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À la lumière des développements en cours sur la scène internationale, on répète souvent que nous sommes en train de passer d’un monde unipolaire à un monde multipolaire. La Russie a ouvert la voie à cette équation, suivie par la Chine ainsi que certains pays qui aspirent à rejoindre l’axe que ces deux puissances représentent. La guerre en Ukraine a permis d’élargir la rhétorique de cette équation, mais sans faits concrets.

Dans ce contexte, quel est le rôle des Nations Unies ? La pratique du veto peut-elle continuer d’être une option au Conseil de sécurité ? Quels sont les critères de classification des pays membres de l’Assemblée générale des Nations Unies et comment ces pays deviennent-ils périodiquement membres du Conseil de sécurité? Dans quelle mesure le Conseil de sécurité peut-il continuer à se montrer inefficace dans le règlement des conflits, en particulier ceux de nature régionale et internationale?

Tout cela soulève des questions complexes qui ne reflètent pas la réalité selon laquelle nous étions dans un monde unipolaire et nous nous dirigeons maintenant vers un monde multipolaire. Depuis sa création en 1945, les Nations Unies se sont engagées à réaliser l’équilibre au niveau de la sécurité et de la paix internationales. Après 77 ans, il est évident qu’elles n’ont pas réussi à atteindre cet équilibre. Une réflexion approfondie sur les causes de cet échec est nécessaire, mais la cause principale réside dans le fait que les Nations Unies se sont départies de leur rôle politique et se sont concentrées essentiellement sur un rôle humanitaire. C’est là que se situe la grande impasse, car la tendance qui consiste à traiter les symptômes des crises ne signifie pas nécessairement qu’on a réussi à aboutir à un règlement en profondeur, ce qui ne peut que prolonger les crises dans la durée et épuiser toutes les ressources pour s’attaquer uniquement à certains symptômes.

Dans ce cadre, il est possible d’évoquer deux modèles de conflits qui ont un caractère fatal pour la sécurité et la paix internationales. Le premier concerne la question palestinienne et le second porte sur la crise ukrainienne. La question palestinienne n’a trouvé aucune solution malgré toutes les résolutions internationales émises par le Conseil de sécurité depuis 1948. Et la question ukrainienne a paralysé le Conseil de sécurité.

La question demeure de savoir si certains États membres oseront proposer une restructuration des Nations Unies dans leur vision, leur mission et leur mécanisme de travail, afin qu’elles redeviennent une référence morale et un organe politique efficace pour préserver la dignité humaine, défendre la justice et construire la paix. Tel est le dilemme fondamental.

* Directeur exécutif du Civic Influence Hub (CIH)- Expert en Politiques publiques