de ses fiefs en Syrie en 2019, après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires dans ce pays et dans l’Irak voisin.

Daech a été officiellement déclaré " défait " en 2019 à Baghouz, à la frontière syro-irakienne.

Des dizaines de milliers de personnes, dont des proches de djihadistes, ont été détenues durant les années suivantes dans des camps gérés par les forces kurdes. Malgré les appels répétés de l’administration kurde, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens de ces camps, se contentant de rapatriements au compte-gouttes par crainte d’éventuels actes terroristes sur leur sol.

Des enfants des familles de jihadistes vivent dans la misère la plus totale dans le camp d’Al-Hol.

Parmi ces camps, ceux tristement célèbres de Roj et d’al-Hol, dans le nord-est, qui regroupent les familles d’anciens jihadistes de Daech. Quelque 10 000 enfants étrangers vivent le risque quotidien d’être endoctrinés par les autres prisonniers.

La coalition internationale, elle, a des bases sur le champ pétrolier d’Al-Omar, le plus grand de Syrie, ainsi que sur le champ gazier de Conoco.

Qui sont les pro-Iran?

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, des factions pro-Iran ont été envoyées combattre aux côtés du régime de Bachar al-Assad.

Aujourd’hui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), elles comptent près de 15 000 combattants irakiens, afghans et pakistanais dans un secteur allant de la ville frontalière, avec l’Irak, de Boukamal jusqu’au chef-lieu éponyme de Deir Ezzor.

En tenant la zone frontalière, elles s’assurent des passages permettant d’acheminer hommes, armes et biens entre l’Irak et la Syrie.

Deir Ezzor, où se trouvent les plus grands champs pétroliers de Syrie, est régulièrement visée par des raids américains ou israéliens, grands rivaux de Téhéran. Ces frappes, pas toujours revendiquées, visent des entrepôts et des sites militaires ainsi que des camions transportant armes et munitions appartenant aux pro-Iran.

Certaines ont été reconnues par les forces américaines et d’autres attribuées à Israël qui martèle régulièrement son intention d’empêcher l’Iran d’étendre son influence. Téhéran a toujours démenti tout lien avec ces groupes.

L’étendard du Corps des Gardiens de la Révolution islamique en Iran, " Sepah Pasdaran Ingelab Islami ", ou Pasdaran.

L’Iran assure n’avoir aucune troupe en Syrie, mais indique que des " conseillers " militaires issus du Corps des Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, opèrent aux côtés du régime.

Plusieurs factions irakiennes combattent également en Syrie, notamment les brigades du Hezbollah, plusieurs fois visées par des raids imputés à Washington ou à Israël.

Le Hezbollah libanais est aussi déployé dans cette région, mais ces trois dernières années, ses effectifs ont été réduits après une forte baisse des combats, même si leur chef Hassan Nasrallah avait fini par reconnaître la participation de ses combattants, après l’avoir dénié.

L’ancien chef des Forces al-Qods tué par les Américains dans une frappe à Bagdad, Qassem Soleimani, lors d’une visite chez les combattants afghans Hazaras (chiites) de la Brigade Al-Fatimiyoun, en Syrie.

Les brigades Al-Fatimiyoun et Al-Zeinabiyoun regroupent les combattants afghans (Hazaras) et pakistanais chiites. Fondées par les Gardiens de la Révolution iranienne, elles sont visées depuis 2019 par des sanctions américaines. Elles tiennent leurs noms des figures de l’islam chiite, Fatima et Zeinab al-Kubra, fille et petite fille du Prophète par son gendre Ali. Ce qui indique leur affiliation chiite, et donc leur alliance avec la dynastie Assad, alaouite, une branche hétérodoxe du chiisme.

Al-Fatimiyoun (dont le nom renvoie également à un État mamelouk établi en Égypte au Xᵉ et XIᵉ siècles) est l’une des principales milices pro-Iran implantées en Syrie, selon l’OSDH. En outre, des milliers de Syriens ont rallié des milices locales alliées à Téhéran.

Des centaines de milliers de réfugiés syriens ont trouvé refuge dans le camp de Zaatari situé au nord de la Jordanie.