Les condamnations internationales se multiplient mercredi après des violences nocturnes ayant éclaté dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, où la police israélienne est intervenue pour déloger des fidèles palestiniens, en pleine saison de fêtes religieuses.

Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit " choqué et consterné " par les " violences et coups " des forces de sécurité israéliennes. La Maison-Blanche s’est, elle, dite " extrêmement préoccupée ", appelant " toutes les parties à éviter une escalade supplémentaire ".

La Jordanie, qui administre les lieux saints musulmans de Jérusalem, s’est alarmée d' "attaques continues pouvant mener à une escalade ". La Ligue arabe, qui a organisé une réunion extraordinaire, a dit tenir Israël, " puissance occupante ", pour responsable de la situation et mis en garde contre des " provocations " heurtant " les sentiments des croyants ". Le Maroc, qui a normalisé ses relations avec Israël, a dénoncé " l’agression et la terreur des fidèles en plein mois sacré du ramadan ".

" Les dirigeants de chaque côté doivent agir de façon responsable et s’abstenir de toute mesure qui pourrait exacerber les tensions ", a affirmé dans un communiqué le médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, se disant " consterné " par les violences.

De son côté, Berlin a exhorté toutes les parties concernées à " ne pas jeter davantage d’huile sur le feu " et à " tout faire pour ramener le calme ". Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a estimé qu’Israël avait franchi la " ligne rouge ".

Parés d’équipement antiémeute, des policiers israéliens sont entrés dans la nuit dans la mosquée, l’un des lieux de culte musulmans les plus emblématiques au monde, et ont arrêté plus de 350 personnes qui s’y étaient barricadées, qualifiées d' "émeutiers ".

Les heurts qui ont éclaté à l’intérieur sont survenus alors que les musulmans ont atteint le milieu du mois de ramadan et que les juifs célèbrent la Pâque depuis mercredi soir, dans un climat particulièrement tendu entre Israéliens et Palestiniens depuis le début de l’année. Le conflit israélo-palestinien connaît, en effet, une nouvelle flambée de violence depuis l’investiture, fin décembre, d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël. Près de 110 personnes sont mortes depuis le début de l’année.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les forces israéliennes munies de " bâtons, d’armes, de grenades de gaz lacrymogène et de fumigènes " ont fait irruption dans la mosquée, " brisant des portes et des fenêtres ", alors que des fidèles y étaient rassemblés pour prier la nuit, a affirmé à l’AFP Abdelkarim Ikraiem, un Palestinien de 74 ans.

Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre des policiers qui matraquent avec une violence inouïe des personnes à terre à l’intérieur de l’édifice (voir vidéo). Le Croissant rouge palestinien a indiqué mercredi avoir traité au moins 37 blessés.

La police israélienne a publié une vidéo montrant des explosions de ce qui semble être des feux d’artifice à l’intérieur du lieu de culte, et sur laquelle on devine des silhouettes lançant des pierres.

Le Hamas au pouvoir à Gaza a dénoncé un " crime sans précédent " des forces israéliennes, tandis que le Jihad islamique, autre groupe armé présent dans le territoire sous blocus israélien, a affirmé que les roquettes tirées dans la nuit était " un premier message d’avertissement ".

Selon un scénario rodé, l’armée israélienne a riposté aux roquettes en frappant ce qu’elle a présenté comme des infrastructures du Hamas à Gaza.

Roger Barake, avec AFP