Après un peu plus d’une décennie de rupture diplomatique, les médias d’État saoudiens ont annoncé jeudi que le royaume tient avec la Syrie des discussions visant la reprise des services consulaires avec le régime de Bachar al-Assad. Cette volte face, portée par l’élan de sympathie déclenché après le séisme du 6 février, intervient également deux semaines après le rétablissement des liens saoudo-iraniens.

M. Assad était isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre. Depuis le séisme en Syrie le 6 février, des pays arabes ont intensifié leurs contacts et envoyé de l’aide à Damas.

Cette annonce survient environ deux semaines après celle du rétablissement des liens entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient: l’Iran, grand allié de Damas, et l’Arabie saoudite, qui avaient rompu leurs liens diplomatiques en 2016.

Le royaume saoudien avait rompu ses relations en 2012 avec la Syrie où il a soutenu des rebelles au début de la guerre.

Mais depuis le séisme du 6 février, Ryad a envoyé de l’aide en Syrie aux populations sinistrées, à la fois dans les zones sous contrôle gouvernemental et dans les zones rebelles.

Ryad avait évité jusqu’à présent tout contact direct avec le gouvernement de Bachar al-Assad, préférant se coordonner avec le Croissant-Rouge syrien pour la distribution de l’aide destinée aux zones sous contrôle de Damas.

En février, un avion saoudien chargé d’aide humanitaire s’est posé à Alep, deuxième ville du pays, durement touchée par le tremblement de terre qui a également frappé la Turquie voisine. Il s’agissait du premier avion saoudien à atterrir en Syrie depuis le début de la guerre.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, avait estimé en février nécessaire une nouvelle approche vis-à-vis de la Syrie impliquant des négociations avec Damas pour faire face aux crises humanitaires.

Le président des Emirats arabes unis a déclaré, en recevant le 19 mars à Abou Dhabi son homologue syrien, qu’il était temps que Damas rentre dans le giron arabe.

Fin 2018, les Emirats avaient rouvert leur ambassade à Damas. Et en mars 2022, Bachar al-Assad avait effectué à Abou Dhabi sa première visite dans un pays arabe.

M. Assad, dont le pays a été exclu de la Ligue arabe fin 2011, s’était aussi rendu le 20 février au sultanat d’Oman, une première en douze ans de guerre en Syrie.

Oman est l’un des rares pays arabes, et le seul dans le Golfe à avoir toujours maintenu des relations diplomatiques officielles avec Damas depuis le début de la guerre.

Roger Barake, avec AFP