La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a suscité l’agacement de son homologue azerbaïdjanais en déplorant l’installation " unilatérale " d’un poste de contrôle sur un axe disputé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les tensions persistent dans la région du Nagorny Karabakh, malgré les efforts des puissances occidentales et de la Russie pour trouver un traité de paix.

Des divergences de vue qui ne sont pas incompatibles avec les efforts pour parvenir à la paix: la cheffe de la diplomatie française, en visite jeudi à Bakou, s’est efforcée de convaincre son homologue d’Azerbaïdjan que l’heure devait être aux compromis pour pacifier les relations avec l’Arménie.

Ces deux pays du Caucase se sont affrontés lors de deux guerres pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une région montagneuse majoritairement peuplée d’Arméniens qui a fait sécession de l’Azerbaïdjan il y a trois décennies.

Les tensions, déjà vives, ont redoublé lorsque Bakou a annoncé dimanche avoir installé un premier point de contrôle routier à l’entrée du corridor de Latchine, seul axe reliant l’Arménie à l’enclave séparatiste déjà soumise à un blocus de plusieurs mois qui a provoqué des pénuries et coupures de courant.

La visite de Catherine Colonna dans la région — elle est arrivée jeudi en fin de journée à Erevan — se déroule au moment où les pays occidentaux cherchent à s’imposer comme médiateurs dans cette région traditionnellement dominée par Moscou.

Lors d’une conférence de presse avec son homologue azerbaïdjanais, elle a martelé qu’il était " possible d’en finir " avec le conflit. Mais " s’engager avec détermination sur la voie de la paix, cela impose de renoncer à l’usage de la force ou à la menace de l’usage de la force ", a-t-elle ajouté.

" Nous déplorons que l’Azerbaïdjan ait installé de manière unilatérale un contrôle à l’entrée du corridor de Latchine ", a-t-elle également dit, exhortant à créer au contraire " des conditions propices à la confiance et aux négociations ".

Son homologue Djeyhoun Baïramov a immédiatement réagi, reprochant à Paris de n’avoir " jamais appelé " Erevan à apaiser les tensions.

Il a également à la fois réfuté les accusations selon lesquelles le couloir de Latchine était bloqué et assuré que cet axe était utilisé non pas à des fins humanitaires mais pour transporter armements et équipements militaires.

Sami Erchoff avec AFP