Les bureaux de vote turcs ont connu une forte affluence jusqu’à leur fermeture ce dimanche 14 mai. Les résultats, qui doivent être connus dans la soirée, pourraient annoncer la chute de Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis deux décennies.

Les bureaux de vote en Turquie ont fermé leurs portes en fin d’après-midi dimanche après avoir vu défiler une foule considérable d’électeurs, venus choisir entre le président sortant Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, et son rival social-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu.

Jusqu’à la dernière minute – 17h00 (14h00 GMT) – les urnes ont continué de se remplir de grosses enveloppes vert moutarde déposées depuis 08h00 par des électeurs qui ont parfois attendu plusieurs heures devant les écoles transformées en bureaux de vote.

En jeu: le choix du treizième président de la République turque, qui fête son premier siècle, et l’avenir du chef de l’Etat qui espère se maintenir au pouvoir face à son adversaire.

Le vainqueur doit obtenir une majorité de 50% des voix plus une, sous peine d’un deuxième tour le 28 mai – date anniversaire symbolique du plus grand mouvement de contestations populaire qui a secoué le pouvoir en 2003.

Les 64 millions d’électeurs devaient aussi choisir les 600 députés qui siègeront au Parlement monocaméral à Ankara.

En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’État l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix. Un ballotage constituerait déjà pour lui un revers.

M. Erdogan a promis de respecter le verdict des urnes, surveillées par des centaines de milliers de scrutateurs des deux camps et dont il a toujours tiré sa légitimité.

La commission électorale (YSK), gardée sous haute surveillance de la police qui bloque toute circulation des voitures et des piétons, n’a pas signalé à ce stade d’incident.

Apparu les traits fatigués, M. Erdogan n’a pas fait le moindre pronostic sur les résultats, prévus dans la soirée, et qu’il attendra depuis Ankara, tout comme Kemal Kiliçdaroglu.

M. Erdogan se présente cette fois devant un pays usé par une crise économique, avec une monnaie dévaluée de moitié en deux ans et une inflation qui a dépassé les 85% à l’automne.

Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu a joué la carte de l’apaisement, promettant le rétablissement de l’État de droit et le respect des institutions, malmenées au cours des dix dernières années par la dérive autocratique de M. Erdogan.

Une forme de " printemps turc " qui sera scruté de près à l’étranger. Car la Turquie, membre de l’Otan, jouit d’une position unique entre Europe et Moyen-Orient, et elle est un acteur diplomatique majeur.

Malo Pinatel, avec AFP