Bachar el Assad sera encore le président de la Syrie, du moins dans l’avenir proche. C’est ce qu’indique la réalité arabe et régionale, depuis le début du soulèvement en Syrie; plus précisément, depuis le mandat de Barack Obama, qui aurait abandonné les causes régionales, y compris la cause du peuple syrien et son combat contre le régime Assad, en échange d’un accord sur le nucléaire avec l’Iran.

Certes, les modalités du retour des réfugiés ne sont pas encore bien définies à ce jour. Il n’en reste pas moins que les ministres des États du Golfe, de la Jordanie, de l’Égypte et de l’Iraq, réunis à Jeddah, auraient déclaré la fin du boycott, précisant que "la solution politique est la seule issue de la Syrie" et insistant sur "l’importance d’avoir un rôle clé arabe dans les efforts visant à régler la crise. Il est donc nécessaire de mettre sur pied un tel processus et d’intensifier les pourparlers entre pays arabes en ce sens". "Il faudrait également lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et contre le trafic de drogue. Il est par ailleurs important que les institutions se relèvent afin de préserver la souveraineté de la Syrie sur son territoire, de se débarrasser des milices armées et de faire cesser les ingérences étrangères dans ses affaires internes".

Certes, n’importe quel évènement dramatique, comme la guerre qui sévit actuellement au Soudan, peut favoriser le retour d’Assad de façon naturelle, dans la mesure où il pourra s’inscrire dans les priorités du moment.

Ces informations indiquent clairement qu’Assad ne va pas se contenter d’être convié ou pas au Sommet arabe prévu à Riyad le 19 du mois prochain. Toutes les avancées réalisées à ce jour servent ses objectifs et sont les prémices de la fin du boycott arabe de son régime. Preuve en est le fait que les rencontres, discussions et déclarations se limitent aux généralités et n’abordent aucunement les aspects les plus cruciaux de ce régime.

L’important est que la décision du retour de la Syrie dans le giron arabe est désormais prise, et qu’elle est en ordre de marche.

Dans ce contexte, quid du Liban et de ses frontières avec la Syrie et Israël sur fond de crises incessantes?

De plus, que penser de la position de l’axe obstructionniste (la Moumanaa) qui invite les forces politiques récalcitrantes à monter à bord du train avant son départ, afin de maintenir l’équation qui consacre le Liban comme un outil utilisé par tout un chacun pour servir ses propres intérêts?

Tout cela, comme si de rien n’était !

Comme si la souveraineté du Liban n’avait pas été confisquée… Comme si nul n’avait été corrompu… Comme si les attentats n’avaient pas eu lieu… Comme si le narcotrafic n’avait pas battu des records… Comme si les frontières n’avaient pas été une passoire pour la contrebande, entraînant de ce fait la destruction de l’économie… Comme si le peuple syrien n’avait pas été exterminé et poussé à l’exode… Comme s’il n’existait pas, au Liban, des "bombes à retardement" engendrées par le flux chaotique des réfugiés syriens, doublé du refus opposé par Bachar el-Assad à leur retour afin d’opérer le changement démographique qui avantagerait l’Iran… Comme si la communauté internationale et les Arabes n’avaient pas fermé les yeux sur les conséquences catastrophiques d’un tel afflux de réfugiés au Liban, qui devient alarmant et accentue les sentiments d’injustice et de haine du côté libanais. En effet, les Libanais estiment que la présence syrienne au Liban est l’une des causes essentielles de la situation actuelle en l’absence d’un État pour gérer tout cela. Quant aux réfugiés, ils se considèrent comme des victimes; ils sont opprimés et estiment avoir le droit de travailler au Liban et d’y vivre, même si cela doit se faire aux dépens des intérêts des citoyens libanais.

À supposer que la fin du boycott arabe contre la Syrie garantisse effectivement, et non uniquement sur papier, le retour des Syriens se trouvant au Liban dans leur pays, les Arabes auraient alors rendu un grand service au Liban.

À moins que les intérêts internationaux ne s’arrêtent pas au Liban qui se trouve au bas de l’échelle des priorités.

Ou bien, devons-nous admettre que le Liban sera sacrifié sur l’autel des nations réconciliées et ne prendra pas part aux festivités.

Quoi qu’il en soit, en espérant être inclus dans les solutions globales et dans l’attente de voir des résultats concrets, il faudra faire preuve de beaucoup de patience.