Les présidents américain et russe ont affirmé, à quelques heures d’un entretien jeudi, leur volonté de dialoguer pour résoudre les profondes tensions russo-occidentales, sur fond de crainte d’une invasion russe de l’Ukraine.

Joe Biden compte proposer, selon la Maison Blanche, une " voie diplomatique " pour sortir de la crise lors de leur appel téléphonique prévu vers 20h30 GMT, le deuxième en moins d’un mois.

Vladimir Poutine s’est de son côté dit " convaincu ", dans ses voeux de Nouvel an au président américain, qu’un dialogue " efficace " et " fondé sur le respect mutuel " était possible, rappelant le sommet en juin à Genève ayant réuni les deux hommes.

Lors de leur entretien, Joe Biden devrait toutefois souligner que les Etats-Unis demeurent " profondément inquiets " de la présence de dizaines de milliers de militaires russes à la frontière avec l’Ukraine et qu’ils seront " préparés à répondre " en cas d’offensive militaire, selon un responsable de la Maison Blanche.

Washington " aimerait voir les troupes retourner à leurs zones d’entraînement habituelles ", a précisé cette source.

Moscou, à l’approche de pourparlers russo-américains le 10 janvier à Genève, n’a de cesse de répéter que la priorité des priorités est la négociation de deux traités redéfinissant l’équilibre et l’architecture sécuritaires de l’Europe.

Pour le Kremlin, la sécurité de la Russie passe par l’interdiction de tout élargissement de l’Otan et la fin des activités militaires occidentales à proximité des frontières russes, zone que Moscou considère comme relevant de son aire d’influence.

Coûts exorbitants

Selon les Russes, ces exigences sont seules à même de contenir l’aggravation des tensions, la Russie considérant tout particulièrement le soutien des Etats-Unis, de l’Otan et de l’UE à l’Ukraine comme une menace directe à sa sécurité et ses intérêts.

Joe Biden de son côté continue de consulter " ses alliés et partenaires ", a précisé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Emily Horne. Le secrétaire d’Etat Antony Blinken s’est entretenu mercredi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’une part, et ses homologues français, allemand et britannique d’autre part.

Le président ukrainien a dit avoir reçu l’assurance d’un " plein soutien américain " pour " contrer une attaque russe ".

Pas de concession

Lors d’un précédent entretien téléphonique début décembre entre Joe Biden et Vladimir Poutine, le président américain avait menacé son homologue de sanctions " comme il n’en a jamais vu " en cas d’attaque contre l’Ukraine.

Les Occidentaux ont jusqu’ici exclu une réponse militaire à une éventuelle invasion russe. Et le Kremlin a balayé les menaces de sanctions.

La Russie et son élite font déjà l’objet de multiples représailles économiques à cause du dossier ukrainien et de la répression dans le pays, mais aucune de ces mesures n’ont fait changer le Kremlin de ligne, bien au contraire.

Moscou dément en outre menacer l’Ukraine, dont elle a pourtant déjà annexé une partie du territoire, la Crimée, en 2014, et affirme devoir se protéger face à l’hostilité des Occidentaux qui soutiennent Kiev, notamment dans son conflit avec des séparatistes pro-russes.

Ces derniers, malgré les dénégations russes, sont largement considérés comme étant sous les ordres du Kremlin.

Signe que les pourparlers du 10 janvier à Genève sur l’Ukraine mais aussi la stabilité stratégique seront âpres, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a exclu toute " concession ".

Les Etats-Unis avaient auparavant prévenu que certaines requêtes russes étaient " inacceptables ".

Ces discussions, menées par la vice-secrétaire d’Etat américaine Wendy Sherman et son homologue russe Sergueï Riabkov, seront suivies le 12 janvier d’une rencontre Russie-Otan, puis le 13 janvier d’une réunion dans le cadre de l’OSCE.

" Pour ce qui sera de la suite, nous allons voir en fonction de la disposition des Etats-Unis et de l’Otan à avoir une discussion concrète sur nos préoccupations ", a souligné jeudi Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.

Par Sebastian SMITH avec Antoine LAMBROSCHINI à Moscou (AFP)